Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 février 2022 7 20 /02 /février /2022 17:51

 

La Sagesse des Dirigeants

 

 

Chanson française – La Sagesse des Dirigeants Marco Valdo M.I. – 2022

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ;

 

 

Épisode 24

 

 

 

 

L’AVENUE KRASIKOV

 

Erik Boulatov – 1977

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Lucien l’âne mon ami, ce voyage en Zinovie, ne nous réserve pas seulement un trajet dans le territoire contemporain (ou presque), il s’étale également, comme sans doute tu l’avais remarqué, à travers l’histoire zinovienne récente. Grosso modo, à partir de la grande révolution qui l’avait bouleversée et dont on perçoit encore les effets sur le pays, mais aussi sur les gens, tenus à être des révolutionnaires malgré eux. C’est le discours dominant et bon gré, mal gré, tout le monde doit s’y plier au moins formellement.

 

Oui, certes, dit Lucien l’âne, mais les choses ont évolué et il me semble logique de penser qu’elles évolueront encore.

 

C’est le sujet de la chanson que cette évolution, répond Marco Valdo M.I. ; elle commence par rappeler le début de la période révolutionnaire quand le nouveau régime s’était installé :

 

« Quand on était gamins-gamines,

Dans la cour derrière l’usine,

Tout seul entre des débris de marbres,

Du bitume fissuré et des poubelles,

Vivotait un petit arbre. »

 

Puis, elle en montre l’évolution : au début, vivotait l’arbre ; à présent, il y a des parcs. Remarque que c’est un point de vue urbain. On sait par ailleurs quel fut le destin des campagnes qui pour l’essentiel, ont été abandonnées à leur sort et désertées. Ensuite, il y a les grandioses projets d’avenir : créer la société nouvelle, créer la nouvelle humanité et pour cela, produire un nouveau type d’homme, transformer les gens de sorte qu’ils conviennent aux dirigeants.

 

Oh, dit Lucien l’âne, c’est un peu le slogan : « Si le peuple ne convient pas, qu’on fabrique un autre peuple ».

 

Eh bien, répond Marco Valdo M.I., il me semble que tu as parfaitement résumé la chose. Il faut adapter les gens (l’homme, la société, l’humanité) au monde tel que le conçoit le guide. Pour y arriver, il y a encore du chemin à faire et dans la chanson, on commence à voir s’installer une stratification sociale, dont je ne sais si elle sera pérenne, géologique ou si elle va à son tour se détendre en une nouvelle explosion ou plus silencieusement, s’effondrer sous le coup d’une évolution – peut-être venue d’ailleurs – qu’elle ne pourra retenir, ni suivre. Cela dit, je ne suis pas devin et la chanson n’en dit rien non plus.

 

Alors, dit Lucien l’âne, attendons et tissons le linceul de ce vieux monde bouleversant, étonnant, détonnant, explosif et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Quand on était gamins-gamines,

Dans la cour derrière l’usine,

Tout seul entre des débris de marbres,

Du bitume fissuré et des poubelles,

Vivotait un petit arbre.

Avec des bouts de bois, des boîtes, des ferrailles,

Avec les saletés ramassées à la pelle,

On bâtissait des palais, des murailles ;

On se faisait un monde fantastique.

Maintenant, on a des avenues, des trottoirs ;

On a des parcs, les cours sont magnifiques.

Maintenant, on se nourrit d’ennui et de désespoir.

 

La Zinovie veut créer la nouvelle société,

Au modèle de la nouvelle humanité,

Adapter les hommes normaux,

Faire de tous des hommes nouveaux.

L’homme nouveau devra travailler

Comme on lui indiquera,

Pour ce qu’on lui donnera.

Il devra encenser les chefs, les aimer,

Les applaudir, les admirer, s’extasier.

Ne pas élever la voix, jamais discuter.

L’homme nouveau sera l’idéal vivant

De tous les dirigeants de tous les temps.

 

Avec tout ça, en Zinovie,

On a une solide hiérarchie.

On a des chefs, des dirigeants

Et des subordonnés obéissants.

Avant la population était le milieu

D’où s’extrayaient les responsables.

À présent, les chefs se reproduisent entre eux.

Maintenant, on a une division stable :

Un groupe sans trop de besoins, peu exigeant,

Des gens obligés, endurants, travailleurs ;

Et puis, un groupe puissant aux besoins croissants,

Heureux et avide de conquérir le meilleur.

 

Grâce à son Guide et à ses dirigeants,

La Zinovie est un pays puissant.

Elle peut venir à bout certainement

De tout problème, faire n’importe quoi,

Mais pas tout en même temps,

Pour sortir d’un embarras,

La vraie question est comment ?

