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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 14:59

RODEO

 

 

Version française – RODEO – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Rodeo - Lucio Dalla – 1976


Paroles de Norisso (pseudonimo di Roberto Roversi)
Musique di Lucio Dalla
Album «Automobili»‎

 

Texte tiré de Zeroincondotta, quotidien autogéré ‎de Bologne.‎

 

 

 

Il y à vingt ans, avec « Automobiles », s'interrompit la collaboration entre Roberto Roversi et Lucio Dalla. Le disque, de toute façon très beau, fut très différent du projet initial, réducteur par rapport au spectacle qui Dalla avait mis en scène (et duquel, tôt ou tard, sortira une version pirate). Une partie des chansons fut écartée, quelques textes furent abrégés. Dans les notes de couverture, les textes sont signés Norisso ; les musiciens qui collaborèrent avec Lucio Dalla étaient : Carlo Capelli, Marco Nanni, Giovanni Pezzoli, Luciano Ciccaglioni, Ruggero Cini, Rodolfo Bianchi, Tony Esposito, Rosalino Cellamare. Mais à réécouter, ces chansons, et à relire, ces textes sur l'automobile et sur l'homme au volant, émergent des images et des catégories très modernes. Et même prophéties de Crash.
« Le futur de l'automobile » est le spectacle chanté d'une idée : ou, disons-le avec simplicité, sera peut-être seulement le projet de ce spectacle chanté. Et notre idée est celle-ci : chacun à sa mode et dans son champ d'intérêt et de travail, mais tous ensemble, nous devons nous hâter à redessiner la carte de l'homme, cet homme de ` 76, qui chaque jour semble brûler sur le papier de cent journaux.

Nous devons chercher à lui redonner un visage (notre visage), un coeur (notre coeur), des sentiments (nos sentiments), un amour (notre amour), même une ombre (notre ombre). Nous devons l'accompagner, lui parler, discuter, l'écouter ; l'écouter surtout dans les instants où se croyant seul il parle ou cherche à parler à haute voix. Nous devons avec un doigt chercher à suivre même la légère poussière de son souffle. Nous le voyons ici avec les pieds sur terre, avec une nouvelle expérience, avec une rage différente, avec ses problèmes qui sont terribles mais même avec sa volonté de comprendre et de vivre le futur. Donc avec le besoin de se mêler et s'unir aux autres pour chercher (Roberto Roversi, 1976)


Aujourd'hui est-il différent d'alors ? Plus compliqué et impossible ? Beaucoup de ces textes, en substance, disent des choses des pertinentes encore aujourd'hui, je crois. Je dirais disaient, tels quels. À part « Les murs du vingt et un », la chanson épique, comme sur la guerre de Troie ; mais qui me donne encore des frissons. Qu'importe ? L'épisode, les paroles de « l'Engorgement » sont-ils tirés d'un journal de 76 ou d'aujourd'hui ? Et « Entevue avec l'Avocat », à part les rides ? Ensuite , il y a Nuvolari, qu'alors beaucoup avaient oublié (mais aujourd'hui j'ai le regret vrai de ne pas avoir obtenu la chanson sur Achille Varzi, l'adversaire lucide et impitoyable ; très moderne personnage de légende ; pour moi le plus grand pilote du siècle, parmi tant de champions).

 

 

nuvolariportrait

 

 

Ainsi « Mille Miglia » un et deux ; films sur des routes encore libres et bordées d'arbres, seulement en partie goudronnées, poussiéreuses, peu éclairées. Pourraient-ils y avoir des courses aujourd'hui, hors des autodromes ? De nuit, au lit, beaucoup entendaient les moteurs lointains rugir. Non, cela ne se pourrait pas ; seule la mémoire, le souvenir, l'oblitération du présent, pour qui de quelque façon les a vues. Le monde d'aujourd'hui est aussi épique mais en mode atroce ; mais les champions sont trop voisins et trop présents, toujours, pour donner les frissons. (Roberto Roversi, 1996)

 

De Zeroincondotta, quotidien autogéré en Bologne.

 

 

 

 

L'asphalte se dénoue en tourniquets,

en courbes défilées.

Les villes petites ou grandes s'éteignent comme des chandelles.

Monte une odeur longue de café

des fenêtres grand ouvertes.

Le dernier rayon de soleil dort sur ton genou.

Ensuite la route se remplit de gens

aux croisements ou sur les boulevards, ils font un barrage

ils font des barrages routiers,

il y a de la fumée dans l'air et on ne voit plus rien autour .

Pneus de caoutchouc, piles, haut-parleurs qui crient,

Femmes et jeunes alignés

Tirent une feuille à travers les vitres baissées,

Parlent d'usines

Parlent de cinq usines occupées.

Le paysage ici est maintenant changé.

