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5 septembre 2019 4 05 /09 /septembre /2019 20:44
LA GRÈVE DU SOLEIL

 

Version française – LA GRÈVE DU SOLEIL – Marco Valdo M.I. – 2019

Chanson italienne – Lo sciopero del SoleBandabardò – 1998

 

Le départ du soleil

 



Une comptine écologique dans laquelle Bandabardò soulignait il y a plus de vingt ans l’indifférence totale des politiciens (et qui sera maintenant l'homme du miracle à la télévision ?) aux questions environnementales. Le soleil, indigné et fatigué parce que l’air est devenu irrespirable, abandonne tout le monde et s’en va…

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Cette fois-ci, Lucien l’âne mon ami, je t’ai apporté une comptine comme l’appelle le commentateur italien et que je nommerais plus volontiers, une parabole. Tu me diras sans doute que l’une n’empêche pas l’autre et tu aurais parfaitement raison. Disons donc, une comptine-parabole.

 

Oui, dit Lucien l’âne, j’aime beaucoup cette idée d’une comptine-parabole. Mais au fait, que raconte-t-elle ? Quelle est sa morale, quel est son argument ?

 

En gros, reprend Marco Valdo M.I., comme l’indique le titre, le soleil va faire la grève et il va même aller plus loin, il va s’en aller sans doute au bout de l’espace.

 

Faut dire que là-bas, il y a de la place et de quoi faire pour un soleil, répond Lucien l’âne.

 

Certes, mais je continue, dit Marco Valdo M.I. Le soleil en a marre de la Terre des Terriens et plus exactement, de ce qu’est devenue la Terre en raison de la fréquentation des humains et de leurs mauvaises habitudes. En somme, pour te donner une idée de la situation, les Terriens se comportent comme les touristes ou les vacanciers, dont Ricet Barriet disait :

 

« Les vacanciers, c’est comme les sauterelles
Quand ça tombe, c’est pire que la grêle. »

 

Oh, dit Lucien l’âne, vacanciers ou touristes, ce sont souvent les mêmes et ils se comportent de la même façon. Donc, les Terriens sont des touristes sur la Terre qui n’en peut plus.

 

Donc, le soleil trouve les humains idiots, ravageurs et malséants et à mon sens, il n’a pas tort, continue Marco Valdo M.I. Dès lors, le soleil ne peut plus supporter ça et veut s’en aller, puis finalement, comme rien ne change, il s’en va.

 

Oh, dit Lucien l’âne, c’est une terrible catastrophe. Et que va-t-il se passer ensuite ? J’imagine – connaissant l’Histoire des humains – qu’il va surgir un prophète, un sauveur, un messie, un « deus ex machina ».

 

Comme toujours, Lucien l’âne mon ami, tu penses bien et tu mets dans le mille. Le sauveur ne va pas se faire attendre, même s’il va se faire prier pour accorder aux humains la grâce d’un miracle. Évidemment, ce miracle est encore une escroquerie et le soleil nouveau est en carton. Sans vraiment insister, je souhaite que tu réfléchisses au sens que peut avoir cette parabole appliquée par exemple à d’autres domaines : la société ou la politique, car comme souvent dans la chanson, elle parle beaucoup de ce dont elle ne dit rien. Au fait, j’insiste : il ne faudrait pas confondre sauveur et sauveteur – le second a vraiment l’intention de vous sauver.

 

Eh bien, conclut Lucien l’âne, c’est bien une parabole et la morale qu’elle implique me paraît être la suivante : « Méfiez-vous des miracles ! », « Méfiez-vous des sauveurs ! ». Pour le reste, tissons le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, pollué, sauvé et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Un jour, le soleil vint et dit : « Qu’il en soit ainsi !

Si on ne veut pas de moi, je vais m’en aller !

Je ne vous ai demandé ni autels, ni croix, ni crucifix,

Et moins encore, un monde où on ne peut respirer. »

 

 

Et tous ont répondu : « Non, tu dois rester !

Sans toi, tu sais, on ne peut plus bronzer !

Et devenir beaux avec les crèmes solaires,

Tout oublier en été à la mer. »

 

 

Ils lui offrirent de l’argent, mais il n’y avait rien à faire.

Le soleil s’est levé et a cessé d’illuminer la Terre !

 

L’homme du miracle est venu à la télévision

Se montrer et dire dans toutes les maisons :

« Faites-moi confiance, le soleil, je vais le remplacer.

Croyez et priez et je vous donnerai –

Miracle ! – Un soleil en carton. »

« Faites-moi confiance, le soleil, je vais le remplacer.

Croyez et payez et je vous donnerai –

Miracle ! – Un soleil en carton. »

 

LA GRÈVE DU SOLEIL
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4 septembre 2019 3 04 /09 /septembre /2019 10:10

 

À L’ÉCOLE, ON A APPRIS

 

Version française – À L’ÉCOLE, ON A APPRIS – Marco Valdo M.I. – 2019

D’après la version italienne de Riccardo Venturi d’une

Chanson suédoise – I skolan fick vi lära ossKjell Höglund – 1975

Paroles et musique : Kjell Höglund

 

 

 

 

 

Et voici une autre version – suédoise celle-ci – de la chanson que Pete Seeger avait écrite en 1964. D’abord, il faut insister aussi sur sa date de naissance : 1975 ; il lui a fallu un certain temps pour percoler jusque-là. Cependant, elle se distingue par son caractère nordique, dû vraisemblablement à la personnalité de Kjell Höglund. C’est une version bien différente de l’originale parmi bien d’autres de What Did You Learn In School Today ? (M.V.M.I.)

 

 

 

 

À l’école, on a appris

Qu’on doit toujours dire la vérité ;

Mais si aux grands, on dit la vérité,

Ça implique qu’on ment aux petits

Et de ça, ils ne nous en ont jamais parlé.

À l’école, on a appris

Qu’il faut obtenir les meilleurs résultats,

Et qu’il est ridicule d’échouer.

Mais ce que ça signifie quand on n’y arrive pas,

Ils ne nous en ont pas parlé.

 

À l’école, on a appris

Qu’il faut prier Dieu et avoir la foi.

Ils nous ont prêché l’humilité,

Mais pas enseigné la confiance en soi,

Ni qu’on ne peut faire que ce qu’on croit.

De ça non plus, ils ne nous ont pas parlé.

 

À l’école, on a appris

À réciter les psaumes par cœur,

On nous a dit de saluer et de respecter

Et que c’est idiot de librement penser.

Mais que nos pensées et nos idées ont une valeur,

Non, ils ne nous en ont jamais parlé.

 

À l’école, nous avons appris

À la fermer et rester assis

Si on n’obéissait pas au maître, on était puni,

Si on n’obéit pas à la police, on est sanctionné,

Si on n’obéit pas au patron, on se fait virer.

Ils ont dit qu’il fallait apprendre le bon chemin

Et nous entraîner comme des chiens pour une vie de chien.

Mais à ça, ils ne reprochaient rien.

 

À l’école, on a appris

Qu’on n’était que de la merde,

Que si Médor fait le beau, il aura un susucre.

Mais les chiens deviennent des loups quand ils se découvrent trompés.

Et de ça, personne ne nous en a jamais parlé.

 

À L’ÉCOLE, ON A APPRIS
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3 septembre 2019 2 03 /09 /septembre /2019 20:51

 

 

Qu’as–tu appris à l’École ?