Alors, on réunit les dirigeants,

Ils classent l’affaire prioritaire

Et chargent d’autres de faire le nécessaire.

Les dirigeants ne font rien personnellement :

Telle est la sagesse des dirigeants.

 

 

 

La Sagesse des Dirigeants
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
18 février 2022 5 18 /02 /février /2022 18:40

 

MOINS DIX

 

Version française – MOINS DIX – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la traduction italienne – MENO DIECI – Riccardo Venturi, 15-2-2022 19:37

d’une

Chanson russe – Без десяти Bez desjati – Kino / Кино – 1983

Paroles et musique : Viktor Coj [Tsoi]
Album : 46


 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

C’est une chanson d’apparence légère, dit Marco Valdo M.I., mais seulement. Elle raconte, elle relaie plutôt la voix d’un gars ou d’une fille ; bref, de quelqu’un, d’une personne qui s’éveille trop tard et du coup, va arriver en retard au boulot.

 

Oh, dit Lucien l’âne, voilà qui est banal ; ça arrive des millions de fois tous les jours. Il n’y a pas de quoi fouetter un chat.

 

Certes, dit Marco Valdo M.I., on peut l’envisager ainsi et c’est souvent le cas et pas toujours pour les mêmes ; tout dépend du cas, des circonstances, dans quelle entreprise, cet événement se déroule. Et aussi et surtout de qui est en retard.

 

Oui, dit Lucien l’âne, vu comme ça, la chose se complique. J’imagine que selon le rang, le grade, la fonction, le métier, le retard a des conséquences variables. Par exemple, déjà que les dirigeants et les cadres d’entreprises ne sont pas tenus aux mêmes contraintes horaires que les employés ou les ouvriers et même souvent, ils ne sont pas obligés de pointer. Les subalternes le sont quasiment toujours. C’est du moins la coutume dans beaucoup d’endroits. Par ailleurs, ce n’est guère différent dans les administrations et dans les armées.

 

Oui, dit Marco Valdo M.I., l’heure est un marqueur ; c’est ainsi que ça fonctionne. C’est un reflet de la Guerre de Cent Mille Ans qui impose à certains (les pauvres, les faibles), l’obligation de pointage, de qui est épargné à d’autres. La Fontaine le notait déjà : « selon que vous serez puissants ou misérables »

 

Hé, dit Lucien l’âne, et je suis bien placé pour le savoir, ce cher La Fontaine avait écrit très exactement ceci :

 

« Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. »

 

Oui, répond Marco Valdo M.I., je sais, j’ai mis volontairement le pluriel, car la chose est plurielle et le phénomène assez général. Et puis, je te rappelle qu’en Zinovie, par exemple, pour un retard de quelques minutes, on pouvait être envoyé dans un camp de travail et affecté à un bataillon disciplinaire et finir ainsi dans le Bataillon des Suicidés ; il faut donc prendre en compte le pays dans lequel on se trouve. C’est pas le même régime partout.

 

Ou de l’époque, reprend Lucien l’âne, car la tolérance aux impératifs horaires fluctue à travers les ans et les âges, car elle est également liée à la conception du temps, à la capacité de le mesurer avec plus ou moins de précision et aussi, à la conception du travail, aux moyens techniques et de transport dont on dispose. C’est aussi une donnée sociale qui éclaire sur l’état mental et social de la société toute entière. Il est des sociétés tranquilles, qui s’en vont comme qui dirait au pas égal et mesuré du bœuf et il en est de frénétiques qui vient en permanence dans la tension et le souci de la rapidité. Ces dernières sont liées à la folle conception de la rentabilité qu’on s’échine à imposer à tous les niveaux et dans tous les lieux de la société. On voudrait même y contraindre les fonctions biologiques élémentaires : nourriture, sommeil, repos, détente jusque et y compris, la défécation.

 

C’est plus qu’inquiétant pour ce qui est de l’espèce humaine, dit Marco Valdo M.I., que cette mécanisation de la vie quotidienne où tout doit s’emboîter en temps et heure tout comme est des plus létale cette avidité de richesses qui la guide.

 

De fait, Marco Valdo M.I. mon ami, l’espèce humaine ferait bien de lever le pied et pourquoi pas, en profiter pour lever la jambe, sinon à ce régime, elle va finir par se brûler. Un peu de farniente n’a jamais été de trop pour préserver une certaine qualité de vie. D’ailleurs, les riches et les puissants – les moins agités d’entre eux – ne s’en privent pas. Dès lors, sans nous presser, tissons le linceul de ce vieux monde agité, tendu, stressé, exact, manique, méticuleux, vétilleux et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 


Je dois être au boulot à l’heure,

À neuf heures,

Mais il est moins dix,

Déjà neuf heures moins dix

Et je viens de me lever.