Les camions sont arrêtés le long des murs.

La mer a disparu, le vent semble un vent infernal

Il bat et rebat les volets fermés.

Un jeu

Le jeu semble arrivé au rush final.

Ces hommes et les femmes

Disent dix mots,

Ce sont des mots durs comme un caillou,

Ce n'est pas un tison à éteindre sous le talon.

Cette année

Pour la première fois

Nous aurons une récession globale ;

On dit que tout change

Et les hommes le savent

Dans le monde industriel.

On dit qu'il n'en sera pas toujours ainsi.

Même si ces temps sont durs

En arrière

En arrière

En arrière nous ne nous laisserons pas rejeter.

Ils disent dix mots

Ou des mots ils en redisent cent

Tandis que nous reprenons ce voyage.

La vioture court sur un viaduc.

Nous volons comme un planeur

Qui léger étend ses ailes sur les prés

Et nous voyons là dessous

Blanc nu et seul, un homme

Qui agite un violon cassé

Et se bat en duel avec une ombre.

Silence autour

Un silence étrange

Un silence dur

Un beau silence.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 22:03

L'ENFANT DE FUMÉE

 

 

 

Version française – L'ENFANT DE FUMÉE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Il Bambino di fumo – Lucio Dalla – 1971

Texte de Paola Pallottino
Musique de Lucio Dalla
Arrangement de Guido et Maurizio de Angelis
Album: Storie di casa mia

 



 

 

La « chanson écologique » italienne des années 60 et 70 dépasse sans doute les thématiques pourtant vastes de ce site, même s'il serait sûrement intéressant de donner un coup d'oeil aux modalités selon lesquelles les thématiques ambiantales apparurent dans les chansons. En ces jours de « revival dalliano » sur les CCG, je ne pouvais cependant pas me passer de me rappeler cette chanson de 1971, provenant d'« Storie di casa mia - Histoires de chez, moi ». L'album de 4 Mars 1943 ; et comme la plus célèbre chanson de de Dalla, le texte de celle-ci (qui est, vice versa, une des plus méconnues) est signé de Paola Pallottino. Une chanson surréelle, qui rappelle un peu « Miracle à Milan » et un peu un récit d'Italo Calvino, et avec la partie finale, avec le même Dalla qui interprète un immigré méridional dans la fumeuse ville du nord, avec de improbables accents napolitains. Même un petit hommage à Lucio Dalla, à exactement un an de sa mort. [RV]

 

 

 

Ho, Marco Valdo M.I., mon ami, dit Lucien l'âne plein de sagesse et doté de somptueuses oreilles noires qu'il fait balancer comme le charmeur de serpents armé d'une flûte fait balancer la tête triangulaire du naja, ho, ho, voici une chanson dont on dirait qu'elle sort tout droit du récit qui te vit naître. Il a raison le Ventu, alias [R.V.], de citer comme par la bande Italo Calvino. Il a tort de ne pas préciser à quel récit il fait allusion... Et je peux garantir quant à moi qu'il ne s'agit pas du sentier des nids d'araignée [[2489]], ni du vicomte suspendu, ni du château des destins entrecroisés, ni de bien d’autres écrits du prolifique Calvino... Rien de tout cela... Il s'agit bien évidemment du récit fondateur : Marcovaldo ou les saisons dans la ville (Marcovaldo ovvero Le stagioni in città). Ceci dit, je soupçonne fort que notre ami Ventu l'a fait volontairement, manière de nous taquiner un peu ou de provoquer notre réaction... On en a déjà vu bien d’autres ici. Dès lors, si tu veux me croire, il ne te reste plus qu'à traduire et à commenter...

 

 

Bof, Lucien l'âne, mon ami, tu as déjà commencé à commenter et fort justement encore. Mais avant d'aller plus loin, je fais une parenthèse, sais-tu qu'autour de ces vicomte perché, baron suspendu et autres chevaliers inexistants ou disparus, de la bonasse des gentilles... il y a actuellement une sordide bataille de droits d'auteur (à laquelle Calvino n'est en rien mêlé... Il y a déjà bien longtemps qu'il est mort)... et ces discussions d'épiciers me paraissent assez peu ragoutantes... L'essentiel étant – et toi, qui cours en littérature depuis des centaines d'années, tu en sais quelque chose – de faire connaître le texte, l’histoire... et non d'en faire du commerce ou d'en tirer de l'argent. Mais passons... Il n'en reste pas moins que ce que dit Ventu est exact... et cette atmosphère et cette ville polluées sont bien le milieu où se déroulent les aventures de Marcovaldo. Quant aux villes fumeuses du Nord, nous en connaissons un bout et singulièrement, toi, et moi, Marco Valdo M.I. qui, comme toi, me tient dans ces villes industrielles de Wallonie. Tu imagines bien que ce n'est pas par hasard que je porte ce nom, ce nom qui est celui d'un personnage dérisoire, tragique, comique et magnifique, tout à la fois.