 

Chanson française – Qu’as–tu appris à l’École ?Graeme Allwright – 1968

 

 

 

 

Dialogue maïeutique

 

 

 

Tout d’abord, il importe de situer cette chanson dans le temps, car quand même elle a au moins cinquante ans, elle fut – en tout cas – enregistrée en 1968 et je n’en ai pas trouvé trace avant. Cela dit, je ne sais pas, Lucien l’âne mon ami, à quelle école tu es allé, ni si de ton temps déjà, l’école enseignait le respect de l’État. Sans doute, pas.

 

Oh, répond Lucien l’âne, de mon temps ? Lequel d’abord ? C’est une étrange expression que ce « de mon temps ». Et puis, du temps où j’étais enfant, il n’y avait pas d’école ; du moins d’école comme on la conçoit ces derniers temps ; disons depuis environ trois siècles dans ce coin-ci du monde.

 

Oui, Lucien l’âne mon ami, et l’école à laquelle se réfère la chanson est encore plus récente, car c’est l’école publique, c’est celle de l’enseignement primaire obligatoire et généralisé et dans le cas de la chanson, qui est française, c’est l’école de la République où l’instituteur a remplacé le curé de l’ancienne école de la paroisse. On trouve ces écoles dans la plupart des communes. Idéalement, dans toutes.

 

Oui, mais, dis-moi, Marco Valdo M.I., a chanson, que dit-elle ?

 

Eh bien, reprend Marco Valdo M.I., c’est l’histoire d’un jeune garçon qui rentre de l’école et que son papa interroge sur ce qu’il a appris à l’école ce jour-là. Cette mise en scène permet d’aborder différents thèmes de société et de critiquer la façon dont ils sont traités « à l’école », dans cette école qui, à force de vouloir faire une société rassemblée autour de la nation, s’est muée en école du conformisme. Son modèle est l’armée et le « je ne veux voir qu’une seule tête ». Avant d’aller plus loin, je voudrais quand insister sur le fait que c’est grâce à cette école pour tous qu’une bonne partie des gens savent lire, écrire, compter et connaissent un peu d’histoire et le monde qui les environne et celui plus lointain ; c’est grâce aussi à cette école que ceux qui le veulent ont accès au savoir et que globalement, la société peut se développer. Il ne faudrait pas l’oublier, ni renier cette bonne vieille école avec ses qualités et ses défauts.

 

Oui, certes, dit Lucien l’âne, mais l’école sur le modèle de l’allégeance à la société, au pouvoir, ou en d’autres lieux ou en d’autres temps, à l’Église, à la croyance, à Dieu ou à n’importe quoi, est assez insupportable.

 

Je le pense aussi, Lucien l’âne mon ami, mais pour en revenir à la chanson, il faut préciser que le garçon se contente de rapporter à son père ce qu’il a appris à l’école et il ne dit jamais ouvertement ce qu’il en pense. Même s’il court dans la chanson une explosive ironie implicite, c’est à l’auditeur de l’exprimer, en quelque sorte, car à lire le texte, on n’y trouve aucune attaque frontale contre les valeurs rpomues par l’école.

 

Cependant, dit Lucien l’âne, il me semble que c’est quand même le rôle de l’école de former les citoyens, de leur enseigner ce qu’il convient pour qu’ils puissent se prendre en charge, de les inciter à agir selon leur conscience et d’avoir les capacités pour vivre en paix et en société, ce qui implique évidemment la tolérance, l’acceptation de l’autre dans sa diversité (sauf s’il est agressif, totalitaire, nationaliste, raciste, fasciste, etc) et la solidarité.

 

Oui, Lucien l’âne mon ami, ce serait bien là son rôle, mais l’école de la chanson a d’autres vues ; comme on le verra, elle aime l’obéissance, le respect de l’autorité et la soumission.

 

Voilà bien le problème, dit Lucien l’âne, et pourtant, depuis le temps que des enfants, des parents et des enseignants veulent changer l’école, on aurait dû y arriver. Sauf que, comme toujours dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour les dominer et les asservir, l’école est aussi un lieu d’affrontement et des forces considérables pèsent sur elle afin de préserver certains intérêts et de maintenir autant que possible (a minima) le statu-quo. Pour ce qui nous concerne, pourtant, tissons le linceul de ce vieux monde pusillanime, dominé, écrasé, conservateur et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

 

J’ai appris qu’il ne faut mentir jamais,

Qu’il y a des bons et des mauvais,

Que je suis libre comme tout le monde,

Même si le maître parfois me gronde.

C’est ça qu’on m’a dit à l’école,

Papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école.

 

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

 

Que les gendarmes sont mes amis

Et tous les juges très gentils,

Que les criminels sont punis pourtant,

Même si on se trompe de temps en temps.

C’est ça qu’on m’a dit à l’école.

Papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école.

 

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

 

Que le gouvernement doit être fort,

A toujours raison et jamais tort.

Nos chefs sont tous très forts en thème

Et on élit toujours les mêmes.

C’est ça qu’on m’a dit à l’école.

Papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école.

 

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

Qu’as–tu appris à l’école, mon fils,

À l’école, aujourd’hui ?

 

J’ai appris que la guerre, c’est pas si mal,

Qu’il y en a des grandes et des spéciales,

Qu’on se bat souvent pour son pays

Et peut-être, j’aurai ma chance aussi.

C’est ça qu’on m’a dit à l’école.

Papa, c’est ça qu’on m’a dit à l’école.

 

 

Qu’as–tu appris à l’École ?
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Published by Marco Valdo M.I.
2 septembre 2019 1 02 /09 /septembre /2019 16:09

 

 

MILLE HOMMES ET UN ORDRE

 

 

Version française – MILLE HOMMES ET UN ORDRE – Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson allemande – Tausend Mann und ein BefehlOomph – 2019

 

 

Encore presqu’enfant, il a déjà perdu son innocence

Ne pas réfléchir !

Dans le rang !

Il faut obéir !

Au pas cadencé, en avant !

Marche !

 

 

 

 

 

Le titre et le contenu de la chanson sont inspirés par la chanson « Hundert Mann und ein Befehl »« CENT HOMMES ET UN ORDRE » du chanteur autrichien Freddy Quinn. Dans les deux cas, il s’agit de la version allemande de la célèbre ballade patriotique américaine, « The Ballad Of The Green Berets » (La Ballade des Bérets verts), ici transformée en chanson contre la guerre.

 

 

 

Pendant mille jours dans une région étrangère,

En avant, lui et son bataillon marchèrent.

Au faux seigneur, il a juré allégeance ;

Encore presqu’enfant, il a déjà perdu son innocence

 

 

Ne pas réfléchir !

Dans le rang !

Il faut obéir !

Au pas cadencé, en avant !

Marche !

 

 

Tirez à volonté !

Sans jamais hésiter !

Faites votre devoir en priorité !

En avant, au pas cadencé!

Marche !

 

 

Plus jamais la guerre !

N’importe où sur la Terre,

Mettez le feu au monde !

Mille hommes et un ordre :

Un ordre !

 

 

Plus jamais la guerre !

Frappe cruellement le destin :

Aujourd’hui moi, et toi demain.

Mille hommes et un ordre :

Un ordre !

 

Fixe – Garde à vous ! – Repos !

Fixe – Garde à vous ! – Repos !

Fixe – Garde à vous ! – Repos !

 

 

Depuis déjà mille jours, en première ligne,

Il fixe l’horizon, les yeux vides.

Celui qui, avec fierté, voulait aller à la guerre,

Mourant a bien vite crié après sa mère !

 

 

Soldat, sois fort et brave !

Soldat, mange ou crève !

Au pas cadencé, en avant !

Marche !

 

Pour ta patrie, bats-toi !

Au mur, qui ne veut pas !

Au pas cadencé, en avant !

Marche !

 

 

Plus jamais la guerre !

