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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 17:07

TRAVAIL ET DIGNITÉ


Version française – Travail et Dignité – Marco Valdo M.I. - 2009
Chanson italienne (et anglaise) – Lavoro e Dignità – Ned Ludd – 2007


Un travail sans dignité n'est pas un travail, c'est autre chose
Un travail sans respect n'est pas un travail, c'est autre chose
Un travail sans syndicat n'est pas un travail, c'est autre chose
Un travail sans congés payés, sans maladie payée, sans contrat régulier

Ce n'est pas pour cela que nous avons lutté, fait grève, laissé des sous et une carrière
Ce n'est pas pour ça que nous avons donné la vie
Ne venez pas à la télévision vous vanter de l'augmentation des postes de travail et de la diminution du taux de chômage

Ce dont vous parlez n'est pas un travail, c'est autre chose.

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18 août 2009 2 18 /08 /août /2009 16:11

DIEU DES ENFERS

 

Version française - Dieu des Enfers – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Dio degli Inferi – Casa del Vento - 2009

 

 

 

Après le disque des Ned Ludd : « Lavoro e Dignità » (Travail et Dignité), un autre disque entièrement consacré au monde du travail.

« L'Italie est une République démocratique fondée sur le travail ».

Ainsi commence notre Constitution. Si cependant on pense à ce qui nous arrive dans notre vie et dans la société, nous voyons énormément de contradictions.

Cet album parle du travail, des conquêtes et des défaites du passé, des droits obtenus et aussi d'une régression de ceux-ci dans l'actualité où nous vivons.

Il parle de sueur et d'exploitation des ouvrières, des ouvriers, des mineurs et des paysans; il parle des migrants d'hier (les Italiens) et des migrants d'aujourd'hui, il parle de la perte de mémoire et de la conscience endormie.

Il parle des jeunes chômeurs sans certitude et sans espérance; de la honte des morts au travail, par milliers dans ce pays.

Avec force et tendresse, des histoires de notre terre d'Italie et du monde, car le monde entier est notre maison.

Du site www.casadelvento.eu

 

 

 

Dans la bouche de la mine

Enter et espère, entre et espère

Dans la bouche de la mine

On ne sait si on reviendra

Dans la bouche de la mine

Prie et espère, prie et espère

Dans la bouche de la mine

On ne sait si on finira

Dans la panse de la mine

Il fait toujours nuit, c'est toujours le soir

Dans la panse de la mine

Tous on suera

Dans la panse de la mine

Tout est silence, c'est l'empire du noir

Dans la panse de la mine

Creuse, creuse pour l'au-delà.

 

Dieu des Enfers, il frappe fort

Il vient et t'emmène

Dieu des Enfers et de la mort

Il n'attend pas et t'emmène

Le train halète sur la voie

Il halète, il halète et repart à l'envers

Tu ne sais s'il reviendra

Le train halète sur la voie

Et mon salaire fait défaut

Dans le cul de le mine

Dieu des Enfers l'emmène

Dans le cul de la mine

Sous terre, il te laissera

Hors du cul de la mine

L'autre Dieu s'en est allé

Hors du cul de la mine

L'autre Dieu ne t'aidera pas.


Dieu des Enfers, il frappe fort

Il vient et t'emmène

Dieu des Enfers et de la mort

Il n'attend pas et t'emmène

 

Dans le cul de la mine

Hors du cul de la mine

Dans la bouche de la mine

Dans la panse de la mine

Dans le cul de la mine

Hors du cul de la mine.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Casa del vento
17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 19:43

ÉTRANGES PENSÉES

Version française – ÉTRANGES PENSÉES – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne - Strani pensieri – Fausto Rossi (Faust'o) - 1996

 

 

Étranges pensées ce soir, de petits signes comme des vautours

Je sombre dans un songe et je vois la terre du ciel

Des étoiles filantes autour de moi

Des tourbillons, des autoroutes et des avions transparents comme le verre.

Des hallucinations, des images du soleil de l'été dans l'air

10 milliards d'humains pendus à la télévision

20 milliards de nazis bouddhistes marxistes chrétiens et d'autres bandes encore.

30 milliards d'affamés qui traversent océans et déserts et même Dieu ne peut les arrêter

100 millions de vers dégueulasses dans mes yeux, mes oreilles, mes rêves.

