RODEO
Version française – RODEO – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Rodeo - Lucio Dalla – 1976
Paroles de Norisso (pseudonimo di Roberto Roversi)
Musique di Lucio Dalla
Album «Automobili»
Texte tiré de Zeroincondotta, quotidien autogéré de Bologne.
Il y à vingt ans, avec
« Automobiles », s'interrompit la collaboration entre Roberto Roversi et Lucio Dalla. Le disque, de toute façon très beau, fut très différent du projet initial, réducteur par rapport au
spectacle qui Dalla avait mis en scène (et duquel, tôt ou tard, sortira une version pirate). Une partie des chansons fut écartée, quelques textes furent abrégés. Dans les notes de couverture, les
textes sont signés Norisso ; les musiciens qui collaborèrent avec Lucio Dalla étaient : Carlo Capelli, Marco Nanni, Giovanni Pezzoli, Luciano Ciccaglioni, Ruggero Cini, Rodolfo Bianchi, Tony
Esposito, Rosalino Cellamare. Mais à réécouter, ces chansons, et à relire, ces textes sur l'automobile et sur l'homme au volant, émergent des images et des catégories très modernes. Et même
prophéties de Crash.
« Le futur de l'automobile » est le spectacle chanté d'une idée : ou, disons-le avec simplicité, sera peut-être seulement le projet de ce spectacle chanté. Et notre idée est celle-ci :
chacun à sa mode et dans son champ d'intérêt et de travail, mais tous ensemble, nous devons nous hâter à redessiner la carte de l'homme, cet homme de ` 76, qui chaque jour semble brûler sur le
papier de cent journaux.
Nous devons chercher à lui redonner un visage (notre visage), un coeur (notre coeur), des sentiments (nos sentiments), un amour (notre amour), même une ombre (notre ombre). Nous devons l'accompagner, lui parler, discuter, l'écouter ; l'écouter surtout dans les instants où se croyant seul il parle ou cherche à parler à haute voix. Nous devons avec un doigt chercher à suivre même la légère poussière de son souffle. Nous le voyons ici avec les pieds sur terre, avec une nouvelle expérience, avec une rage différente, avec ses problèmes qui sont terribles mais même avec sa volonté de comprendre et de vivre le futur. Donc avec le besoin de se mêler et s'unir aux autres pour chercher (Roberto Roversi, 1976)
Aujourd'hui est-il différent d'alors ? Plus compliqué et impossible ? Beaucoup de ces textes, en substance, disent des choses des pertinentes encore aujourd'hui, je crois. Je dirais disaient,
tels quels. À part « Les murs du vingt et un », la chanson épique, comme sur la guerre de Troie ; mais qui me donne encore des frissons. Qu'importe ? L'épisode, les paroles de
« l'Engorgement » sont-ils tirés d'un journal de 76 ou d'aujourd'hui ? Et « Entevue avec l'Avocat », à part les rides ? Ensuite , il y a Nuvolari, qu'alors beaucoup
avaient oublié (mais aujourd'hui j'ai le regret vrai de ne pas avoir obtenu la chanson sur Achille Varzi, l'adversaire lucide et impitoyable ; très moderne personnage de légende ; pour moi le
plus grand pilote du siècle, parmi tant de champions).
Ainsi « Mille Miglia » un et deux ; films sur des routes encore libres et bordées d'arbres, seulement en partie goudronnées, poussiéreuses, peu éclairées. Pourraient-ils y avoir des courses aujourd'hui, hors des autodromes ? De nuit, au lit, beaucoup entendaient les moteurs lointains rugir. Non, cela ne se pourrait pas ; seule la mémoire, le souvenir, l'oblitération du présent, pour qui de quelque façon les a vues. Le monde d'aujourd'hui est aussi épique mais en mode atroce ; mais les champions sont trop voisins et trop présents, toujours, pour donner les frissons. (Roberto Roversi, 1996)
De Zeroincondotta, quotidien autogéré en Bologne.
L'asphalte se dénoue en tourniquets,
en courbes défilées.
Les villes petites ou grandes s'éteignent comme des chandelles.
Monte une odeur longue de café
des fenêtres grand ouvertes.
Le dernier rayon de soleil dort sur ton genou.
Ensuite la route se remplit de gens
aux croisements ou sur les boulevards, ils font un barrage
ils font des barrages routiers,
il y a de la fumée dans l'air et on ne voit plus rien autour .
Pneus de caoutchouc, piles, haut-parleurs qui crient,
Femmes et jeunes alignés
Tirent une feuille à travers les vitres baissées,
Parlent d'usines
Parlent de cinq usines occupées.
Le paysage ici est maintenant changé.
Les camions sont arrêtés le long des murs.
La mer a disparu, le vent semble un vent infernal
Il bat et rebat les volets fermés.
Un jeu
Le jeu semble arrivé au rush final.
Ces hommes et les femmes
Disent dix mots,
Ce sont des mots durs comme un caillou,
Ce n'est pas un tison à éteindre sous le talon.
Cette année
Pour la première fois
Nous aurons une récession globale ;
On dit que tout change
Et les hommes le savent
Dans le monde industriel.
On dit qu'il n'en sera pas toujours ainsi.
Même si ces temps sont durs
En arrière
En arrière
En arrière nous ne nous laisserons pas rejeter.
Ils disent dix mots
Ou des mots ils en redisent cent
Tandis que nous reprenons ce voyage.
La vioture court sur un viaduc.
Nous volons comme un planeur
Qui léger étend ses ailes sur les prés
Et nous voyons là dessous
Blanc nu et seul, un homme
Qui agite un violon cassé
Et se bat en duel avec une ombre.
Silence autour
Un silence étrange
Un silence dur
Un beau silence.