 

 

Tragique, comique et dérisoire..., dis-tu. Sans doute, mais veux-tu un peu préciser... Car, moi qui suis un âne, je m'entends difficilement dans toute cette philosophie...

 

 

 


 

 

 

 

Mais enfin, Lucien l'âne mon ami, tu connais bien Marcovaldo et ses aventures. Tu sais bien que c'est une sorte de clown, de Charlot, celui des Temps modernes... lequel – je parle de Marcovaldo, bien évidemment – comme tu sais, exerce la très insignifiante profession de balayeur, de manœuvre, une profession au plus bas de l'échelle (at the foot of the ladder [http://www.youtube.com/watch?v=agoZX8X48-U], disait Miller [http://www.youtube.com/watch?v=U9KI8ihPHBE])... Un métier sans aucune prétention, à part peut-être celle d'en retirer quelque subsistance pour lui, mais surtout pour sa famille. Bref, il est l'exemple-même de l'esclave des temps modernes... Celui à qui l'on répète à l'infini : « Arbeit macht frei ! ». Voilà pour le dérisoire. Un personnage auquel, au fil des saisons, malgré tous ses efforts, malgré toutes ses réflexions, malgré sa bonne volonté infinie, il arrive des aventures ridicules, il n'arrive que des aventures ridicules. Voilà pour le comique. Le tragique tient à sa parenté volontaire (pourquoi un Calvino aurait-il créé un Valdo ?) avec Pierre Valdo... et au destin de persécuté que les puissants du monde lui firent, comme ils le font à tant d'autres tout au travers de l'histoire, lui Pierre Valdo dont le grand œuvre fut la Fraternité des Pauvres... qu'il créa au cœur-même de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants (ces bêtes affamées de médiocrité, comme disent les Zoo – Mercanti di Liquore) font aux pauvres afin d'étendre leur domination, d'accroître leur profits, de multiplier leurs richesses... Et enfin, c'est un personnage magnifique, car je ne connais pas de meilleure et de plus belle incarnation de l'humain.

 

 

 


 

 

 

 

Ainsi, il importe que l'on tisse chaque jour, chaque heure, dans toutes nos actions le linceul de ce vieux monde ridicule, nauséeux, insupportable, profiteur, mercantile et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



 

 

L'enfant de fumée chante sur la ville
Pour appeler les chevaux qui courent par dessus les toits
Mais là-haut
Ce sont des crinières de brouillard
Mais là-haut
Seul smog
Seul smog…

 

L'enfant de fumée chante sur la ville
Comme une mouette perdue dans le béton
Mais là-haut
N'arrive pas l'odeur de la mer
Mais là-haut
Seul smog
Seul smog…

 

La ville empoisonne ses blancs chevaux
La ville les emprisonne dans de noirs cristaux

Avec ses flashs, ses réclames
Chaque soir explosera…

 

L'enfant de fumée pleure sur la ville
Avec des yeux bleus brûlés de douleur
Mais là-haut
Même le pleur devient charbon
Mais là-haut
Seul smog
Seul smog
Seul smog…

 

Gars de fumée,
Le smog, le smog… smog…
Mais pourquoi gars de fumée...
Smog, smog et fumée…
Fumée…
Smog, smog…
Gars de fumée….

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
4 mars 2013 1 04 /03 /mars /2013 14:59
LE MOTEUR DE L'AN 2000

 

 

Version française – LE MOTEUR DE L'AN 2000 – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Il motore del 2000 - Lucio Dalla 1976

 

Paroles de Norisso (pseudonnyme de Roberto Roversi)
Musique de Lucio Dalla

 

 

 

 

Malgré toute la technologie et les grâces des patrons du monde, intéressés seulement au profit et indifférents au destin du genre humain, non seulement le moteur de l'an 2000 (et même de 2013, dit Lucien l'âne) pue, pollue et tue, mais – comme l'écrivait « birramorettisuper » dans un commentaire à cette chanson sur YouTube - « l'enfant de l'an 2000 (et pire encore celui de 2013, dit Lucien l'âne) n'a pas de travail ni d' enfant » et continue à attendre sur la porte de la maison (lorsqu'il en a une), une des nombreuses maisons du ghetto…

 

 

 

En fait, dit Marco Valdo M.I., dans ce foutu ghetto qu'est cette société (pour s'en tenir à l'Europe... C'est pire encore ailleurs), tout va mieux pour les riches, leurs bagnoles sont plus puissantes, mieux équipées, plus rapides, plus luxueuses... Leurs revenus et leurs richesses sont en pleine expansion, leur avidité est boulimique et le tout, comme il se doit, se fait en rapinant de plus en plus au détriment des pauvres d'ici et d'ailleurs. Même les Suisses trouvent qu'ils exagèrent et votent des lois pour réduire leurs revenus..., c'est tout dire. Et tout cela plus encore que par le passé, plus encore en 2000 qu'en 1976, année de la chanson; plus encore en 2013 qu'en 2000 et sauf à comme disait le bon curé Meslier, sauf à « pendre le dernier des riches avec les tripes du dernier banquier ou du dernier économiste (au choix...) », cette course absurde à l'obésité financière ne s'arrêtera jamais.