Étranges pensées ce soir

Rien n'est sûr autour de moi

De l'acide dans la gorge jusqu'au fin fond de l'échine

Des étoiles filantes comme des vautours

De splendides visions d'astronefs perdus dans l'espace infini

Des esprits sorciers et des gratte-ciel tombent dans le vide.

100 millions de virus mortels dont le nom est secret

20 milliards de prêtres psychiatres soldats qui coupent des têtes et des couilles

30 milliards d'extases de songes de miracles d'hallucinations submergés par

100 milliards de quintaux de plastic de sang d'aluminium de cuivre de pétrole d'illusions de suicides de cauchemars d'anus.

 

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17 août 2009 1 17 /08 /août /2009 19:43

Bottines et gros souliers

 

Canzone léviane – Bottines et gros souliers – Marco Valdo M.I. – 2009

Cycle du Cahier ligné – 43

 

 

Bottines et gros souliers est la quarante et troisième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

 

Le monde de l'enfance est déjà marqué par la division du monde en deux : le monde des riches et celui des pauvres. Vois-tu, mon ami Lucien, toi qui es un peu comme un observateur, une sorte d'anthropologue, cette canzone léviane raconte une histoire enfantine, un moment de la réflexion (du retour sur soi) du prisonnier- guerrier- blessé. Il se retrouve loin dans son passé à revivre les jours et les saisons de ce temps-là et découvre avec une certaine stupéfaction qu'il n'avait jamais eu de bottines de football, alors que d'autres garçons en avaient.

 

Et alors, qu'est-ce que ça peut bien faire, demande Lucien l'âne un peu perplexe.

 

Mais, c'est là que d'un coup, on découvre la fracture sociale, nette, tranchée, virulente, faite de haine aussi et violence pas innocente du tout. En fait, cette Guerre de Cent Mille Ans est déjà présente dans l'enfance. Comme par ricochet, peut-être, mais bien présente. L'enfance se divise, comme le monde, en deux sociétés bien distinctes, bien opposées et c'est n'est pas là une invention de théoricien. On peut voir la simplicité « populaire », les gros souliers, le manteau, le passe-montagne en tricot. Et l'arrogance du « richard », ses bottines de foot, son outrecuidance, même inconsciente encore, qui est là -

« Avec leurs shorts, leurs maillots de couleur

Se prenaient pour des malabars.

Ils jouaient les vedettes et prenaient de grands airs »

 

et qui fait déjà tache. Il y a les signes sociaux que sont les jouets, les vêtements, les objets, les codes, les marques... Qu'en penses-tu ? Ne le vois-tu pas toi aussi ?

 

Bien évidemment que si, que je le vois et que je comprends tout cela. Et j'ajoute, dit Lucien l'âne en maugréant un peu, que ces m'astuvus, ces frimeurs m'énervent autant qu'ils devaient énerver notre ami le guerrier... Ils sont vraiment d'un autre monde, de l'autre monde... Remarque combien tout tient dans l'apparence et pourtant, quand même, il reste un peu d'humanité dans le jeune snob : il veut encore jouer, il a besoin des autres pour jouer... À quoi pourraient bien servir ses richesses, si malgré tout, on ne l'acceptait pas dans le jeu... Dans le fond, c'est peut-être une voie à creuser, un des fils du linceul de leur vieux monde...

 

Et puis, cette prescience des « uniformes à venir », cette stratégie d'évitement de l'embrigadement, de tout ce qui vise à « intégrer » dans leur société, à marquer le troupeau , à le domestiquer... Ce refus d'enfant sonne déjà comme la chanson de Tonton Georges : « Je suis de la mauvaise herbe, braves gens...C'est pas moi qu'on rumine et c'est pas moi qu'on met en gerbe... »

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

 



Quand j'étais gamin...

On s'amusait bien.

On jouait, on jouait n'importe où

Dans les prés, sur la place, partout

Le grand jeu, c'était le foot

Mais, fait étonnant

Et je m'en aperçois maintenant,

Je n'ai jamais eu de bottines de foot.

Je n'ai jamais pensé, ni désiré,

ni même osé désirer en posséder.

En rentrant de l'école, on jouait sans se changer.

Les parties duraient souvent l'après-midi entier,

Et encore, et encore, sans discontinuer,

Jusqu'au crépuscule, jusqu'au soir tombé,

Quand les hommes rentraient du boulot,

À pieds, en tram, à vélo.

Parfois, on était très peu,

Parfois, on était nombreux,

Des équipes de deux, de dix, de vingt enfants

Pour équilibrer, on changeait de camp.

