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24 juillet 2020 5 24 /07 /juillet /2020 21:21

 

LES HÉROS

 

Version française – LES HÉROS – Marco Valdo M.I. – 2020

Chanson italienne – Gli eroiCollettivo Víctor Jara – 1979 (?)


 


 

 

Le Héros 

Cohen le Barbare


 


 


 

 

Dialogue Maïeutique 

 

 

 

 

 

« Les Héros », dit Lucien l’âne, je les connais depuis longtemps ; d’ailleurs, j’en suis un moi-même, mais sans doute pas du genre de héros dont parle la chanson.

 

 

 

Certes, Lucien l’âne mon ami, tu fais bien de le remarquer, car, en effet, il y a héros et héros, des héros de toutes conditions et de tous âges.

 

 

 

C’est bien là, la question, dit Lucien l’âne. Qu’est-ce qu’un héros ? Ou de quel héros parle-ton ? De façon générale, on considère comme un héros quelqu’un qui d’une manière ou d’une autre est auréolé d’une gloire, même minime, même quasi-imperceptible. A fortiori, si cette gloire est grande ou immense. Quand on pense aux héros, on voit tout de suite surgir Ulysse, Hector ou Agamemnon, Don Quichotte, Hamlet, Roland ou Cohen le Barbare. Il y a tant de héros qu’une telle énumération serait fastidieuse, sinon carrément impossible.

 

 

 

Oui, ajoute Marco Valdo M.I., d’autant plus qu’on n’a même pas pensé à ces dames. Alors, en effet, de quels héros parle-t-on dans la chanson ? Donc, il s’agit du héros au sens le plus commun, du héros guerrier, du héros massacreur, celui pour qui « la raison du plus fort est toujours la meilleure », celui qui entend sortir vainqueur de la confrontation, celui assomme la concurrence, le paranoïaque par excellence.

 

 

 

À moins que ce soit l’excellence paranoïaque, dit Lucien l’âne. Bref, le héros unidimensionnel est une réplique exacte de l’homme unidimensionnel  dont Herbert Marcuse fit le portrait, il y a déjà 50 ans, est ce héros sans cervelle et dont même l’histoire et la préhistoire sont parsemées des cadavres.

 

 

 

Exactement, dit Marco Valdo M.I., c’est précisément le thème de la chanson que de faire l’histoire de ce géant de l’imbécillité au travers des temps, des plus immémoriaux au temps présent. C’est une chanson parfumée aux senteurs de l’ironie, trempée dans la soude comique, baignée d’acide folklorique et de lucidité sarcastique. On peut aisément s’en rendre compte à la fin de la chanson quand elle dit :

 

 

 

« À présent il est paré, il veut dominer le monde

 

Avec son armée la plus puissante, la plus grande. »

 

 

 

et sa conclusion est sans fard :

 

 

 

« Les héros sont les pires criminels. »

 

 

 

Oui, dit Lucien l’âne, l’inconvénient avec le héros, je parle du héros de son plein gré, du héros né de l’ambition de l’être, celui qui se veut tel, celui qui est atteint de cette étrange folie, de cette impotente idiotie, c’est qu’il est tellement dopé de soi qu’il est un danger de première grandeur pour son entourage, pour tout ce qu’il contrôle et quand il arrive accéder au pouvoir, il a fortement tendance à en abuser. Et plus il monte haut à l’arbre de la célébrité, plus on voit ses failles, mais aussi, plus il devient mégalomane, plus sa démence se révèle et plus grandit le danger pour ceux qu’il entend dominer.

 

 

 

Je te comprends très bien, Lucien l’âne mon ami, je comprends très bien ce que tu essaies de dire sans trop dévoiler la couronne du Roi des Cons, celui dont Brassens chantait les mérites perpétuels dans « Le Roi ». C’est utile, car actuellement, le jeu de cons n’est pas terminé et les concurrents sont nombreux à vouloir atteindre la première place du classement – à tous les niveaux. En somme, il faut bien s’en pénétrer, on n’est pas sorti de cet asile d’aliénés.

 

 

 

Je le pense aussi, répond Lucien l’âne, et je ne vois pas comment y arriver. Le héros est une hydre très résiliente. C’est une figure centrale de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres et aux plus faibles afin d’asseoir leur domination, de renforcer leur pouvoir, d’étendre leurs privilèges et de multiplier leurs richesses, si possible à l’infini. Enfin, c’est une raison de plus pour tisser – encore et toujours – le linceul de ce vieux monde paranoïaque, aveugle, respectueux, sourd, héroïque, imbécile et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 


 


 

Voici l’origine du combat historique :

Il y eut la question de la possession

Entre un homme à mains nues et un avec un bâton.

Ainsi naquit au nom du progrès l’homme héroïque.


 

Vive l’intelligence et son héros !


 

S’armant d’une massue, le vaincu se relève,

Se relance l’attaque à moitié nu ;

L’autre riposte et l’arrête,

Grâce à l’accessoire utile qu’est son écu.


 

Vive la technique et son héros !


 

Avec sa grande détermination, son écu et sa masse,

Il s’élance pour s’ouvrir un nouveau passage ;

L’autre sans rien dire sort du feuillage.

Et ricanant, de son arc, il le menace.


 

Vive la balistique et son héros !


 

Avec son arc, son écu et sa masse, l’imbécile

Attaque encore, il s’y casse la figure,

Brisant ses flèches contre le fer qui protège

Notre héros enferré dans sa bonne armure.


 

Vive le lansquenet et le héros !


 

Ce héros exceptionnel, armé de belle manière,

Conquit la France, l’Espagne et les pays avoisinants.

Armé jusqu’aux dents, il pesait lourdement

Sur la peau du paysan sans défense.


 

Il profite pendant 20 ans, sans soucis.

Cette fois-ci, il va le payer cher.

La poudre noire l’envoie en l’air :

En trois minutes, il est occis.


 

 

Vive la Renaissance et le héros !

 


 

Il court acheter une arquebuse

Et avec elle, menace d’exécutions sommaires.

Par malheur, il ignore les techniques récentes :

Le fusil à répétition et la carabine Winchester.


 

À bas les Peaux Rouges ! Vive le Colt et le héros !


 

Exaspéré et secoué, rouge de rage,

En un éclair, il fait un beau canon,

Mais l’autre, diabolique, tel un orage,

Le fulmine du haut de son avion.


 

Vive la Luftwaffe et son héros !


 

À présent il est paré, il veut dominer le monde

Avec son armée la plus puissante, la plus grande,

Paré pour la vengeance, mais du ciel tombe une bombe

Trois… deux… un… zéro ! Fiiiiiii… Pum ! Ah !

Un grand champignon, une forte chaleur, et puis, plus un chat.


 

Le héros ne s’y trompe pas, c’est la technique importe.

Il crée des armes mortelles

Pour semer la mort par la technique la plus forte.

Les héros sont les pires criminels.


 

Le héros ne s’y trompe pas, c’est la technique importe.

Il crée des armes mortelles

Pour semer la mort par la technique la plus forte.

Les héros sont les pires criminels.

 

 LES HÉROS
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Published by Marco Valdo M.I.

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