 

 

Que veux-tu, dit Lucien l'âne, Marco Valdo M.I. mon ami, c'est ainsi que va la Guerre de Cent Mille Ans... Ces derniers temps … comme le veau, ça va de pis en pis... Mais il ne faut pas désespérer, on sait bien que si nous vivons des temps barbares, l'homme, l'humanité, l'être humain digne, correct et agréable est encore à faire... On le prépare ici, tranquillement, en tissant le linceul de ce vieux monde malade de ses richesses, obèse, ventripotent, adipeux, avide, absurde, ambitieux, arrogant et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Le moteur de l'an 2000 sera beau et lumineux

Ce sera un moteur délicat, rapide et silencieux

Peu de gaz et moins pollué

Une gamine ou un gamin pourra le respirer

Mais dans les champs, ou dans les villes

Personne ne sait comment sera, ni ce que fera

En fait l'enfant de l'an 2000,

Car personne ne le saura, avant qu'on y soit.

 

L'hypothèse est tentante,

Et même urgente,

Mais même en scrutant le destin

Aujourd'hui, nous en savons peu ou rien.

 

Nous savons tout du moteur

Ce lumineux moteur du futur.

Mais nous ne réussissons pas à dessiner le cœur

Des jeunes du futur.

 

Nous ne savons rien de l'enfant

À l'arrêt sur la porte qui attend

Devant le ghetto de l'an 2000 pour entrer

Nous ne pouvons pas encore même l'imaginer…

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 22:05

ULYSSE COUVERT DE SEL

 

Version française – ULYSSE COUVERT DE SEL – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Ulysse coperto di sale – Lucio Dalla– 1975

Texte de Roberto Roversi
Musique de Lucio Dalla

 

 

 

Je vois les chambres blanchies
Toutes les fenêtres grand ouvertes.
Pas de neige, du soleil
Pas de brouillard, le ciel !

 

Tout a disparu, tout a changé
Je reviens de mon passé
Tout est égal, irréel
Je suis Ulysse couvert de sel !

 

Il est vrai
la vie est toujours un long, long retour.
Écoute,
Je n'ai pas peur des sentiments.
Et alors regarde,
Je suis ici,
J'ai ouvert précautionneusement avec la clé ;
Comme dans le temps
J'ai laissé ma valise sur la porte
‒ j'ai laissé ma valise sur la porte.

 

J'ai regardé autour avant d'appeler, appeler
Je n'ai pas peur,
Je te dis que je suis revenu pour trouver, trouver
Comme autrefois
Dans cette maison
Ma force
Comme Ulysse qui revient de la mer
Comme Ulysse qui revient de la mer.


Une main de chaux blanche
Sur les murs de ma chambre
Ciel jaune d'Afrique,
Œil chaud d'enfance !

Je tire le soleil dans la chambre
Char de feu qui court sur le cœur
Car chaque jour est sable et fureur
Et pas toujours égales les heures !

Je veux te dire :
Ne retourne pas les ans comme un tiroir vide.
Écoute :
Même les jeunes n'ont pas peur d'un amour
Et jamais, jamais, jamais
N'arrachent de leur cœur les sentiments ;
Je te regarde,
Ta force est une ombre de lumière
Ta force est une ombre de lumière.

‒ La main plongée
Dans le vent du vent,
Air chaud,
Hurlent nos heures
Serrées dans un poing
Hurlent comme les oiseaux,
Les cailloux se consument,
On ne consume pas la vie
La journée est égale
À une main qui est blessée
Je suis Ulysse de retour
Ulysse couvert de sel !
Ulysse au lever du jour !