Des garçons plus grands pas de chez nous,

Qui avaient des bottines, demandaient à jouer avec nous.

Ces snobs n'étaient pas, et de loin, les meilleurs.

Ces êtres d'un autre monde, ces enfants de richards,

Avec leurs shorts, leurs maillots de couleur

Se prenaient pour des malabars.

Ils jouaient les vedettes et prenaient de grands airs

Jusqu'à ce qu'une bourrade les envoie en l'air.

Enfants déjà , comme on peut haïr

Ou se défier des uniformes à venir.

Voilà pourquoi, par refus de ces touristes,

Je n'ai pas eu non plus de chaussures cyclistes.

Par tous les froids, nous allions

En montagne pour randonner.

On avait un lourd loden et toujours, un bâton.

De grosses chaussettes et de gros souliers

Qu'on frappe à terre pour se réchauffer.

Sur nos cheveux, sur nos manteaux,

Sur nos passe-montagne en tricot

Confectionnés de mains de mère.

La neige tombait à gros flocons

N'était-ce pas l'hiver ?

N'était-ce pas la saison ?

 

 

 

 

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16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 23:54

LA SCIENCE, LE PROGRÈS ET LA NOUVELLE NOBLESSE

Version française - LA SCIENCE, LE PROGRÈS ET LA NOUVELLE NOBLESSE – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne - La scienza, il progresso, la nuova nobiltà – Fausto Rossi – 1995

 

 

Je ne veux pas être adoré par des animaux

Ni des végétaux ou toute autre présence

Sur cette planète qu'est la terre.

Je ne veux pas avoir peur d'échange d'amour

N'importe où et avec n'importe qui libre

Et pas des filles ou des mecs imaginaires.

Je ne veux pas de police dans les rues

Sons jaunes et bleus jour et nuit

Qui rappellent les asiles et les morgues.

Je ne veux pas un travail qui soit solitude

Misère et pauvreté et empoisonne noter vie.

 

Alors volez, volez pour de vrai

Alors brûlez, brûlez pour de vrai

Et respirez, respirez pour de vrai

Alors volez, volez pour de vrai.

Je ne veux pas être gouverné

Par des hommes monstrueux et par un Dieu

Qui ne me ressemble en rien

Si ce n'est par notre nature commune

Je ne veux pas tomber à genoux

Devant vos machines

Qui sont des asiles dans le désert

Où la terre est douce, mais le ciel est inhumain.

Je ne veux pas que l'Église

Continue à m'appeler son fils

Pour se trafics supranaturels

qu'on appelait autrefois Guerre Sainte.

Je ne veux plus de télévision dans nos maisons

Mais le silence absolu

De chaque être humain sur cette planète.

 

Alors volez, volez pour de vrai

Alors brûlez, brûlez pour de vrai

Et respirez, respirez pour de vrai

Alors volez, volez pour de vrai.

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16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 23:53

TROP DE CHANSONS

Version française - TROP DE CHANSONS – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Troppe Canzoni – Fausto Rossi – 1995



Le morceau fait partie de l'album « L'Erba » (1995)... Il ne s'agit pas seulement d'une chanson conte la guerre... L'interrogation de Faust'o est peut-être la même que celle de Tim Buckley : "Is the war inside your mind?" « La guerre est-elle dans votre cerveau ? » ( j'ajoute – dans votre vie ?).





Trop de chansons

Trop de futur

Trop d'illusions et de nouveaux amours digitales.

Trop de classisme

Trop de prohibitionnisme

Trop de silence et d'incompréhensibles prisons

Trop de police.

Seulement car je respire

J'ai des hallucinations

Seulement car je respire

J'ai des hallucinations

Seulement car je respire

J'ai d'étranges émotions.

Trop de fascisme

Trop de bruit

Trop d'ordis et de monstrueuses religions.



Trop de violence

Trop d'autoroutes et de bombes surnaturelles

Just beatin' on my brain



Seulement car je respire

J'ai des hallucinations

Seulement car je respire

J'ai des hallucinations

Seulement car je respire

J'ai d'étranges émotions.




