LA BALLADE DE L'INCARCÉRÉ
Version française - LA BALLADE DE L'INCARCÉRÉ ( ou La Marche du prévenu)– Marco Valdo M.I. – 2011
Chanson italienne - La ballata del carcerato – Franco Trincale – 1967
Je me suis gouré une seule fois ? (dit le prisonnier) Et toi,
étais-tu toujours innocent ? Mais cela ne compte pas. Tu as été en prison et dès lors, tu es marqué pour la vie, définitivement.
Ah, Lucien mon ami l'âne, il y a pire que d'être âne chez les
humains,
Ah, je me demande bien quoi,mon ami Marco Valdo M.I., car je n'ose
imaginer pire destin que le nôtre.
Et bien, c'est d'être incarcéré. Lucien l'âne mon ami... C'est un
destin pire que le tien ou celui de tout autre âne...C'est un destin des plus pénibles que celui de prisonnier. Sais-tu au moins de quoi il s'agit ? Sans doute...
Certes, je l'imagine, car nous les ânes on est prisonniers depuis
tant de temps, on est esclaves et enfermés depuis tant de temps, sauf moi qui cours les montagnes et les vallées, moi qui mange le thym à la racine, moi qui me fais un petit quatre heures de
menthe et d'herbes sauvages dont vous les humains ne connaissez même ni le nom, ni la saveur.
Comme tu sais ce qu'est un destin de prisonnier, je ne dois pas te
l'expliquer... Mais sais-tu ce qui se passe chez les humains – et seulement, chez eux – car chez les ânes et toutes les autres espèces, cela ne se passe pas ?
Mon ami Marco Valdo M.I., je ne peux que l'ignorer. Tant que tu ne me
dis pas de quoi il s'agit, je ne peux que faire des supputations...
Je t'explique... Voilà, que l'on condamne quelqu'un à être enfermé à
vie en raison du fait qu'il présente réellement un danger pour les autres, un danger mortel ou en tous cas un grand danger, s'entend... Je le comprends parfaitement. C'est à la fois nécessaire et
c'est une aide pour la personne qui ne peut maîtriser ses pulsions, ses impulsions, son agressivité... Une personne qui ne peut mesurer ses gestes et ses comportements. Bref, un danger public...
Et il y en a... On doit l'aider à ne pas commettre l'impardonnable, on doit aider les autres pour qu'ils ne soient pas victimes du mal de vivre de celui-là, du mal à vivre, de la difficulté qu'un
de nous peut avoir à maîtriser certains débordements libidineux ou sadiques, ou que sais-je ? Dictatoriaux, d'avidité, de délire de pouvoir, de volonté de puissance ou d'envie de domination ou de
pouvoir... Qu'on les mette hors d'état de nuire, je trouve même que c'est une nécessité vitale pour l'humaine nation... Imagine qu'on ait enfermé ainsi Adolf ou Benito, Franco ou d'autres du
genre... Pour ne parler qu'au passé... On eût aisément évité quelques dizaines de millions de morts... Pour d'autres, on éviterait à des milliers et de millions de gens d'indésirables
destinées... Et pareil pour les amateurs, les artisans du crime ou délit qui n'en commettent que par unité... Bref, il faut d'une part, placer la chose sur le plan de la salubrité publique – il
s'agit de tenir à l'écart tout tueur, escroc, etc..., disons manuel, artisanal et aussi, sur le plan plus général de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'accroître
leurs richesses, de renforcer leur domination , d'étendre leurs pouvoirs, de développer l'exploitation, d'augmenter leurs plus-values... Là, on retrouve la grande
dimension...
En somme, c'est la même chose, sauf que l'escroquerie, l'usage de la
force et autres marques de puissance et d'avidité passent au stade supérieur. On passe du petit artisanat au niveau de l'industrie. On passe du niveau individuel ou du petit groupe à celui de
grands groupes, de l'État ou de peuples entiers. Dans la Guerre de Cent Mille Ans, comme dans ses divers épisodes, on passe de l'unité aux dizaines de milliers, aux millions. Les outils aussi
changent : on passe du couteau à la bombe à fragmentation, à phosphore, atomique... mais ces gens-là, eux, la plupart du temps, arrivent à échapper aux mesures
prophylactiques...
Pour en revenir à la canzone, elle raconte l'histoire d'un gars qui
finit par sortir de prison (dans ta précédente nomenclature, un artisan, en quelque sorte) et qui doit se réinsérer dans la société telle que nous la connaissons (travail obligatoire, chômage,
misère...), alors qu'il est marqué d'infamie (il a été en prison, c'est un délinquant...)... et qu'on (les patrons) ne veut pas de lui... Et bien évidemment, de ce fait, il y repique... à son
artisanat.
Que veux-tu qu'il fasse d'autre ? Ainsi va (mal) le monde des
humains, où la société des riches et des possédants écrase les pauvres... J'entends encore ce que me disait (et redit en sa ballade) ce poète français avec qui je me baladais du côté de
Montfaucon... « Frères humains … N'ayez les cœurs contre nous endurcis » [[http://www.youtube.com/watch?v=cDDl01I5KA4]] ou [[http://www.youtube.com/watch?v=_69nDyRaiYs&feature=related]], le
François Villon et puis aussi, ce que disait Rutebeuf [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=9138&lang=it]] : « Ne convient pas que vous raconte Comment je me suis mis à honte En quelle
manière ». Ainsi, au nom de la poésie qui est la voix des poètes et des gens de misère, qui est la voix de notre fraternité, tissons, Marco Valdo M.I. mon ami, le linceul de ce vieux monde
injuste, impitoyable, insensé et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien
Lane.
Signe-toi à peine sorti
Et dit : « Je ne veux plus revenir ici
Je cherche un travail qui doit être meilleur
Que de rester là à attendre à l'intérieur. »
Passent les jours, cherche, prie et implore
Et tu ne trouves pas de travail encore
Désespéré, tu as la tentation
Et tu dis : « Non ! Je ne retourne pas en prison
! »
Et finalement, tu commences à travailler
Mais ton patron vient d'apprendre ton passé
« Rien à faire ! », tu es licencié,
Ce moraliste ne peut pardonner.
Tu cherches un emploi, mais personne ne te veux
Tu portes la « marque de l'inculpé »
Le seul métier qui te reste, c'est de voler
Tu voles de faim et déjà, à nouveau, ils t'ont condamné.
Telle est l'histoire d'un homme désespéré
Qui portait la « marque de l'inculpé ».