 

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
26 février 2013 2 26 /02 /février /2013 16:59

UN BOUQUET DE FLEURS



Version française - UN BOUQUET DE FLEURS – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne - Un mazzo di fiori – Lucio Dalla – 1975



Texte de Roberto Roversi
Musique de Lucio Dalla
Album: Anidride Solforosa


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Et voici un de mes (désormais nombreux) retours au site. Même si, en réalité, je ne m'en vais vraiment jamais ; je me limite à regarder ce qui se passe et à m’exercer aux nobles arts de l'absence et de l'observation souterraine. Comme d'habitude, je reviens avec un « Extra » en le reprenant cette fois d'un des albums plus beaux et les plus importants de toute la chanson d'auteur italienne : Anhydride Sulfureux, écrit en 1975 par le poète Roberto Roversi sur la musique et pour l'interprétation de Lucio Dalla.
Roberto Roversi était un lecteur attentif des faits divers ; dans le même album, est présente par exemple une chanson, Carmen Colon dédiée à une enfant d'onze ans qui avait été victime d'un tueur en série. Mais celle-ci est une chanson de non-événement. Un épisode, peut-être relaté en deux lignes dans un journal local. Un suicide, comme on dit, « sans raison apparente ». À écouter ce dur et émouvant poème en musique, on ne peut s'empêcher de penser à la « nomina nude »  d'Umberto Eco ; c'est en effet un nom « nu » ce que nous trouvons ici.


Emilia Villesi. « Une femme quelconque » – comme l'écrit Alessio Lega dans
A-Rivista Anarchica (A – Revue Anarchiste )« qui fatiguée de vivre, se suicide en se jetant dans le Pô ; ce n'est pas le suicide romantique d'un poète qui court contre sa tempête, plutôt une reddition à l'horreur des voies maigres et inutiles du quotidien, en sachant que ses jours ne peuvent pas changer, c'est l'euthanasie de la vie considérée comme un mal incurable. » On pourrait ajouter bien peu à ces mots ; peut-être seulement mettre l'accent sur le terrible bouleversement du paysage de la campagne qui semble accompagner et souligner le geste final d'une pauvre femme qui se jette dans le fleuve en abandonnant la bicyclette sur le rivage et en tenant avec soi un bouquet de fleurs.
Si ceci est un site de « Chansons contre la guerre », celle-ci est une chanson qui parle de la quotidienne et indéfinissable guerre des vies ; qui est souvent perdue. Peut-être, peut-être, dans quelque archive oubliée, de vieux journaux ou de dossiers légaux et médicaux, on trouverait l'histoire d'Emilia Villesi ; mais on peut aussi bien dire que son histoire est toute ici, dans sa bicyclette par terre et dans ces six fleurs serrées dans son poing. À toutes les Emilia Villesi, à toutes les personnes qui se sont rendues est dédiée cette chanson et c'est une dédicace intemporelle. Une dédicace qui n'a pas seulement l'étendue des vers du poète, mais même l'architecture, tout aussi vaste de la partition du musicien. Ils furent trop peu ensemble ces deux Bolognais ; qu'ils le restent maintenant, et toujours, dans ce très vaste néant où ne les touchent ni le maintenant, ni le ici (ni le hic, ni le nunc). [RV]

 

 

 

 

Le soleil, cette année, est inquiet
Le chien s'enfuit de la maison
Et un veau ivre dans le pré
Encorne les pigeons.

 

Tous les cœurs de fleurs se glacent
Un fleuve lent rampe sur la poitrine
Au poil de loup de montagne
Et raconte ses toutes premières histoires.

 

Dans un ciel de vin et d'écume
Ce fleuve de glace et de plumes
Arrache des éclairs de feu aux prairies
Et tient ouvert sur l'eau un parapluie.

 

Femme et arbre sont vieillis
La chaise et la porte sont libres,
C'est l'heure : personne ne reste.

La plaine est cette herbe qui frémit.

 

La femme enfourche la bicyclette
Entre les cannaies et la digue haute,
Au bord du fleuve, elle ôte ses sandalettes :
L'eau écume, la vie a hâte.

 

Femme et arbre sont vieillis.
La misère, c'est la faim plus nette.
Là au bord du fleuve, elle ôte ses sandalettes
Et serrant du poing six fleurs, frémit

 

Passe une vague, la femme s'y jette.
La vague coule, la femme est noyée.
La vague casse la longue journée.
La vague déchire cette ombre fluette.

 

C'était l'ombre d'Emilia Villesi
Qui dans le Pô, transit
Bicyclette et sandales à terre,
Les fleurs au poing, elle serre.

 

Les chevelures fuligineuses
Voix des veuves sur l'eau,
Gifles des mains épineuses,
Parapluie ouvert au dessus de l'eau.