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Published by Marco Valdo M.I.
16 août 2009 7 16 /08 /août /2009 21:42

Peur de la Liberté

 

Canzone léviane – Peur de la Liberté – Marco Valdo M.I. – 2009

Cycle du Cahier ligné – 42

 

 

Peur de la Liberté est la quarante et deuxième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

 

 

Le prisonnier-blessé-guerrier, plongé dans la méditation et dans le songe ininterrompu qui emplit le temps vide de l'enfermement, poursuit son voyage onirique et cette longue marche de la pensée. Vois-tu, Lucien l'âne et mon ami, cette réflexion – au sens profond de ce terme : réfléchir, c'est-à-dire penser, mais aussi réfléchir, redonner l'image, rendre l'image, renvoyer l'écho à celui qui l'a émis... Un temps s'installe entre les deux et c'est précisément lui qui permet la réflexion... Un décalage nécessaire à la pensée. Cette canzone est proprement une canzone léviane. D'abord par son titre : Peur de la Liberté.

 

Oui, oui, je me souviens, Carlo Levi a écrit tout un livre sur ce thème. Si je ne me trompe pas, c'est cette « peur de la liberté » qui serait à la base de toute soumission à un régime, à une autorité, à un homme providentiel, à un marchand de rêves ou d'illusions.

 

C'est exactement cela. Mais en plus du titre, il ne faut pas oublier que Carlo Levi, qui fut plus d'une fois incarcéré, exilé, toujours poursuivi par les sbires fascistes ou nazis, et de ce fait, a une expérience directe de ce que peut signifier le moment de la libération... Il en a vu plusieurs... Quant aux paysans, ce sont ceux de Lucanie, ceux qui peuplent Aliano... Ceux qui disaient : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari ».... « Nous, nous ne sommes pas des hommes, nous sommes des bêtes de somme... ». Autre épisode de la Guerre de Cent mille Ans que les riches mènent systématiquement contre les pauvres. Tu vois, Lucien l'âne, cette méditation renvoie nettement à la solidarité qui lia le prisonnier (confinato) Carlo Levi aux paysans pauvres du Sud, qu'il n'abandonnera jamais et rejoindra après sa mort... Peut-être même a-t-il retrouvé Concetta... dans cette Lucanie des Lucanies.

 

Peut-être même, dit Lucien l'âne avec un sourire malicieux, Concetta n'est autre que la liberté elle-même... Va-t-en savoir...

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

Quand sonne l'heure de la libération

Où mènent les portes ouvertes? Où donc ?

Sortie libre, fin de servitude, heure de vérité.

Moment désiré et redouté, moment à accepter.

Certains ont peur de la liberté.

Et se jettent sans retour, pour s'oublier

Dans le travail, dans les obligations, dans l'activité.

Les paysans m'ont dit : "Reste ici, reste là !

Ne nous laisse pas ! Ne nous abandonne pas !

Épouse la plus belle, c'est Concetta, !"

 

Et je suis resté là-bas

Pour saluer encore une fois

Les plantes et la terre.

Pour parler aux soleils et aux rosiers.

Et de l'œil et du cœur embrasser

Les caroubiers et les oliviers.

Et j'enrage de ne pouvoir le faire.

Les paysans m'ont dit : "Reste ici, reste là !

Ne nous laisse pas ! Ne nous abandonne pas !

Épouse la plus belle, c'est Concetta, !"

 

Avec un regret enrobé de bonheur,

Et puis, une tendre douleur,

On salue les limites du monde

Ce monde sans limites qui gronde

Qui crie, qui chante et rit

Qui s'étend, meurt et revit.

Qui gonfle, explose et nous maudit.

Les paysans m'ont dit : "Reste ici, reste là !

Ne nous laisse pas ! Ne nous abandonne pas !

Épouse la plus belle, c'est Concetta, !"

 

Ce monde obscur et désespéré

Ce monde borné et obstiné,

Cette terre sans pitié

Qui nous tolère le temps d'une vie

Et qui continuera sans nous,

Cette Lucanie des Lucanies,

Se terre au dedans de nous.

Les paysans m'ont dit : "Reste ici, reste là !

Ne nous laisse pas ! Ne nous abandonne pas !

Épouse la plus belle, c'est Concetta, !"

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13 août 2009 4 13 /08 /août /2009 08:23

L'AVIATEUR

Version française – L'AVIATEUR – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – L'Aviatore - Tuttigiùperterra (Paolo Donadoni)



Le délire de l'omnipotence d'un pilote qui avec son avion survole la terre en temps de guerre. Un avion est une de ces nombreuses inventions de l'homme qui peuvent mettre en communication des personnes et des continents, unir, aider et sauver.

Mais en temps de guerre, ils deviennent de terribles instruments de mort.