N’importe où sur la Terre,

Ils mettent le feu au monde !

Mille hommes et un ordre :

Un ordre !

 

 

Plus jamais la guerre !

Frappe cruellement le destin :

Aujourd’hui moi, et toi demain.

Mille hommes et un ordre :

Un ordre !

 

 

Plus jamais la guerre !

Plus jamais la guerre !

Plus jamais la guerre !

Plus jamais la guerre !

Plus jamais la guerre !

Plus jamais, plus jamais la guerre !

 

 

Quelque part au bout de la terre,

Ils mettent le feu au monde.

Mille hommes et un ordre

Un ordre !

 

 

Plus jamais la guerre !

Frappe cruellement le destin :

Aujourd’hui moi, et toi demain.

Mille hommes et un ordre :

Un ordre !

 

 

Fixe – Garde à vous ! – Repos !
Fixe – Garde à vous ! – Repos !
Fixe – Garde à vous ! – Repos !
Fixe – Garde à vous ! – Repos !
Fixe – Garde à vous ! – Repos !

 

 

  MILLE HOMMES ET UN ORDRE
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Published by Marco Valdo M.I.
1 septembre 2019 7 01 /09 /septembre /2019 19:34

 

CENT HOMMES ET UN ORDRE

 

 

Version française – CENT HOMMES ET UN ORDRE – Marco Valdo M.I. – 2019

Chanson allemande – Hundert Mann und ein BefehlFreddy Quinn – 1966

 

 

 

 

 

Quelque part en une terre étrangère,

Nous marchons sur le sable et la pierre.

Loin de chez soi et hors-la-loi,

Une centaine d’hommes, et moi.

 

 

Cent hommes et un ordre

Et un chemin dont on ne peut démordre.

Jour après jour,

Jour après jour.

Dans ce pays en feu, qui sait où on va ?

Et quel est le sens de tout ça?

 

 

Tout seul dans la nuit noire,

J’ai souvent pensé pour ma part,

Que loin d’ici, la pleine lune brille

Et loin de moi, pleure une fille.

 

 

Et le monde est pourtant si beau parfois,

Pourrais-je te revoir encore une fois ?

Déjà, une longue année nous a tenus à l'écart,

Et le destin frappe au hasard,

Aujourd’hui moi et demain toi.

J’entends crier les corbeaux dans le noir

De l’aube. Pourquoi ?

 

 

Quelque part en une terre étrangère,

Nous marchons sur le sable et la pierre.

Loin de chez soi et hors-la-loi,

Une centaine d’hommes, et moi.

 

 

 

 CENT HOMMES ET UN ORDRE
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Published by Marco Valdo M.I.
31 août 2019 6 31 /08 /août /2019 20:49
LE PROCÈS DES SORCIÈRES

 

Version française – LE PROCÈS DES SORCIÈRES – Marco Valdo M.I. – 2019

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi – 2019 (Riccardo Venturi, Policlinico di Careggi (Firenze), 23-05-2019)

d’une chanson suédoise – HäxprocessKjell Höglund – 1973

Paroles et musique : Kjell Höglund

 

La sorcière au miroir 

Félicien Rops

 

 

Dialogue Maïeutique 

 

 

Mon ami Lucien l’âne, toi comme moi, nous aimons beaucoup les sorcières, je le sais.

 

Certes, Marco Valdo M.I.mon ami, il en est ainsi aujourd’hui. Je dis ça, car qui se souviens de ma mésaventure, qui somme toute se rappelle mon histoire, pourrait avoir l’idée que je serais en colère contre les sorcières. Il n’en est rien, avec le temps, vois-tu, je me suis mis à aimer celle qui me fit âne. Si tu te souviens, au début de ma vie errante, une vie d’aventures et de pérégrinations forcées, qui était due à une erreur résultant de mon envie de pratiquer son art sans y être initié, j’en voulais à cette femme de mon destin de jeune homme ainsi contrarié. Cependant, aujourd’hui, je me rends compte que ce fut moi le seul fautif et même si elle n’y est finalement pour rien, je la bénis de m’avoir ouvert le chemin de l’immortalité.

 

N’exagère pas, Lucien l’âne mon ami, ton immortalité ne durera que ce que durera l’humanité, ce qui la raccourcit grandement. Mais venons-en aux autres sorcières, à celles qu’on brûle, qu’on jette en cendres en dehors des cimetières.

 

Oh, dit Lucien l’âne, en dehors de leurs cimetières consacrés, mais elles s’en moquent bien les sorcières, car pour elles, la terre vaut la terre et la rivière et l’océan aussi sont accueillants à la poussière. Le vent lui-même la berce et la porte dans ses bras. Mais poursuis cependant.

 

D’abord, je te rappelle, Lucien l’âne mon ami, que la chose n’est pas nouvelle pour nous de deviser des sorcières. Ensemble, on a vu et commenté trois chansons Hou! Hou !, où Clara la folle était brûlée comme une sorcière, Katheline la bonne sorcière, qui est la mère de Nelle, dont on brûla les cheveux et qu’on fit noyer en l’épreuve de l’eau telle que la concevait l’Inquisition et Les Sorciers, qui conte le procès de Katheline et bien des choses furent dites à ces occasions. Mais poursuivons. Il est question ici d’un long sermon à la manière de ceux que font les pasteurs, les prêtres et tous les prêcheurs de toutes les religions contre les sorcières, réputées impies. Je n’insisterai pas sur cette haine à l’égard des sorcières qui sont pourtant l’incarnation de la vie hors des temples et loin des odes qu’on récite. De toute façon, il ne s’agit pas ici uniquement de ces sorcières anciennes, il s’agit également de sorcières intemporelles et de sorcières en un sens plus général, qui dès lors, étant pourchassées peuvent aussi bien être des hommes.

 

Des sorcières, des hommes ?, dit Lucien l’âne, un peu interloqué. J’aurais toujours pensé que les hommes de cette catégorie étaient des sorciers. Il faudrait que tu m’expliques cette curiosité.

Soit, Lucien l’âne mon ami. En fait, la chasse aux sorcières désigne de manière générale la persécution par un pouvoir ou n’importe quel groupe humain des contradicteurs, des dissidents, de ceux qui ne soumettent pas ou même ne correspondent pas aux exigences, aux us, aux coutumes, aux usages, aux usances et aux croyances de ce groupe, de ce clan, de cette communauté. Dès lors, la chasse aux sorcières peut tout autant désigner une persécution religieuse qu’une persécution raciale ou politique ou sociale ou culturelle ou même, linguistique ou un mélange de diverses sortes. Elles ont lieu partout dans le monde et sont extrêmement tenaces – par parenthèse, elles sont aussi extrêmement stupides et méchantes. L’Histoire des hommes en est remplie.

 

J’en ai vu de mes yeux vu, dit Lucien l’âne, et même, un grand nombre de fois de ces persécutions.

 

Cependant, reprend Marco Valdo M.I., la chanson a un cadre précis, qui est de mettre face à cette vilaine manie de la chasse aux sorcières comme phénomène social, comme mécanisme de catharsis tendant à l’exonération de leurs turpitudes, ceux qui n’ont le courage ni de s’y opposer, ni de les dénoncer, ni même de vouloir voir qu’elles existent et surtout, de s’interroger sur quoi elles se fondent et à quoi elles servent. Kjell Höglund fait bien de mettre les bonnes gens de Suède et d’ailleurs face à face avec eux-mêmes et à la chasse aux sorcières et à tout ce que ça signifie. En fait, il les sermonne dans la plus pure tradition des grands sermons : Démosthène lançant ses Philippiques aux Athéniens ou Cicéron ses Catilinaires aux Romains.