Sur la table, il y a mon petit-déjeuner,

Je ne peux m’en passer.

Vu qu’il est quasi neuf heures,

Je ne serai pas au boulot à l’heure.

 

Déjà

Neuf moins dix.

Il est déjà

Neuf heures moins dix.

 

Comme justification, je vais écrire

Que j’étais chez le docteur.

Je vais aussi écrire que dans la rue

Je n’ai pas trouvé d’horloges.

Tant pis si au boulot,

On me réprimande.

Tant pis si au boulot,

On m’enguirlande.


Déjà

Neuf moins dix.

Il est déjà

Neuf heures moins dix.

MOINS DIX
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
14 février 2022 1 14 /02 /février /2022 20:46
JEUNES SOLDATS

 

 

Version française – JEUNES SOLDATS – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la version italienne – GIOVANE SOLDATO

d’une chanson russe – Боец молодойKino / Киноs.d.

 

 

 

JEUNES SOLDATS

 

 

 

 

Dialogue maïeutique

 

 

Peu importe finalement, Lucien l’âne mon ami, de quelle guerre il est question. Pour les jeunes (et les moins jeunes) qui y sont mêlés, qui sont emmêlés dans la mêlée, les dés du destin roulent toujours pareils à eux-mêmes : incertains, imprévisibles, mais certainement maléfiques.

 

« Et de ces batailles, perdues par vous,

Des voix maléfiques accourent vers nous. »

 

Oh, dit Lucien l’âne, c’est toujours le cas dans n’importe quel épisode de la Guerre de Cent Mille Ans, une foutue garce, on envoie des gens au casse-pipe. Comme quoi, la guerre est une terrible foire.

 

Donc, Lucien l’âne mon ami, pour en revenir à la chanson de Kino, la voix qui parle est celle d’un énigmatique et anonyme sage et elle s’adresse aux jeunes soldats qui s’en vont la fleur au fusil, qui s’en allaient hier, qui s’en iront demain encore. C’est la voix de la sagesse. Elle tente (mais y arrivera-t-elle, les paris sont ouverts ; ce n’est pas dit) de les dissuader. Elle l’avait déjà souvent dit et redit, mais ceux-là n’ont pas obéi et sont partis. Elle l’avait dit et redit dans tant de chansons comme par exemple : Quand un soldat de Francis Lemarque ou Regardez-les de Léo Ferré.

 

C’est ainsi depuis si longtemps, dit Lucien l’âne, et pour ce qui est des paris, je ne suis pas un certain Blaise Pascal qui, selon Jacques Prévert, aimait les paris stupides.

 

Je ne me souviens pas d’un temps où on ne glorifiait pas les héros, dont de façon générale et rituelle, la plus grande majorité se devait de mourir au combat ou était forcée de le faire.

 

Maintenant, reprend Marco Valdo M.I., il me faut dire que j’ai un peu modifié la chanson. Car si dans la version première, elle s’adressait à un jeune soldat, je l’ai tournée de sorte qu’elle s’adresse à tous les jeunes soldats. La guerre n’est jamais une affaire individuelle et il me paraissait utile de proposer l’injonction finale à l’ensemble des belligérants. D’ailleurs, c’est une magnifique idée que d’inciter les soldats à se muer en pompiers.

 

Ne jouez pas avec le feu, le destin est un mirage.

Le feu n’éteint jamais le feu,

Il faut vous armer de courage,

Vous devez être l’eau pour le feu.

On les fêtera comme les pompiers de Viggiù.

 

Oh oui, dit Lucien l’âne, il y a bien trop d’incendies et de catastrophes dans ce monde sans y rajouter des guerres, filles d’égos infantiles ou carrément débiles. Je ne sais trop comment qualifier des glorieux idiots qui guident les troupeaux humains vers le massacre. Alors, plus encore, tissons le linceul de ce vieux monde maléfique, impulsif, infantile, imbécile et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 


 

Vous avez choisi votre voie, vous allez vous battre,

Faut espérer que les baïonnettes ne vous frappent pas,

Et ne tombez pas, ne vous endormez pas,

Pour sauver votre peau et atteindre

Lobjectif : rentrer avec la victoire.

 

Jeunes soldats…

Jeunes soldats…


Le sage dit : Vous pouviez choisir,

Vous avez vous-mêmes décidé,

Mais le destin est sans pitié !

Vous ne m’avez pas obéi et décidé de partir.

Et de ces batailles, perdues par vous,

Des voix maléfiques accourent vers nous.


Jeunes soldats…

Jeunes soldats…

 

Les gars, à la fin, dit le sage,

Ne vous précipitez pas, c’est un long voyage,

Ne jouez pas avec le feu, le destin est un mirage.