Là aussi, la guerre extrait de l'être humain son pire côté.



J'avais l'hélice sur le nez

Et des yeux pour chaque ennemi.

L'air véloce sur mes oreilles.

Le destin pour meilleur ami.

J'étendais mes ailes sèches

La Grande Ourse à l'horizon

quand je montais au ciel

comme l'eau sourd d'une fontaine.

 

Il faisait nuit dans mes veines

Quand j'arrosais de mort

Des terres parsemées de prières

Parmi lesquelles tirait le sort.

Quand je pressais d'un doigt

Je décidais quel serait

Le prochain sourire

À être oublié.

 

J'oubliais que les bombes

Ont toutes la même face

Celle des tombes.

Mais maintenant, ma face aussi

Est une photo passée de soldat

Maintenant que mon sourire

A été oublié.

 

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12 août 2009 3 12 /08 /août /2009 19:32

EUX SONT DEVANT

Version française - EUX SONT DEVANT – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne (Pisan) – Ma loro sono avanti – Gatti Mézzi - 2009

 

Ah ça, Lucien l'âne mon ami, voilà qu'il me faut traduire du pisan. Du pisano. Quelle aventure ! Çà me rappelle le Pisanello, ce vin que notre ami fait là-bas en Sardaigne... Je l'aime bien celui-là.

J'aime aussi assez cette chanson que voilà, alors je l'ai fait. Il y a bien un ou deux endroits où j'ai comme des doutes sur ma traduction. Mais en ce cas, il y aura bien une bonne âme pour corriger mon erreur et me l'expliquer. Car vois-tu Lucien, je n'ai pas toute la science nécessaire … Mais à la guerre comme à la guerre, il fallait aller de l'avant....

 

Oui, c'est sûr, avec cette chanson, il faut aller de l'avant. Mais je crois bien qu'en gros ( sans allusion perverse à l'obésité américaine...), tu dois être dans le bon.

 

Et puis, vois-tu Lucien âne savant, le français est une langue incomplète et parfois, elle ne dispose pas des mots qu'il faut. Par exemple, le mot italien mondano, que j'ai traduit – e qui est une traduction littérale légitime – par mondain. Et bien, c'est une traduction équivoque; en ce que dans son sens ancien – celui qu'on trouve encore communément en italien, « mondain » était un mot qui voulait dire tout simplement « du monde ». Donc, ici : l'État américain dans toute sa dimension de phénomène « du monde » - faisant partie du monde. Par contre, comme tu sais, actuellement, en français, « mondain » veut signifier d'un « certain monde », du « beau monde », de « la haute société ». Ce qui est un peu restrictif et crée l'équivoque. Mais j'ai préféré rendre à « mondain » son sens ancien et premier... Qu'aurais-je pu faire d'autre, d'ailleurs ?

 

Bof, dit Lucien l'âne d'un ton dubitatif, rien sans doute.

 

Pour le reste, la chanson italienne, malgré la télévision et l'abêtissement généralisé qu'elle répand, a encore de belles réserves d'ironie....

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Cette chanson parle de l'État américain

Dans toute sa complexité de phénomène mondain

Elle en parle dans un style pas vraiment gentil

Mais qu'ils soient ridicules, c'est le moins qu'on puisse en dire.

Mais eux sont en avant, ils sont allés sur la Lune,

Mais des tentes d'Indiens, il n'en est pas resté une.

Pourtant eux, ils sont en avant, sûrs du sort

De celui qui attend depuis des années la peine de mort.

 

Chaises électriques, fusillade, même encore la pendaison

Des choses à n'y pas croire, on croirait un film de Leone.

Ils ont des ponts, des gratte-ciel, des miracles architecturaux

Et ils mettent des pistolets dans les mains des enfants.

Fitenesse, strettechingue et bodibuldingue, leur sont chers

Mais si tu cherches des filles en Amérique, tu ne trouves que des porcs.

Ils mangent senape et moutarde, du poulet frit et de la marmelade

Rien de comparable au pain et au saucisson.

Mais eux, ils sont en avant, dans tous les domaines en avant

L'Amérique est le paradis des acteurs, des chanteurs

Avec les effets digitaux, le Titanic et la monnaie

Et nous, nous sommes en arrière, avec Totò et Fellini

 

Mais eux sont devant et ceux qui sont derrière, c'est sûr,

Par une loi naturelle, peuvent leur foutre dans le cul.