 

C’est là qu’il a dit « Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra? », que je te traduis, dit Lucien l’âne, « Jusqu’à quand Catilina abuseras-tu de notre patience ? »

 

On pourrait citer bien d’autres exemples, dit Marco Valdo M.I., mais l’essentiel reste ce que dit la chanson, qui malgré qu’elle date de 1973, paraît être un sermon d’aujourd’hui tant ce qu’il dénonce, les attitudes qu’il décrit, les comportements qu’il démonte, les vilenies qu’il met à jour sont présents dans notre société et constituent le fondement de ce que l’on nomme à présent pudiquement le populisme et qui n’est rien d’autre que le fascisme revisité. C’est à cet égard un texte lumineux qui illustre avec beaucoup de précision ce qui était dit dans La Guerre de Cent Mille Ans. Cette liaison intime du particulier au général, qui fait que chaque geste que l’on pose, chaque parole qu’on expose, chaque pensée de chaque jour, de chaque seconde nous implique dans cette lutte faite des milliards de décisions ou d’indécisions, d’acceptations ou de refus de milliards d’êtres humains ; tout se joue dans ces détails. C’est ainsi que se forme la cohérence de ce monde.

 

Ho, s’écrie Lucien l’âne, arrête-toi là. Il nous faut conclure.

 

 

Non, non, dit Marco Valdo, je veux encore dire quelques mots de la version française, car elle s’écarte un peu par son style de la version italienne, dont j’imagine qu’elle a elle-même établi une certaine distance par rapport à la chanson suédoise. Et si parfois, elle s’écarte plus encore, le tort en est à la rime, ce bijou. Ce que je veux souligner, c’est que je suis quand même persuadé que globalement, elles se ressemblent et qu’en tout cas, elles donnent le même sens au sermon sur la scène.

 

 

Bon, cette fois, dit Lucien l’âne, je conclus et je dis qu’il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde persécuteur, menteur, voleur, assassin, criminel et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Si on veut, il est facile de trouver des boucs émissaires

Et bien que soit passé le temps des procès de sorcières,

On n’en a pas oublié le principe, il est toujours bon ;

Quand on veut quelque chose, toujours il répond

Et comme le monde n’est pas encore parfait,

Si parfois, on en a besoin, il est toujours prêt

Pour qu’on donne libre cours à nos émotions

Et qu’on se retrouve une once de considération.

 

Nous avons rarement besoin d’un prétexte clair,

Souvent suffit un défaut imaginaire.

Alors, les amis de la justice se réunissent pour le procès

Qu’on déroule à huis clos, en secret,

Et rend un verdict selon la coutume usuelle

Et ensuite, nous donnons la justification habituelle :

« Tout n’est pas encore exactement comme on l’aurait souhaité,

On a donc brûlé une autre sorcière pour des raisons de sécurité. »

 

Le dégoût que vous ressentez pour votre existence,

Votre manque de compétence et votre impuissance,

Le doute que vous avez éternellement quant à votre intelligence,

Votre désir d’ordre, de structure et de cohérence,

Les livres à lire que vous n’avez jamais regardés,

Les lettres que vous n’avez jamais écrites et votre mentale cécité

Sont choses difficiles à affronter, même quand vous le voulez ;

Alors, vous mettez une autre sorcière au bûcher pour des raisons de sécurité.

 

Vous rêvez de coucher avec des houris,

Pour mille et une nuits, pour mille et deux nuits.

Vous rêvez de parcourir le monde en millionnaires enviés

Et obtenir exactement tout ce que vous voulez.

Vous rêvez de vivre dans le luxe et l’abondance

Vous voulez la mort d’autrui avec insistance,

Mais vous n’osez jamais vraiment l’avouer.

Alors, vous mettez une autre sorcière au bûcher pour des raisons de sécurité.

 

Vous voulez empoisonner, poignarder ou pendre

Ou avec une locomotive écraser les plus tendres.

De l’extérieur, vous aimez avoir l’air aimable et sensible,

Mais au dedans, votre volonté est cruelle et primitive.

Il vous plaît particulièrement de voir les autres mal finir

Et de ressasser vos vilaines petites vilenies ou encore pire.

Mais il est difficile de reconnaître sa propre malignité ;

Alors, vous mettez une autre sorcière au bûcher pour des raisons de sécurité.

Vous avez peur d’attraper le sida ou la syphilis,

Le cancer, la tuberculose ou la chaude-pisse.

Pour le reste, vous êtes surtout une baudruche

Qui refuse ses responsabilités et fait l’autruche.

Vous volez dès que vous en avez l’occasion

Et vous pleurez et vous réclamez la compassion.

Vous vous prenez pour un génie incompris

Et plutôt que d’agir, vous laissez tout aller de mal en pis.

Vous mentez par habitude sans aucune réticence,

Il vous manque sans doute une conscience.

Vous avez peut-être honte de ce que vous avez perpétré,

Alors, vous mettez une autre sorcière au bûcher pour des raisons de sécurité.

 

En réalité, vous vous détestez et ça vous attriste,

Alors pourquoi ne pas en parler à votre analyste ?

Dites-lui ce que vous ressentez et s’il s’étonne,

Dites-lui que vous êtes vraiment une personne,

Que vous êtes malade, que vous souffrez tellement.

Pensez à votre réputation, car il reste peu de temps,

Car vous êtes assez vieux et qu’il faut vous hâter.

Alors, mettez une autre sorcière au bûcher pour des raisons de sécurité ?

 

Comme nous avons été contraints de nous rendre,

Notre ressentiment est fort et notre haine n’est pas tendre

Pour celui qui a conservé ses idées et qui ne s’est pas rendu,

On ne peut pas le tolérer, car nous avons perdu.

Tout ce qui nous reste est une amère désillusion,

Tout ce que nous avons est amertume et illusion,

Tout ce qu’on peut espérer, c’est ignorer,

Et croire que tout est juste et se garder de discuter.

 

Éviter de se souvenir et penser que ça va bien,

Faire semblant de ne comprendre jamais rien,

Nier que nos espérances ont pris l’eau,

Que la drogue nous a chamboulé le cerveau

Et quand la mémoire vient, tout oublier.

Éviter celui-là qui n’a pas cessé de rêver,

Celui-là qui veut un autre monde, qui a d’autres envies,

Qui conçoit un avenir meilleur et lutte pour la vie.

 

 

Et alors, il nous prend un ressentiment incisif,

On sent qu’on vit un moment décisif

Qu’il faut agir pour ne pas être anéantis,

Pour ne pas laisser nos espoirs démentis,

Et soudain, on conclut follement,

Que d’une seule personne tout dépend,

Que toute cette diablerie est la faute de ce saboteur,

Que derrière chaque mystère se cache un conspirateur

Qui mène un diabolique complot

Pour nous plonger tous dans le fiasco,

Qui trame des plans odieux et manigance des mystères,

Qui décide de faire monter l’eau et de noyer la terre.

Alors, on sacrifie nos descendants dans un jeu menteur :

Le bien, on l’appelle le mal ; le juste, on le nomme l’erreur.

Puis, on passe la maladie aux enfants de demain,

De notre lugubre mission, les schizophrènes témoins.

Telle une immense cascade, la paranoïa nous abasourdit,

On explose à l’intérieur tandis que du passé surgit

Une senteur faible et lointaine de cerises, de camomille et d’été ;

Alors, on remet une sorcière sur le bûcher pour des raisons de sécurité.

 

À chaque époque, nous avons eu cette nécessité

D’inciter à l’erreur pour couvrir notre culpabilité,

Pour trouver à blâmer, pour brûler les sorcières,

Pour faire un exemple, pour punir ces mégères.