Le feu n’éteint jamais le feu,

Il faut vous armer de courage,

Vous devez être l’eau pour le feu.

 

 

 

JEUNES SOLDATS
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
13 février 2022 7 13 /02 /février /2022 17:36

 

Le Bonheur des Gens

 

 

Chanson française – Le Bonheur des Gens Marco Valdo M.I. – 2022

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire

 

Épisode 23

 

 

 

LA MAISON DE CAMPAGNE

Héléna Gouro, 1910

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Ainsi, Lucien l’âne mon ami, la chanson s’intitule Le Bonheur des Gens.

 

Le bonheur ?, dit Lucien l’âne. Le bonheur est une drôle de bête.

 

Ah, dit Marco Valdo M.I., le bonheur est une bête ? N’est-il pas plutôt une chose, un état, un sentiment, une appréhension ?

 

Il peut être tout ça à la fois, répond Lucien l’âne, et aussi une bête, car à mon sens, en tout cas, le bonheur est un être vivant. Il va, il vient, il reste, il est quelquefois triste ou malade, il est joyeux, il respire et mille autres choses encore également.

 

Soit, dit Marco Valdo M.I., je ne sais si ton raisonnement peut s’appliquer à la chanson, il faudra y réfléchir. En attendant, ici, il est question du bonheur des gens et même, spécifiquement des gens de Zinovie.

 

Pourquoi, dit Lucien l’âne, le bonheur des gens de Zinovie est différent de celui d’autres gens, de gens d’ailleurs ?

 

Sans doute, convient Marco Valdo M.I., en est-il ainsi, mais à la vérité, je ne sais pas trop. Il faudrait voir, mais ce serait assurément une autre histoire. Tenons-nous-en à ce que dit la chanson ; après, chacun continuera pour soi la réflexion sur cet inépuisable sujet.

 

D’accord, dit Lucien l’âne.

 

Alors, allons-y, Lucien l’âne mon ami. Je vais procéder comme d’autres fois, de façon ordonnée. Il y a dans la chanson, assimilé au bonheur dans sa version projective, l’avenir radieux. Il sert de ritournelle. L’avenir radieux, c’est le bonheur promis, quand c’est son heure (toujours dans le futur), le bonheur effectif, le bonheur réalisé. Cependant, comme on le dit ici, je veux dire en Zinovie, on (un mot qu’il faudrait également décortiquer ; disons provisoirement, les responsables) pense qu’on peut de quelque façon y atteindre : c’est le bonheur chimique.

 

Ho là, dit Lucien l’âne, à ce train-là, on y sera encore demain ; dis-moi l’essentiel.

 

Je continue, reprend Marco Valdo M.I. ; ensuite, on distingue le bonheur comme une abstraction, une sorte de fantasme insaisissable. Puis, il y a les petits bonheurs des gens (celui que chantait Félix Leclerc – Le Petit Bonheur) et du grand bonheur des puissants qui les écrase.

 

Là, Marco Valdo M.I. mon ami, c’est une métaphore de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres gens pour les dominer, les exploiter, en tirer profits, avantages et bénéfices. Mais, je t’en prie, continue.

 

Au deuxième refrain, indique Marco Valdo M.I., le bonheur est plus facile à résumer. Il est à peu près clair qu’on peut l’envisager comme un état de vie où ne pénètre pas le malheur ou qui en tout cas, s’y oppose. C’est celui qui advient parfois à certaines gens ; la chanson ne dit rien de sa durée. Au troisième refrain, on trouve l’ironie du bonheur et enfin, au quatrième, on découvre une forme de bonheur trivial et à tout le moins, terre à terre et matérialiste. Voilà tout.

 

Juste une remarque avant de conclure, dit Lucien l’âne. On peut certainement parler du bonheur comme d’un avenir radieux et quasiment identifier l’un à l’autre ; c’est les rendre tous deux inaccessibles, en faire des objets téléologiques et sublimes. Pour ma part, je m’en tiendrai aux petits bonheurs qui ont le mérite immense de la réalité quotidienne. Ils sont certes de courte vue et de courte vie, mais ils se multiplient indéfiniment pour ceux qui savent y faire, pour ceux qui veulent bien les considérer. De plus, eux sont saisissables, tangibles et quand on se décide à les ressentir, on en tire de grandes joies. Je n’en dirai pas plus. Maintenant tissons le linceul de ce vieux monde téléologique, finaliste, menteur, prometteur et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Chez nous en Zinovie, on conçoit le bonheur.

Par la synthèse du rêve en couleurs,

On rend l’homme heureux avec une piqûre,

Fruit d’une chimie impure.

Le bonheur est une abstraction,

Faite d’espoir et d’illusion,

Un chatoiement métaphysique.