La misère, c'est la faim la plus noire.
Villesi Emilia avec ses pauvres habits.
S'est jetée dans l'eau du Pô, un soir
Pour mille ans, elle y vit.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 20:13

IL EST LÀ

 

Version française - IL EST LÀ – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – È lì – Lucio Dalla – Texte : Roberto Roversi – 1973

 

Dis-moi, Lucien l'âne mon ami, toi qui as parcouru le monde et qui t'es traîné dans toutes les montagnes de la Méditerranée, si comme moi, tu ne trouves pas cette chanson un peu énigmatique... Tu vois, je viens de la traduire et je n'aperçois pas bien de quel ressuscité elle nous parle. Ce ne peut-être notre ami Joseph, bien qu'il ait « disparu » avec son uniforme et son fusil en haut des Alpes et que de glissement en glissement, d'avalanche en avalanche, il eût pu en effet comme Öetzi ressurgir au pied du mont. Mais voilà, s'il est officiellement mort en haut d'un mont du Piémont, il est ressuscité quelque part en Sardaigne, et dans la plaine encore et même dans la ville. Pour sa mort, il y a un an, elle se présenta à lui en Campine à plus de mille kilomètres des Alpes. Ce ne saurait être lui.

 

Et bien, mon ami Marco Valdo M.I., moi qui ai, comme tu l'as si bien dit, parcouru toutes les montagnes du pourtour méditerranéen, moi qui ai croisé bien des cadavres au pied de rochers, je suis aussi perplexe que toi. Je ne vois absolument pas de qui il peut bien s'agir... Peut-être que quelqu'un connaît la réponse à ce mystère... Comme c'est apparemment, d'après ce que je comprends un cadavre, on devrait laisser l'affaire aux gens spécialisés dans ce genre d'enquête. On pourrait faire appel au commissaire Montalbano ou alors, car il est beaucoup plus près de ce lieu, au commissaire Romeo Tarchinini, lequel comme son prénom l'indique est de Vérone... Mais enfin, comme tu l'as traduite, je te suggère quand même de la publier telle quelle, on ne sait jamais peut-être que quelqu'un éclairera ta lanterne...

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 


Nous interrompons la transmission... pour communiquer...

Que dans cette nuit de sérénité

De paix et d'amour

Est revenu le cadavre d'un homme... mort...

La chose est d'un exceptionnel insolite...

Elle est véritablement exceptionnelle car... Il y avait vingt ans...

Que dans notre beau monde... notre...

Ne mourrait plus un homme... et on n'en trouvait pas...

Nos équipes télévisées... se sont rendues sur place...

Dans une localité du Piémont... au pied du mont...

Et elles ont interviewé... le paysan... le berger... l'ouvrier, le...

En somme, cet homme qui a trouvé le cadavre...

Nous nous excusons par avance... l'émotion... le fait exceptionnel a... Bouleversé toutes les dames...

Toutefois, notre envoyé... auquel va notre remerciement pour avoir suspendu

La fête, la Noël... sa famille... est encore le gâteau à la main... s'est rendu là...

Il a interviewé cet homme...

 

Il était couvert de branches, couvert de cailloux, couvert de terre...

Il était couvert de branches, couvert de cailloux, couvert de terre.

Il était couvert de branches, couvert de cailloux, couvert de terre.

Il était couvert de branches, couvert de cailloux...

 

Ses yeux ! Ses yeux... ses yeux... – Non , je n'ai pas vu ses yeux,

Ils étaient couverts de branches, ils étaient noirs de terre, ils étaient verts de bois...

 

Ses cheveux ! Ses cheveux...– Non , je n'ai pas vu ses cheveux,

Rouges de sang, de poussière et de boue, ses cheveux,

Des plumes arrachées à des oiseaux...

 

Sa bouche, sa bouche... – Non, je n'ai pas vu sa bouche...

Elle était remplie de terre, elle était couverte de branches, de cailloux avec ses lèvres éclatées..

Non !... Sa bouche se taisait...

 

Sa main... Sa main... – Si, sa main vivait !

Elle était couverte de branches, de cailloux, elle était couverte de terre... – Mais, sa main resplendissait,

Oui, elle brûlait, sa main chantait...

Sa main serrait la crosse boueuse...

d'un fusil de guerre.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
22 juillet 2009 3 22 /07 /juillet /2009 21:52

LE COLONEL

Version française – LE COLONEL – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Il Colonnello – Lucio Dalla – 1971

 

Des colonels, il y en eut beaucoup – dans le genre. Quelques années avant la chanson de Lucio Dalla, les Grecs venaient d'en prendre une belle brochette. Tous colonels, tous fascistes. Mais outre le colonel, on eut droit à des lieutenants, des capitaines, des généraux et même, un maréchal.

Quant à l'homme providentiel, on le collectionne aussi. On relève ainsi à s'en tenir à l'Europe, dite occidentale : un peintre raté (D), une mâchoire prognathe (I), un général félon (Esp), un économiste distingué (P), des colonels (GR), un homme d'affaires (en ce compris, love affairs) (I), un avocat mal élevé (F), un Maréchal gâteux (F)...

 

Oh, oh, dit Lucien l'âne, c'est pas chez nous les ânes qu'on trouverait de si étonnantes figures. Mais, dis-moi, il y en a donc des pareils dans bien des pays...