Nous avons crucifié Jésus et tant d’autres encore

Et bâti une culture sur cette métaphore.

Depuis lors, la pensée humaine est imprégnée

Du mythe d’une paix intérieure par les dieux donnée.

 

Ainsi, on a répondu à la honte qui nous plombe

Et mis prématurément des millions de gens dans la tombe.

Car la condition de la paix intérieure est le sacrifice sanglant

Et c’est une langue qu’on comprend aisément.

Les tout premiers chrétiens ont dû subir le châtiment de l’enfer,

On les a jetés aux bêtes féroces, on les a mis aux fers.

Puis, avec l’Inquisition, les croyants devenus majorité ont traîné

Les hérétiques au bûcher pour se faire par le Père Éternel pardonner.

Ceux qui n’étaient pas d’accord ont reçu le traitement qu’ils méritent,

Car on doit tous soutenir ceux qui mènent et ce qu’on hérite ;

Tous ceux qui pensaient innocents à de grandes choses et à la liberté

Ont été dûment récompensés par les Autorités.

Certains ont été assez futés pour revoir à temps leur position

Galilée, par exemple, malgré ses signes de dénégation,

Pour sa part, a proclamé l’immobilité de la Terre.

Et ainsi, cette fois-là, on a évité de brûler une autre sorcière.

 

L’évêque Brask était intelligent, c’était une exception,

Un bout de papier caché démentit sa soumission.

Cependant, les Juifs, par millions, on les a brûlés ;

Tant à se demander comment cela a pu arriver

Et brûler le dissident, ça arrive encore maintenant parfois.

Qui donc va allumer le prochain bûcher, ne serait-ce pas toi ?

Comme avant, la chasse aux sorcières réjouit nos cantons,

Pour chaque bouc émissaire abattu, on tire une salve de canon.

 

Si par hasard, arrive un étranger,

On lui colle à l’instant un faux nez

On croque du communiste sans ménagement

Et on regarde de travers celui qui n’est pas blanc.

Pourtant, mille formes de vie libre animent les champs

Et se glissent l’été parmi les petites fleurs des enfants.

Des voyous et des vauriens de tout acabit,

Des païens et des métis nous empestent jour et nuit,

De dangereux escrocs se faufilent dans le noir,

On regarde d’un œil noir passer des hommes noirs.

Un rossignol gringotte dans le bosquet vert,

Et pendant ce temps, on met au bûcher une autre sorcière.

 

Maintenant : à qui profite tout ça ? Réfléchissons un peu.

Il s’agit, voyez-vous, de gens qui sont heureux

De voir ici et là le bûcher des sorcières s’allumer,

Ravis de voir chasser des fantômes dans l’obscurité.

Ce sont eux qui se frottent les mains et sifflent un petit air,

Quand une nuit de Walpurgis, brûlent les boucs émissaires

Alors qu’eux, les mains sales s’en vont libres,

Dormir en leur maison après avoir fermé la serrure.

 

Ils exploitent notre désillusion et notre culpabilité.

Pour qu’on ne s’aperçoive pas qu’ils viennent de nous voler.

Ils jouent sur nos peurs un jeu si fin

Qu’on ne sait plus ce qui est mal et ce qui est bien.

Ils savent faire tourner la meule et se faire du blé

Et se jouer de nous, pauvres corps courbés.

Nous, on ne voit rien de leurs détournements

Et on se retrouve Dons Quichotte face aux moulins à vent.

 

Ils profitent tranquillement quand nous regardons ailleurs,

Ils se tiennent derrière des nuages de vapeur

Et de nos efforts cumulés, font leur capital

Et alors, on condamne ceux qui n’ont fait aucun mal.

Ils ressemblent au magicien d’un spectacle de variétés.

Qui nous abuse de fausses réalités,

Qui fait des tours étonnants, sort une colombe son chapeau,

Qui fait du pain avec le gâteau et transforme le vin en eau.

 

Et nous, le bon public, on applaudit ses prestations :

Un lapin est sorti du néant, il est vraiment mignon.

Le monde veut être trompé et il pense à peine

À ce qu’il a payé pour toute cette scène.

Le tricheur jette une fausse carte sur la table,

Et ramène à la maison ses gains considérables.

Et nous, dépités, on s’accuse l’un l’autre.

C’est lui ! Non, c’est lui ! Non, c’était l’autre… !

 

On cherche un nouveau bouc et le spectacle peut reprendre.

Quelque chose clignote. Apprendrons-nous jamais à comprendre

Qu’il y a quelque chose de louche quand la banque gagne toujours,

Même si au coin de la rue, le bûcher flambe nuit et jour ?

Il ne sert à rien de chasser les sorcières dans l’obscurité,

Ce sont les règles du jeu que nous devons changer.

Jouer sans tricher, si on le veut, nous, nous pouvons le faire,

Et nous, on n’aura pas besoin de brûler une autre sorcière.

LE PROCÈS DES SORCIÈRES
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Published by Marco Valdo M.I.
27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 11:23

 

LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN

[NON À LA GUERRE !]

 

Version française – LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN [NON À LA GUERRE !] – Marco Valdo M.I. – 2019

Chanson toscane (italien) – La donnina che semina il grano [No alla guerra]Caterina Bueno – 1975

 

 

 

 

 

 

Extrait du concert avec le chœur étrusque (col Coro degli Etruschi), Florence 1975belle dans sa première partie de la séquence guerre / soldats / maladies / maladies / médecins / décès et dans sa deuxième partie, [on notera] le contraste entre la guerre (on mange mal on dort sur le sol) et la paix (dans un bon lit pour se reposer avec la belle brune, le champ de fleurs)

J’avoue une certaine incertitude sur le verset du champ de fleurs (bien que je sois originaire de Toscane, j’ai du mal à comprendre les mots, aussi parce que l’enregistrement n’est pas de grande qualité – les corrections sont bienvenues). Quoi qu’il en soit, le sens me paraît celui-là, et la condamnation de la guerre ne pourrait pas être plus claire

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Il te souviendra certainement Lucien l’âne mon ami, que l’autre jour, on avait discuté autour et à l’entour d’une chanson de Fabrizio De André, qui s’intitulait Volta la carta[[39290]] ; une « filastrocca » qui était tirée d’une comptine populaire ancienne

 

Oui, oui, Marco Valdo M.I. mon ami, je m’en souviens très bien et aussi, de cette conformation particulière de cette villanelle qui prenait toutes les allures d’un tarot de divination. Ce qui, si toutefois ma mémoire st bonne, nous avait ramenés au temps de Charles VI dans le duché de Milan, au début du XVe siècle.

 

Très juste, Lucien l’âne mon ami, et si je te rappelle cette version française de trois « filastrocche » se renvoyant l’une à l’autre, c’est car en voici une autre. Je te disais bien qu’il devait en exister d’autres déclinaisons et je te citais notamment celle-ci.

 

Oui, oui, interrompt Lucien l’âne, tu disais exactement ceci : « On a ici trois versions d’une même comptine italienne – en italien, on dit filastrocca ; j’insiste sur le « ici », car il en existe forcément d’autres ; par exemple, la version de Caterina Bueno – La donnina che semina il grano [No alla guerra], très proche de CONCETTA. Sur le fond, toutes évoquent la guerre, les soldats, la mort. »

 

Et comme, dès lors, Lucien l’âne mon ami, cette version de Caterina Bueno n’avait pas de version française, je me suis efforcé d’en créer une. Je lui ai donné une forme légèrement modifiée, m’appuyant entre autres choses, sur le commentaire introductif et ses hésitations. De toute façon, quand on a à faire à des versions diverses d’une cantilène dont on a perdu la trace d’origine, quand on est en présence d’un thème interprété de différentes manières, farci de variantes en tous genres, il s’agit de fixer un peu les choses et de les présenter à sa manière. Ce que j’ai fait.