L’humanité n’a pas ce but unique,

Les gens ont des désirs divergents,

Les petits bonheurs sont contrariés.

Le grand bonheur des puissants

Incarne l’avenir radieux de l’humanité.

 

Elle téléphone l’autre soir,

Elle a des questions à poser.

Elle prend un taxi et vient me voir,

Elle apporte aussi à manger.

Et puis sans préambule, sans drame,

Comme une vraie dame,

Elle reste chez moi,

Tout le reste du mois.

Passe le temps, passent les semaines,

Pas une dispute, pas une scène,

Je ne t’abandonnerai pas au malheur.

C’est l’avenir radieux du bonheur.

 

Des pantins grotesques nous guident,

Encensent le Guide et ses mots vides

Hypnotisent – tic-tac – les foules

Et la chorale caquette telle la poule.

Le guide un génie, quelle plaisanterie !

Calculez le prix de ces discours,

De ces portraits, de ces bustes, de ces causeries ;

Tout ça coûte cher, tout ça pèse lourd.

Voyez les frais, faites l’addition,

Le tout payé par la mauvaise alimentation,

Les bas salaires, le manque de logement,

Et l’avenir radieux qui nous attend.

 

Grand-père est de la vieille garde des fameuses années ;

Grand-père dit : On ne s’est pas battus pour nous,

On s’est battus pour vous.

Grand-père dit : Ne cède pas aux nouvelles idées.

Grand-père dit : J’ai une longue expérience,

Il faut me faire confiance.

Si tu vas tout droit, tout sera pour toi :

La voiture, la maison de campagne, l’appartement.

Grand-père dit : c’étaient de durs combats,

On les menait pour nos descendants.

C’est la lutte de toute une vie

Pour l’avenir radieux de la Zinovie.

 

 

 

Le Bonheur des Gens
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
12 février 2022 6 12 /02 /février /2022 11:49

 

MA ZONE DÉNUCLÉAIRE


 

Version française – MA ZONE DÉNUCLÉAIRE – Marco valdo M.I. – 2022

D’après la version italienne de Riccardo Venturi – 2022

d’une

Chanson russe – Я объявляю свой дом [безъядерной зоной !] – Ja obŭjavljaju svoj dom [bezŭjadernoj zonoj !]Kino / Кино – 1985

Paroles et musique : Viktor Coj [Tsoi]

Album : Это не любовь… [« Ce n’est pas de l’amour… »)

 

VOLONTAIRE POUR TCHERNOBYL !

 


 


 

En y réfléchissant (pas mal), cette chanson date de 1985. Elle fait partie de l’album intitulé Это не любовь…, qui signifie : « Ce n’est pas de l’amour… » (tout comme le premier titre de l’album). En 1985, Viktor Coj (Tsoi), fils d’un de ces Coréens déportés par Staline en 1937 (la famille Tsoi était originaire d’un village de l’actuelle Corée du Nord), était déjà une légende du rock soviétique, aussi pauvre qu’il le restera jusqu’à la fin de sa courte vie, 23 ans et récemment marié à Marianne. Un fils lui est né en 1985. Il était si pauvre que sa femme disait qu’elle ne pouvait même pas se payer une robe de mariée. Ils vivaient dans un misérable petit appartement de Léningrad, qui n’était pas encore redevenue Saint-Pétersbourg, et dont la minuscule cuisine avait été ironiquement surnommée “Kamchatka” – le Kamchatka, comme nous le savons, est une vaste péninsule de l’Extrême-Orient russe qui salue de la main le Japon. Mais, comme nous le disions, nous sommes en 1985, et cette année a sa propre signification importante ; c’est l’année où Gorbatchev arrive au pouvoir après la mort « d’un refroidissement » d’un autre hiérarque soviétique, Konstantin Cernienko. En bref, la fameuse “perestroïka”, qui signifie littéralement “restructuration”, a commencé. Dans tout ce brouhaha de rénovations, de rhumes et de cuisines transformées en Kamchatka, Viktor Tsoi a eu une idée : déclarer sa maison « zone nucléaire ». Une idée folle ? Cela aurait pu être le cas, si ce n’était ce qui s’est passé environ un an plus tard (le 26 avril 1986 pour être exact) dans une petite ville à la frontière entre l’Ukraine et la Biélorussie, je ne sais pas si quelqu’un s’en souvient, dont le nom commençait par “Cerno” et où se trouvait une centrale nucléaire bien plus grande que la cuisine de Viktor Tsoi à Léningrad. Comme s’il pouvait le pressentir. Notamment parce que de la maison, on passait à la cour, de la cour à la ville, puis à quelque chose d’indéfini et libre de menace. [RV]

 

 

 

 

Dialogue maïeutique

 

 

Aujourd’hui, Lucien l’âne mon ami, nous revoici à faire la version française d’une chanson russe du groupe Kino et de son auteur Viktor Tsoi, dont nous avons récemment proposé une autre chanson : Général et une autre encore : Demain la Guerre. Celle-ci s’intitule « Ma Zone dénucléaire ».