 

Certes, Lucien mon ami l'âne, mais tu connais bien des histoires et tu en sais sans doute autant que nous tous réunis... Il y a toujours des gens d'ordre, de discipline qui entendent se faire entendre et qui se lancent dans des discours incendiaires ( qui parfois aboutissent à de vrais incendies ) où il est question de nettoyage ( le plus moderne parle de nettoyer au Karcher – cet homme est un fana de télé et très ami des publicitaires)...

 

Mais en somme, dit Lucien l'âne à l'œil vif comme l'éclair, il faut vivre avec son temps...

 

Je disais où il est question de nettoyage, de travail, de famille, de patrie, d'honneur, de grandeur et de tas d'autres choses du genre. Mais là aussi, tu en as déjà entendu de toutes les sortes toi aussi...

de ces stupidités...

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

 

 

Un gentilhomme d'un certain âge, monocle et frac

Qui doit vivre là

En colère dit comme çà...

Les clochards couchés sur la rue,

Les nègres, la mafia et la drogue.

Ah, de mon temps

Il n'y avait pas tout çà.

Les coupables, je les connais :

Les défaitistes, les communistes et les pédérastes.



Bonnes gens d'âge,

Aujourd'hui, la racaille

Se fait toujours plus canaille !

Mais finalement viendra

Celui qui remettra

Le pays droit.

La barque sera nettoyée

Des grèves et de la “dolce vita”.

Ah, je serai avec lui,

Ce jour-là, tu sais.

La liste, je l'ai :

Les défaitistes, les communistes et les pédérastes.

 

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21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 21:12

...ET NE PLUS PARTIR

 

Version française – ...ET NE PLUS PARTIR – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – … E non andar più via – Luccio Dalla – 1977

 

 

1977. Bologne. Cette chanson, à sa manière, en parle. Elle est fille de ce temps. .. « les émotions qu'elle suscite sont uniques. Chaque image décrite est une référence concrète à mille discussions et à mille réflexions »...

 

 

J'ai laissé mes pantalons dans une cour

J'ai aussi perdu une main dans une impasse

C'était par un après-midi d'avril

À force de la regarder, mes yeux ont été emportés par une grosse dame

Mes lèvres, je les ai laissées toutes les deux sur une autre bouche

Ou une fontaine, à laquelle on ne touche pas quand on est prudent.

Mais ça me brûle comme un vieux pétard...

Ou tu meurs, ou je meurs

À compter d'aujourd'hui, Rome aura un autre Dieu

Moi, je m'en vais

Moi, je m'en vas...


Où fermant les yeux, on entend les chiens aboyer,

Où quand on ouvre les oreilles ni la rage ni l'épouvante ne les ferment

Mais on pense juste en suivant le vol des oiseaux et leur rythme lent.

Où on peut trouver un Dieu dans les mains d'un homme qui travaille,

Où on peut renoncer à une joie pour une tendresse subtile

Où on peut naître et mourir avec l'odeur de la neige

Où on paye le prix juste pour manger, boire et faire l'amour.

Où, tudieu, la journée est encore faite de vingt-quatre heures

Et tu peux tuer ton passé avec le dieu qui l'a créé

En regardant avec dureté son visage.

Avec la force du poing fermé et d'un sourire

Et courir vers les autres pour rencontrer ton futur.

Qui aujourd'hui est juste le tien

Et ne plus partir

Et ne plus partir

Et ne plus...

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24 avril 2009 5 24 /04 /avril /2009 20:59

L'AUTO DU SUD

 

Version française – L'AUTO DU SUD – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Un'auto targato TO – Lucio Dalla – 1973

Texte : Roberto Roversi.

 

« Chanson très années 70 ». Plaçons-nous en 2009. Une auto venant de Bucarest, ou Tirana, ou d'où vous voudrez. Ou même de Turin, avec ces nouvelles plaques ... Ou n'importe quelle autre plaque, même d'Italie du Sud. De vieilles autos chargées d'immigrés, des usines du Nord aux champs de tomates du Tavoliere ou de l'Agro Domizio. Ce pays qui a connu l'émigration interne et externe, à présent importe de la main d'œuvre méprisée. Dans de nombreux cas, ce sont des esclaves. Sans que pour cela, son Sud ait cessé de s'en aller ailleurs. Travail, travail, travail. Mains. Histoires. Je ne suis pas sûr que cette chanson soit tellement « années 70 ». Les autos sont différentes. Il n'y a plus l'Alfasud , il n'y a plus la 127. Il y a encore et toujours plus, des mères défaites, des pères qui cherchent à élever leurs enfants avec des salaires de famine, des jours de malheur, des filles vendues. Il y a toujours les appartements à construire, qui ne coûtent plus « cinquante millions », mais trois cent mille Euros. Il y a, toujours plus, l'Italie dévastée et dévastante du pouvoir. Et le Sud, et tous les Suds abandonnés , qui voient leurs petits bouts de futur se réduire de plus en plus. C'est une chanson de 2009. [R.V.]