 

Passons sur tes légèretés par rapport à la forme, dit Lucien l’âne, c’est une question d’adaptation et de sens de la rime. Je sais, tu sais, il faut savoir ce qu’en disait Paul Verlaine. « Ô qui dira les torts de la rime… ». Place alors au vague et à l’imprécis, qui divaguent au gré des versions.

 

Tu n’as pas tort, Lucien l’âne mon ami, il y a là tout un art poétique. Le vague et l’imprécis, ainsi dans les versions italiennes : la jeune personne qui sème est successivement une donna, une donnina, une donnetta ; elle sème le grain, elle sème le lin. On a donc toujours la semeuse avec toute sa symbolique de vie et de mort, mais encore et encore le vilain bêche la terre, c’est son destin. Pour ce qui est de la guerre, elle est partout et chez Caterina Bueno, personne ne veut y aller :

 

Car à la guerre,

On n’a rien à manger,

Car à la guerre, on dort à terre.

Nous, à la guerre, on ne veut pas aller.

 

Somme toute, conclut Lucien l’âne, c’est une bonne résolution ; encore, faut-il pouvoir s’y tenir ; c’est tout le dilemme de la désertion. Quant à nous, on est trop vieux maintenant pour qu’on cherche à nous recruter pour ces jeux idiots et dangereux. Ce n’est pas à plus deux mille ans que je serai rappelé. Cependant, dans la Guerre de Cent Mille Ans, on ne sait jamais, ils seraient bien capables de forcer tout le monde à la faire – les jeunes, les vieux, les enfants, les femmes et s’ils y arrivaient, même les morts, souviens-toi de La Légende du Soldat mort – ces fauteurs de guerre, grands amateurs de profits, de puissance, de privilèges et de pouvoir. Des malades, ce sont des malades du cerveau, moi, je te le dis. Enfin, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde militaire, amateur de guéguerres, brutal, stupide et cacochyme.

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

La semeuse sème le grain.

Tournez la carte : on voit le vilain,

Le vilain bêche la terre.

Tournez la carte : c’est la guerre,

La guerre avec tous ces soldats.

Tournez la carte : les malades sont là,

Les malades avec toutes leurs douleurs.

Tournez la carte et voici le docteur.

Le médecin soigne les douleurs.

Tournez la carte : voilà Concetta,

Concetta ferme la porte et s’en va.

Tournez la carte : la mort est là.

 

 

Non, non, à la guerre,

Je ne veux pas aller.

Non, non, à la guerre,

Je ne veux pas aller.

Car on n’a rien à manger

Et on dort à terre.

Non, non, à la guerre,

Je ne veux pas aller.

Non, non, à la guerre,

Je ne veux pas aller.

 

 

Ma belle brune, c’est le moment.

Si tu veux venir avec moi, c’est le moment

D’aller se coucher,

Dans un bon lit, pour se reposer.

D’aller se coucher,

Dans un bon lit pour se reposer.

 

 

Tu dormiras tout à l’heure

Dans un champ de fleurs

Avec quatre belles, pour te consoler ;

Avec quatre belles, pour te consoler.

 

 

Ma belle brune, c’est le moment.

Si tu veux venir avec moi, c’est le moment

D’aller se coucher,

Dans un bon lit, pour se reposer.

D’aller se coucher,

Dans un bon lit pour se reposer.

 

 

Car à la guerre,

On n’a rien à manger,

Car à la guerre, on dort à terre.

Nous, à la guerre, on ne veut pas aller.

 

 

 

LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN [NON À LA GUERRE !]
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Published by Marco Valdo M.I.
25 août 2019 7 25 /08 /août /2019 21:32
TOURNEZ LA CARTE

 

 

 

Version françaiseTOURNEZ LA CARTE – Marco Valdo M.I.2019, augmentée de deux autres versions CONCETTA et ARLEQUIN.

Chanson italienne – Volta la cartaFabrizio De André – 1978

Texte et musique : Fabrizio De André et Massimo Bubola

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Ici, Lucien l’âne mon ami, je vais d’abord te poser une devinette à propos de ces comptines, car sous la chanson de De André, se cachent des comptines populaires plus anciennes. Voici la devinette : qu’évoquent pour toi – qui est familier des arcanes les plus secrets – la carte, la mort, la guerre le vilain bêcheur, le valet de cœur, l’amoureux.

 

 

Oh, dit Lucien l’âne, c’est une devinette bien simple. C’est le tarot.

 

 

Eh bien exactement, cette comptine, c’est un tarot. Mais, dit Marco Valdo M.I., un tarot divinatoire évidemment, comme en avait fait fabriqué un le premier de la lignée des Visconti-Sforza, prolongeant ainsi l’existence d’un jeu milanais du siècle précédent (sans doute le XIVe). La comptine doit être lue – dans toutes les versions – comme une séance de tirage de cartes, destinée à prédire l’avenir. Comme ici, il y a trois versions et que celle de Fabrizio De André porte le titre de « TOURNEZ LA CARTE », j’ai donné un titre aux autres versions pour m’y retrouver. Il y a donc trois versions : TOURNEZ LA CARTE (Angiolina) ; CONCETTA et ARLEQUIN. Cela dit, tu connais mon goût pour les comptines et pour Arlequin. J’ai d’ailleurs commencé une série (actuellement inachevée) de chansons dont le principal personnage est Arlequin, conçues sous la forme de comptines où la ritournelle est d’ailleurs tirée d’une comptine enfantine du répertoire des enfants :

 

 

« Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle. »

 

 

Je m’en souviens très bien, Marco Valdo M.I. mon ami, elle commençait à Marengo et présentait notamment, « L’Amoureuse d’Arlequin ». J’attends d’ailleurs la suite avec une certaine impatience. Mais, je t’en prie, poursuis.

 

 

Donc, Lucien l’âne, on a ici trois versions d’une même comptine italienne – en italien, on dit filastrocca ; j’insiste sur le « ici », car il en existe forcément d’autres ; par exemple, la version de Caterina Bueno – La donnina che semina il grano [No alla guerra], très proche de CONCETTA. Sur le fond, toutes évoquent la guerre, les soldats, la mort. J’ajouterais volontiers que souvent les cartes sont sollicitées quand il s’agit de connaître le destin de celui qui part à la guerre, même si tous savent que cartes ou pas, on revient de là que si on le doit ou pour mieux dire encore – car il n’est pas de destin écrit par avance – si on le peut. C’est d’ailleurs pour ça qu’ils se donnent de l’espoir avec les cartes, mais les cartes – si belles et si futées soient-elles, ne peuvent rien contre le hasard, seul guide de la destinée. Évidemment, derrière tout ça, court l’angoisse et la superstition qui en découle. Enfin, pour ce qui est de mes versions, elles se démarquent quelque peu de la version italienne dont elles sont chacune respectivement issue. Il y a par exemple, certaine allusion à une certaine Annie, bien connue de Serge Gainsbourg – La chanson s’intitule naturellement « Les sucettes » et c’est, à sa façon, une comptine, mais comme toutes les comptines, elles a au moins un double sens.

 

 

« Tournez la page : voici les sucettes à l’anis,

Elles sont si bonnes les sucettes d’Annie. »

 

 

 

 

Oui, j’imagine, Marco Valdo M.I., que les soldats aussi ; surtout, si on lit « Tournez la page » au second degré ; autrement dit, la page est tournée, la guerre est finie. Enfin, je conclus ainsi, car on n’en finirait plus avec cette comptine. Quant à nous, cartes ou pas cartes, nous poursuivons notre tâche et nous tissons le linceul de ce vieux monde superstitieux, croyant, crédule et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

Une femme sème le grain.