 

C’est un titre inquiétant, dit Lucien l’âne, car il semble renvoyer en creux, en négatif à un pays, une région, un monde marqué, inquiété, hanté par un danger nucléaire.

 

En effet, c’est bien ce que vise la chanson, répond Marco Valdo M.I., sinon – s’il n’y avait pas de danger pourquoi transformer sa maison en « zone dénucléaire », ce qui suppose évidemment qu’avant transformation, elle se trouve dans une « zone – pays, région, monde » nucléaire. Il nous reste à prendre en compte que cette chanson date de près de 40 ans et qu’elle a tout l’air d’être d’à présent. Elle s’inscrit fort bien dans le courant antinucléaire et dans la mouvance écologiste qui s’est développée depuis cette époque.

 

Oh, dit Lucien l’âne, il avait raison, Viktor Tsoi, du moins dans la version française de vouloir un univers dénucléaire. À mon sens, s’il n’y avait que le nucléaire, on pourrait sans doute en venir à bout et le remplacer par autre chose. Mais – et c’est un terrible mais – le vrai problème, c’est l’avidité et la boulimie énergétiques de l’humanité, de l’espèce humaine qui, telle une énorme parasite, tel un insatiable pillard, mange toutes les ressources de la planète et lui laisse ses friches et lui retourne ses déchets. Par exemple, nous les ânes, on se contente de tellement moins de bâtiments, de routes, de choses. Il faudrait « déchoser » le monde et ce n’est apparemment pas la voie qui est suivie actuellement.

 

À la réflexion, conclut Marco Valdo M.I., je me demande si l’humanité n’est pas nantie du gène du développement absolu et si elle pourrait s’en libérer, en quelque sorte échapper à sa nature prédatrice, à sa folle ambition de dominer le monde. Comme il était dit dans une autre chanson – Faire ou ne pas faire ::

 

« Hé les hommes, que faites, vous ?

Il y a une morale, malgré tout. »

 

Et je proposerais volontiers d’ajouter ce refrain modifié :

 

Je déclare ma maison zone déchosée !

Je déclare mon jardin zone déchosée !

Je déclare ma ville zone déchosée !

Je déclare ma vie déchosée.

 

Enfin, répond Lucien l’âne, comme on dit : « Moins de choses, moins d’embarras, moins de tracas ». Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde boulimique, goinfre, adipeux, avide, aride (bientôt) et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Il y a quelque chose de faux dans ce refrain,

Mais où trouver qui l’écoute ?

Enfant désormais grandi, éduqué à la porte,

Maintenant vois le soleil, prends-le ! Il est tien !


Je déclare ma maison zone dénucléaire !

Je déclare mon jardin zone dénucléaire !

Je déclare ma ville zone dénucléaire !

Je déclare mon univers…

 

Comme les murs des maisons sont incertains,

Si quelqu’un refuse d’y mettre la main.

Je vois la maison, je prends une craie.

Il n’y a pas de serrure, mais moi, j’ai la clé.

 

Je déclare ma maison zone dénucléaire !

Je déclare mon jardin zone dénucléaire !

Je déclare ma ville zone dénucléaire !

Je déclare mon univers…

 

MA ZONE DÉNUCLÉAIRE
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
10 février 2022 4 10 /02 /février /2022 19:16

 

Faire ou ne pas faire

 

 

Chanson française – Faire ou ne pas faire Marco Valdo M.I. – 2022

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ;

 

Épisode 22

 

 

 

L’IVROGNE PERD LA TÊTE

Marc Chagall – 1912

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Quel titre encore, dit Lucien l’âne, on dirait une référence, une allusion au Prince de Danemark et moi qui croyais qu’on était en voyage en Zinovie.

 

Bien sûr, mon ami Lucien l’âne, que c’est une allusion, une référence à Hamlet et à sa fameuse tirade. Cependant, il y a une différence et elle est essentielle. Hamlet dit textuellement « To be or not to be ; that is the question. » (III, I, 56) – qu’on traduit sans aucune erreur possible par « Être ou ne pas être ; c’est la question. » et le soliloque anonyme de la chanson dit : « Faire ou ne pas faire, telle est la question. », ce qui est d’évidence, une autre affaire. Cette méditation d’Hamlet pose une question centrale d’ordre philosophique ; celle e la chanson est tout aussi centrale, mais pour l’éthique, pour la morale ; elle interroge la légitimité fondamentale de l’acte ou de l’action. Autant l’« être ou ne pas être » est statique, autant le « faire ou ne pas faire » est mouvement.