 

 

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10 août 2009 1 10 /08 /août /2009 22:11

Une Autre Guerre

 

Canzone léviane – Une Autre Guerre – Marco Valdo M.I. – 2009

Cycle du Cahier ligné – 41

 

 

Une Autre Guerre est la quarante et unième chanson du Cycle du Cahier ligné, constitué d'éléments tirés du Quaderno a Cancelli de Carlo Levi.

La chanson parle de l'émigration comme d'une autre guerre ou d'un moment d'une guerre ou d'une forme de guerre. On ne saurait ignorer cet aspect de la vie du monde. L'Antiquité, les temps modernes et presque contemporains avaient leurs émigrés; on les nommait, pour certains d'entre eux - une masse considérable de gens - des esclaves; quand l'esclavage fut considéré comme infamant et banni des bonnes manières civilisées, d'autres gens ainsi exilés, et c'était la transition, furent nommés des migrants. En somme, pour une grande part d'entre eux, c'étaient des esclaves modernes et en apparence au moins pour certains d'entre eux, des volontaires.

L'Allemagne nazie, pour ne parler que d'elle, avait instauré un Service de Travail Obligatoire et des camps de travail dont l'admirable devise libérale « Arbeit macht Frei ! » ornait la devanture. Admirable et libérale, tout à la fois, cette sentence qui pourrait se traduire : « Le Travail rend libre » ou autrement dit, « Le travail, c'est la liberté ». Paroles de maîtres... Merveille de la propagande.

 

D'ailleurs, l'économie est souvent vécue sous l'aspect de la « guerre économique », on y dénonce l'espionnage économique, on y parle d'offensives, de manœuvres, de mobiliser les forces, de défense... L'économie est une des formes de la guerre... D'ailleurs, on y meurt aussi et parfois même, on n'en revient pas.

Aussi bien, la métaphore guerrière parle des chômeurs et des migrants comme d'une armée de réserve...

L'ambition économique, le principe-même de l'économie – qui consiste à tirer profit des autres – est un principe éminemment guerrier. L'exil est bien souvent une fuite face à un destin par trop contraire.

 

Notre prisonnier-guerrier-blessé connaît bien l'exil et l'émigration et assure son propos en rappelant les « émigrés » italiens sur le Don, dans les années 1940 et de là, revient à la caserne de départ... Quel départ ? Et pour où ? Pour une autre guerre ?

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Le frère de Lucia est en Argentine

À Buenos Aires, à Tucuman, à Cordoba.

Et le frère d'Armanda,

Fabriquait à Freiburg, des briques en usine.

Dans cette langue inconnue, tous "riaient de lui".

Après cinq ans d'émigration, ce bon garçon

Désespéré, est rentré à la maison,

Il est arrivé à Rome l'autre nuit

Comme un malheureux, perdu dans la ville

On l'a soigné à l'asile.

Puis, revenu chez sa mère à Cagliari

Il souriait, elle cuisinait pour lui.

Au changement de saison, il fut hébergé

Dans le Campidano, chez son cousin berger,

Ainsi le monde renaît, là tout au fond

Comme une grande tête d'ail ou un oignon,

Un légume arrondi, un poireau, un ananas.

Nous sommes tous des émigrants, n'est-ce pas ?

Nous sommes tous des émigrés.

Les autres sont restés sur le Don : pétrifiés.

Les morts frappent aux portes de l'histoire.

Même les Langhe, même Pavese, c'est la préhistoire.

Tous désormais savent qu'ils sont en exil;

Émigrés de l'émigration, exilés de l'exil,

Oubliés au fond du puits, au bout du couloir.

Le petit monde dans l'œil gauche

Et dans l'œil droit, un peu de désespoir.

Œil droit, œil gauche,

Bleus et noirs alexandrins.

À Buenos Aires, le frère argentin

A épousé une cousine de Bra,

Elle a tous ses parents là-bas.

Dans une caserne, la troupe attend

Un ordre de départ va arriver,

Et déjà on entend

Comme un bruit cent fois amplifié

La rumeur confuse et le murmure

De celui qui prépare en vitesse son sac,

De celui qui astique ses boutons et ses chaussures,

Et rassemble ses affaires en vrac..

C'est le départ... Chouette, on s'en va...

Pour où ? Pour quoi ?

Pour nos maisons ou pour la guerre,

Pour une autre inutile garnison ?

Pour qui sonnent les clairons ?

Serait-ce déjà une autre guerre ?

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