Tournez la carte, on voit le vilain ;

Le vilain qui bêche la terre.

Tournez la carte, arrive la guerre ;

Plus de soldats pour la guerre,

Tous ont fui les pieds à l’air.

 

 

En chaussures bleues, marche Angiolina

Le carabinier est amoureux,

Tournez la carte : il n’est plus là.

Le carabinier est amoureux,

Tournez la carte : il n’est plus là.

 

 

Un enfant escalade la grille,

Il vole des plumes et des cerises.

Jetez des pierres, il n’a pas peur.

Tournez la carte : c’est le valet de cœur,

Le valet de cœur est un feu de paille ;

Tournez la carte : le coq s’éraille.

 

 

À six heures du matin, Angiolina

Tresse ses cheveux de bouts de bois.

Elle tourne un collier de noyaux de pêche

Trois fois entre ses doigts.

Elle tourne un collier de noyaux de pêche

Trois fois entre ses doigts.

 

 

Ma mère a un moulin et un fils bonhomme,

Elle tartine son nez de tarte aux pommes,

Ma mère et le moulin tournent en riant.

Tournez la carte, un pilote blanc,

Pilote blanc en uniforme noir,

Sourire d’athlète, chapeau de renard.

 

 

Assise dans la cuisine, Angiolina pleure

Et mange de la salade de mûres.

Un garçon étrange met un disque

Qui tourne vite en parlant d’amour ;

Le garçon étrange est un disque ;

Il tourne, tourne et parle d’amour.

 

 

Madameadorée a perdu six filles

Dans les bars du port et ses tortilles.

Madameadorée voit son chat qui meurt.

Tournez la carte et payez votre dû,

Payez le dû avec des pleurs

Pleins de photos de rêves perdus.

 

 

Angiolina lit les nouvelles du front,

S’habille en mariée, chante la victoire,

Elle appelle ses souvenirs par leur nom,

Tournez la carte : c’est la gloire,

Elle appelle ses souvenirs par leur nom,

Tournez la carte : c’est la gloire.

 

 

CONCETTA

 

 

La petite dame sème le grain.

Tournez la carte : on voit le vilain,

Le vilain bêche la terre.

Tournez la carte : c’est la guerre,

La guerre avec tous ces soldats.

Tournez la carte : les malades sont là,

Les malades avec toutes leurs douleurs.

Tournez la carte et voici le docteur.

Le médecin soigne les douleurs.

Tournez la carte : voilà Concetta,

Concetta court et s’en va.

Tournez la carte : voilà Lucia,

Lucia fait quelques pas.

Tournez la carte : le coq est là,

Et le coq donne le la.

Tournez la carte : voici la mort,

La mort pour tous les humains.

Tournez la carte : on ne voit plus rien !

 

 

ARLEQUIN

 

 

La petite dame sème le lin

Tournez la page : voici un bambin.

L’enfant joue par terre

Tournez la page : c’est la guerre,

La guerre avec tous ces soldats.

Tournez la page : les malades sont là,

Les malades avec toutes leurs douleurs.

Tournez la page : voilà le docteur,

Le médecin qui passe entre les lits

Tournez la page : voici les sucettes à l’anis,

Elles sont si bonnes les sucettes d’Annie.

Tournez la page : voilà les pavés ;

Les pavés sur le chemin empilés.

Tournez la page : voilà Lucia ;

Lucia dans sa robe de lin

Tournez la page : voici Arlequin ;

Arlequin marche sur les mains.

Tournez la page : le coq est là,

Et le coq donne le la.

Tournez la page : voici les portes d’airain,

Par les portes passent les humains.

Tournez la page et il n’y a plus rien !

 

TOURNEZ LA CARTE
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Published by Marco Valdo M.I.
23 août 2019 5 23 /08 /août /2019 20:03

 

Penser ou ne pas penser ?

 

 

Lettre de prison 41

19 juillet 1935

 

Le Penseur - Rodin

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Tout compte fait, Lucien l’âne mon ami, Descartes avait raison : l’être humain pense, l’homme est un être pensant. Enfin, la plupart du temps ; certes, il y a des exceptions ; je ne citerai pas de nom, mais on en connaît tous. Tout ça pour dire que le prisonnier Carlo Levi pense et d’ailleurs, il n’a pas grand-chose d’autre à faire.

 

Je me demande, réplique Lucien Lane, ce qui est le pire pour celui qui est ainsi enfermé en isolement pour une durée indéterminée ; Penser ou ne pas penser ? Telle est la question.

 

Face au temps qui passe ou qui parfois, donne l’impression de s’arrêter, de plus vouloir passer, il y a – quand on est seul dans une cellule – deux grandes manières d’affronter l’épreuve du temps vide, de traverser ce désert. La première consiste à entrer dans une sorte de léthargie, y compris mentale et dans ce coma où on s’oublie, ou on perd le sens de soi et la notion du temps ; littéralement, on ne voit pas le temps passé.

 

Oh, dit Lucien l’âne, je connais ça, c’est comme un trou noir ; c’était le sentiment de Juliette au moment où elle s’efforçait d’avaler le contenu de la fiole. C’est la plongée dans un abysse, c’est la descente au tombeau. On se met en sommeil, on se perd en catalepsie.

 

Exactement, reprend Marco Valdo M.I., on s’oublie et on oublie tout et vraisemblablement, après – s’il y a un après –, on met la pensée hors-jeu, on cesse d’exister, on cesse d’être, on se pétrifie, on s’immobilise ; dès lors, on ne se souviendra de rien. C’est une solution de survie. Mais comme je te l’ai déjà dit, il y a une autre voie, une autre possibilité.

 

Sans doute, dit Lucien l’âne, mais j’aimerais beaucoup que tu la détailles.

 

Comme tu peux toi-même le penser, Lucien l’âne mon ami, la deuxième voie qui s’ouvre au prisonnier isolé, c’est – tout au contraire – de se mettre à penser, à développer par la pensée un autre univers, un discours qui lui tienne compagnie, de se mettre en somme à être l’animateur de sa propre vie. Il peut alors lui donner des dimensions extraordinaires, il peut la modeler à sa guise, il peutconcevoir mille projets, leur donner toute leur envergure en attendant de pouvoir un jour les appliquer. En clair, le prisonnier met en scène et prépare son futur. Il se dit je vais faire ceci, je vais faire cela ; Ces moments où la pensée dynamise la vie morose de la prison sont des moments intenses ; ils réactivent le mental et barrent le chemin à la mélancolie, à l’angoisse et à l’ennui. Ils irriguent les heures et empêchent le dessèchement de l’être. Mais comme tu le verras dans cette lettre, le Dr. Levi organise aussi le temps présent : il réclame des livres, il se remet au latin, plus exactement, à la lecture des auteurs latins ; il lit les philosophes allemands du siècle précédent. Bref, il ne se laisse pas entraîner à je ne sais quelle inertie intellectuelle. Cesser d’activer la pensée, cesser de penser, ce serait s’éteindre à petit feu.

 

À t’entendre, Marco Valdo M.I., il a l’air de se replier sur lui-même.