 

Ça va, dit Lucien l’âne, j’ai compris. Mais ne peux-tu plutôt synthétiser la chanson ?

 

Certainement, répond Marco Valdo M.I., et c’était mon intention de relier les quatre strophes à la lumière de ce « Faire ou ne pas faire ». Donc,

— La première indique que le dilemme n’est pas la bonne question, dans la mesure où la réponse ne peut être qu’une impasse logique. C’est le cas de force majeure.

— La deuxième tranche nettement en faveur de la morale.

— La troisième pour le dilemme de l’artiste (forcément) novateur face au pouvoir, au bon goût, à l’académisme.

— La quatrième montre le jeu du faire et une autre de ses impasses.

Pour les détails, je laisse chacun les découvrir.

 

Parfait, dit Lucien l’âne. Avec tes explications, je ne sais toujours pas ce que raconte la chanson, mais par contre, je comprends son ressort caché. C’est l’essentiel. Je m’en vais à présent voir les détails et surtout, retenir qu’il y a des choses qui se font et des choses qu’on ne fait pas. Pour le reste, en ce qui nous concerne, nous faisons ; la preuve, nous tissons le linceul de ce vieux monde faiseur, bâtisseur, destructeur, dégradeur, rongeur, consumeur, consompteur et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Faire ou ne pas faire, telle est la question

Et la réponse a des airs d’équation.

Le soleil descend, la foule panique et fuit

Devant un groupe de chars ennemis.

Sur le chemin, une femme et son enfant

Se promènent tranquillement.

La foule fonce et sans même les voir

Piétine les promeneurs du soir.

Condamner la foule pour cet accident ?

Elle ne pouvait faire autrement.

Du reste, les chars ont écrasé sans retard

Les morts et la plupart des fuyards.

 

Hé les hommes, que faites, vous ?

Il y a une morale, malgré tout.

La femme était une employée compétente,

Une collaboratrice scientifique intelligente.

Parmi ses amis, un dissident.

De là, viennent tous ses tracas.

Pour prendre sa place, une autre fit fracas.

La dame aux agents du gouvernement.

À son travail pour s’en défaire,

L’autorité monta toute une affaire.

La femme avait de la personnalité,

Honnête et morale, elle refusa de dénoncer.

 

En Zinovie, la culture est populaire,

Elle obéit naturellement aux bons critères.

L’art est une affaire ténébreuse,

L’art libre est une pathologie dangereuse.

Pas question de laisser un génie

Inventer et créer en liberté.

Un art autonome est une insanie

Qu’il faut sérieusement limiter.

On séquestre œuvres et artistes ;

Pour assurer la sécurité artistique,

On interne les créateurs avant-gardistes

Dans des établissements psychiatriques.

 

En Zinovie, l’ivrognerie est une religion ;

On boit pour boire, c’est une vocation.

N’importe où, n’importe quand, n’importe quoi,

On biberonne, on s’imbibe, on tombe là.

En Zinovie, l’alcoolisme règne en général.

Pour le contrer, il y a le travail social.

Cette propagande a ses spécialistes,

Pas toujours ennemis de la bouteille.

En la matière, ce sont de vrais artistes ;

Ils tiennent le coup, une merveille.

Le zélateur nous a sermonnés encore,

Avant de s’effondrer ivre mort.

 

 

 

 

 

 

 

 

Faire ou ne pas faire
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
8 février 2022 2 08 /02 /février /2022 18:11

 

DEMAIN, LA GUERRE

 

Version française – DEMAIN, LA GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi – Domani guerra – 2022

d’une

Chanson russe – Завтра война (Zavtra vojna) – Kino / Кино – 1990


Paroles et musique : Viktor Coj (Tsoi)
Album : Чёрный альбом (« Black Album »)

 

 

 

LA LUNE SUR LE DNIEPER
Arkhip Kouïndji - 1880

 

 

Le très court morceau (35 secondes) qui clôt le « Black Album » de 1990 de Kino. Le « Black Album » est appelé ainsi en raison de sa couverture entièrement noire, qui ne contient que le nom de Kino. Il s’agit en fait d’un album sans nom, appelé par beaucoup seulement “Kino” (1990) ; le nom « Album Noir », par lequel il est maintenant communément appelé, est dû aux auditeurs (un peu comme “Indiano” de Fabrizio De André). Dans l’album original de 1990, même les chansons n’avaient pas de titre et étaient seulement numérotées de 1 à 8 ; ce n’est qu’en 1994 que les « titres de travail » des morceaux ont été révélés, qui ont depuis été indiqués. [RV]

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

J’avoue, Lucien l’âne mon ami, qu’une des gageures lors de la publication de chansons ou de leur version française est de trouver une illustration appropriée et en ce qui me concerne, si possible, une œuvre picturale – peinture, lavis, aquarelle, fresque, murale, dessin, croquis, gravure, que sais-je ? – ou photographique.