 

 

 

Une vieille auto remonte

De Scilla à Turin,

Dedans il y a dix yeux

Et un seul destin.

 

L'enfant a une balle

Et attend la cour

Avec un peu de soleil au milieu,

Le peu de soleil d'avril.

 

Le garçon

Grilles et chaînes,

A vingt ans

Vingt ans de peine !

 

La fille,

Vendue à l'heure,

Dans la campagne

Saigne sang et sueur.

 

La mère est une forme défaite

Au dessus des yeux, elle des cheveux de lait.

Le père est fiché, surveillé

Dès qu'il descend sur l'asphalte, il est arrêté

Leur paysage est une Italie éventrée

Par les excavatrices qui l'ont dévorée.

 

Ils arrivent dans leur ghetto

Moisi et cassé

On compte les pierres

À l'intérieur du fil barbelé.

 

Ce lieu céleste s'appelle Turin

Aux longs et grands boulevards, aux splendides monts neigeux,

Sur le cristal vert du Valentino,

Illuminé par toutes les rives du Pô.

Briques sur briques, les culs terreux sont condamnés

À construire pour les autres

Des appartements de cinquante millions.

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20 avril 2009 1 20 /04 /avril /2009 20:55

L'Ouvrier Gerolamo

 

Version française - L'Ouvrier Gerolamo – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – L'Operaio Gerolamo – Lucio Dalla – 1973

 

 

Turin, l'Allemagne, la banlieue parisienne, Milan (avec l'accent paysan) : lieux où l'on va travailler. Où on va mourir de travail. Où l'ouvrier Gerolamo, qui est tous les ouvriers, qui est tous les immigrés, qui est de tous les Suds. Qui est tous les rythmes de travail égaux, obsessionnels, inhumains. Qui est toute l'usine de l'abondance et des autres miracles. Qui est toute cette chose qui s'appelait communauté, et qui parfois s'appelait tout simplement lutte de classes. Qui est toute la solitude de la production pour le patron. Qui est la fatigue du soir. Le soleil se lève, puis se couche; l'ouvrier Gerolamo est partout. Encore. (R.V.)

 

Voilà une chanson qui ravit Marco Valdo M.I. qui lui-même se souvient que Marco Valdo, dont il s'inspire, vivait à Turin, était un terrone, un paysan, venu tout exprès dans la ville pour gagner de quoi survivre à peine, mais survivre quand même, lui, sa femme et ses six enfants.

Marco Valdo M.I. qui a écrit (avec Mario Pusceddu) l'histoire d'une association d'ouvriers italiens émigrés dans le pays de Liège (Storia della Leonardo da Vinci di Seraing – Histoire de la Leonardo da Vinci de Seraing – Non siamo più cose, ma protagonisti – Ora e sempre : Resistenza ! ) , se sent lui-même un exilé, un émigré, mais dans son propre pays; il vit en colonisé comme tous les pauvres du monde. Voilà pourquoi il est entré en émigration permanente, comme d'autres sont entrés dans les ordres. Par amitié, par solidarité, par révolte contre l'iniquité libérale.

 

Marco Valdo M.I. voit aussi le soleil se lever sur la montagne, tomber à l'eau, chaque jour... et lui aussi, a appris à résister, résister encore.

 

Ora e sempre : Resistenza !

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

 

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et je suis encore chez moi

Le soleil tombe à l'eau

Et sur la poussière de la route.

 

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et maintenant je suis à Turin

Le soleil tombe à l'eau

Et dans un coin, seul comme un chien

Je gis dans une flaque de vin.

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et me voici en Allemagne

Le soleil tombe à l'eau

Étendu dans une baraque

Dans le noir avec sur le dos un vieux tricot

Et une lampe qui ne fonctionne pas.

 

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et je suis à Nanterre, faubourg de Paris

Le soleil tombe à l'eau

Et avec d'autres compagnons

Je veille un pauvre Italien, mon ami Luigi.

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et me voici arrivé à Malan

Ville d'abondance, de miracles et de la Madone

Le soleil tombe à l'eau

Et je n'ai plus la force de regarder ma main.

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et je suis piégé ici dans la campagne

Le soleil tombe à l'eau

Si un saint veut m'aider

Je me trouverai finalement une grotte

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Je suis blessé à mort, à la poitrine et condamné

Ouvrier pauvre, berger pauvre, paysan pauvre.

 

Le soleil se lève au-dessus de la montagne

Et un autre a déjà pris ma place.

 

 

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