 

En effet, reprend Marco Valdo M.I., et c’est indispensable puisqu’à ce moment de sa vie, isolé dans une cellule, sans autre contact que ses juges et ses policiers qui l’interrogent, ou les rares visites de ses familiers, cette autarcie est l’état de fait nécessaire de son quotidien. Il y a bien les lettres, comme celle-ci, mais il n’y en a qu’une par semaine et sur un papier fort réduit et les réponses se font attendre ; et toute cette correspondance est marquée par l’œil vigilant de la censure. Et puis, ce ne sont que des lettres, elles manquent de corps. Oh, il le sait bien quand il dit, dès le début de sa lettre :

 

« Voir les personnes en personne,

Leur parler, les écouter.

Une demi-heure de rencontre

Au parloir parmi des étrangers

Est plus agréable que mille lettres. »

 

et il sait bien aussi que son art de peintre est nourri de la compagnie des autres peintres :

 

« Il… faut une ambiance,

D’autres artistes pour échanger

Des idées, des connaissances. »

 

En attendant, il est dans cet isolement et il lui faut quand même se nourrir du temps qui passe et à toute force, éviter que ce soit lui – le temps – qui le ronge et le dévore.

 

Nous aussi, Marco Valdo M.I. mon ami, nous les ânes, il nous faut vivre et penser et nous ne pouvons dissocier l’un de l’autre ; autrement dit, la pensée et le corps ne font qu’un comme le démontre le Penseur du sculpteur Rodin, qui est l’homme en train de penser – sans ce corps pensant, cette sculpture serait impossible. Pour nous les ânes, cesser de penser, c’est – littéralement – cesser de vivre. Ainsi va notre destinée. Maintenant, il nous faut, toi et moi, tisser le linceul de ce vieux monde acéphale, ignare, impensant et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Voir les personnes en personne,

Leur parler, les écouter.

Une demi-heure de rencontre

Au parloir parmi des étrangers

Est plus agréable que mille lettres.

 

Cette année, on ne pourra pas fêter

Tous ensemble sous le palmier,

Dans la lumière heureuse de l’été,

L’anniversaire de maman.

C’est assez désolant.

 

Je m’étais remis au latin,

Je lisais César, Cicéron, et soudain

Voici les Allemands philosophes :

Leibniz, Kant et Fichte.

On s’y trouve sur une montagne très haute.

 

Il me faudrait des livres

Sur la peinture impressionniste.

Si c’était trop cher de les acheter,

Contacter la directrice de la bibliothèque

D’Histoire de l’Art de l’Université.

 

Là, il y en a beaucoup à trouver

Et on peut les emprunter.

Si on pouvait me confiner

Là où il y a une académie ou une université,

Mon travail serait facilité.

 

Qu’il est absurde de penser

Que le peintre vit isolé.

Il lui faut une ambiance,

D’autres artistes pour échanger

Des idées, des connaissances.

 

 

Penser ou ne pas penser ?
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Published by Marco Valdo M.I.
18 août 2019 7 18 /08 /août /2019 21:32
LES ENFANTS D’IZIEU

 

Version française – LES ENFANTS D’IZIEU – Marco Valdo M.I. – 2019

d’après la version italienne de Riccardo Venturi

d’une chanson allemande – Die Kinder von IzieuReinhard Mey – 1994

Paroles et Musique de Reinhard Mey

 

 

 

 

 

 

Les enfants d’Izieu du plus jeune au plus vieux

 

* Albert Bulka, 4
* Sami Adelsheimer, 5
* Jean-Claude Benguigui, 5
* Lucienne Friedler, 5
* Claudine Halaunbrenner, 5
* Emile Zucherberg, 5
* Liane Krochmal, 6
* Richard Benguigui, 7
* Marcel Mermelstein, 7
* Jacob Benassayag, 8
* Mina Halaunbrenner, 8
* Georges Halpern, 8
* Renate Krochmal, 8
* Max Leiner, 8
* Gilles Sadowski, 8
* Sigmund Springer, 8
* Egon Gamiel, 9
* Senta Spiegel, 9
* Charles Weltner, 9
* Hans Ament, 10
* Jean-Paul Balsam, 10
* Elie Benassayag, 10
* Isidore Kargeman, 10
* Claude Levan-Reifman, 10
* Alice-Jacqueline Luzgart, 10
* Paula Mermelstein, 10
* Martha Spiegel, 10
* Herman Tetelbaum, 10
* Liliane Gerenstein, 11
* Sarah Szulldaper, 11
* Max-Marcel Balsam, 12
* Esther Benassayag, 12
* Jacques Benguigui, 12
* Barouk-Raoul Bentitou, 12
* Joseph Goldberg, 12
* Max Tetelbaum, 12
* Otto Wertheimer, 12
* Nina Aronowicz, 12
* Majer Bulka, 13
* Maurice Gerenstein, 13
* Henri-Chaïm Goldberg, 13
* Fritz Loebmann, 15
* Theodor Reis, 16
* Arnold Hirsch, 17

 

 

 

Ils étaient pleins de curiosité, ils étaient bien vivants,

Les enfants, et au nombre de quarante-quatre.

Ils étaient juste comme vous, comme sont tous les enfants.

Dans la maison d’Izieu en haut de la vallée du Rhône.

Rassemblés dans la fuite devant les Allemands,

Et derrière chaque nom se cache une souffrance amère,

Tous étaient alors tout seuls au monde,

Agrippés l’un à l’autre au moment du crime.

En l’an 44, au temps des policiers pleins de zèle,

Enquêteurs et flics commis à la chasse à l’homme.

Ici, personne ne les cherchera, ici, en haut de la montagne,

Les enfants d’Izieu, ici au bout du monde.

 

Joseph, qui sait peindre : des paysages avec des chevaux,

Théodore, qui apporte la nourriture aux poulets et aux veaux,

Liliane, qui écrit si bien, sera un jour poète,

Le petit Raoul qui tout au long de la journée chante,

Et Sami, Élie, Max et Sarah, comme on les appelle :

Chacun a son talent, son don, son rôle.

Un cadeau que personne ne pourra leur prendre,

Qu’ils gardent et qu’ils aiment, chacun à sa manière.

Pourtant, un mauvais pressentiment plane sur leurs jeux,

La peur d’être découverts entache chaque heure,

Et derrière chaque rire retentit l’obscur message,

Que chaque auto, qui vient, peut apporter le malheur.

 

 

Au matin du jeudi saint, sont arrivés

Des hommes en civil et des soldats aux manteaux longs .

Un jour de soleil les ont tous, tous emmenés,

Ils les ont entassés dans des camions et n’ont donné aucune indication.

De désespoir, certains ont commencé à chanter,

Certains restèrent silencieux, tandis que d’autres ont prié.

Certains ont pleuré et tous, tous partirent.

Par le même chemin vers leur martyre.

La chronique rapporte la liste des noms minutieusement,

Le numéro du wagon et à quel train, il était attaché.

Le numéro du transport par lequel ils sont arrivés au camp,

La chronique rapporte qu’aux tueurs, aucun n’a échappé .

 

 

J’entends aujourd’hui qu’on doit classer ça dans l’histoire,

Et que ça doit être clos, finalement, après tout ce temps.

Je parlerai, je chanterai et s’il le faut, je crierais dans le noir,

Pour que nos enfants sachent qui ils étaient :

L’aîné avait dix-sept ans, le cadet à peine quatre ans,

Quand de la rampe de Birkenau à la chambre à gaz, on les menait.

Je les verrai toute ma vie et je garderai

Dans mon cœur, leurs noms gravés.

Ils étaient pleins de curiosité, ils étaient bien vivants,

Les enfants, au nombre de quarante-quatre.

Ils étaient juste comme vous, comme sont tous les enfants.

Dans la maison d’Izieu en haut de la vallée du Rhône.

 

LES ENFANTS D’IZIEU
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Published by Marco Valdo M.I.

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