 

Et pourquoi donc, Marco Valdo M.I. mon ami ?

 

Mais tout simplement, répond Marco Valdo M.I., parce que j’aime ça.

 

C’est une excellente raison, répond Lucien l’âne.

 

Cette fois, reprend Marco Valdo M.I., l’illustration est un tableau d’un peintre ukrainien Arkhip Ivanovitch Kouïndji ; un tableau de 1880 qui représente la Lune scintillante au-dessus du Dniepr. Je rappelle que le Dniepr est ce fleuve venu de Russie par la Biélorussie et traverse de part en part l’Ukraine, arrose sa capitale Kiev pour finir son long parcours en un delta marécageux dans la Mer Noire. En l’occurrence, ce tableau situe très exactement le lieu et l’histoire que raconte cette chanson, celle d’un garçon qui se promène le long du fleuve sous la Lune en étant tout à fait inconscient de la guerre qui se prépare à éclater.

 

Ah, dit Lucien l’âne, celle à quoi immanquablement on pense, c’est sans doute celle qu’on imagine sur le point de se déchaîner – je dis ainsi car elle est en cours depuis des années, si ce n’est bien plus – dans laquelle, comme on le signalait à propos de l’autre chanson de Kino, GÉNÉRAL, cent mille (100 000) soldats russes s’apprêtent à venir « venir libérer les Ukrainiens d’eux-mêmes ».

 

Exactement, Lucien l’âne, et dernier mot, il convient de signaler que le peintre Arkhip Ivanovitch Kouïndji est lui aussi annexé par la Russie.

 

Pour le reste, dit Lucien l’âne, qui vivra, verra. Tissons le linceul de ce vieux monde morne, sombre, brumeux, blême, bleu, bleui, bleuté, bleuâtre, gris, grisâtre, grisé, grisouillard et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Au-dessus des champs, brume.

Au-dessus de la rivière, brume.

Viendra, viendra pas,

C’est un mensonge toutefois.

Dans le ciel, la lune est là,

Derrière elle, un mur d’étoiles danse,

Au-dessus de la ferme, on entend un chant.

Un petit garçon s’avance

Et ne perçoit pas un instant

Que demain, la guerre commence.


 

 DEMAIN, LA GUERRE
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
7 février 2022 1 07 /02 /février /2022 18:07

GÉNÉRAL
 

Version française – GÉNÉRAL – Marco Valdo M.I. – 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi – General – 2022

Chanson russe – Генерал : General – Kino / Кино1983

Paroles et musique : Viktor Coj [Tsoi]

 

 

 

La chanson, écrite comme presque toutes les autres par Viktor Coj (ou “tsoi”, comme on le traduit encore souvent dans l’ancien style), date de 1983 et provient à l’origine de l’album « 46 », qui fait suite au premier album studio de Kino en 1982, intitulé « 45 ». Plus tard, en 1984, la chanson a également été incluse dans le troisième album, Начальник Камчатки [Načalnik Kamčatki, « La tête de Kamčatka » ; « Kamčatka » était le nom que Coj avait donné à la cuisine de son très modeste appartement en 1985]. C’est une chanson courageuse : il est impossible de ne pas y lire des références explicites à l’aventure soviétique en Afghanistan, dans laquelle l’URSS s’était empêtrée sans pouvoir en sortir et qui a sans doute précipité sa disparition. [RV]

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Ohlala, dit Marco Valdo M.I., il y a tant de chansons dans le monde, tant d’autres choses, tant d’autres gens et tant d’autres populations et tant d’autres façons de vivre – rien que pur ce qui concerne l’espèce humaine, qu’on en a le cerveau tout retourné rien que d’y songer. Pour donner une idée, mais assez vague quand même encore, il y a dans ce labyrinthe des Chansons contre la Guerre, au moment où je te parle, plus de 60 000 chansons – originelles et traductions confondues. C’est dire l’ampleur de l’affaire.

Oui, dit Lucien l’âne, on peut y vaguer tant et plus, sans compter la diversion des 160 langues (j’arrondis) qui entrent en jeu. Soit, mais ensuite, quid de la chanson ?

 

Il faut ici préciser sans attendre, reprend Marco Valdo M.I., qu’elle s’intitule Général (dans sa version française), qu’à l’origine, elle est en langue russe et que son auteur est Viktor Tsoï. J’ajoute que le commentateur et traducteur italien Riccardo Venturi précise qu’elle fait allusion à la guerre et l’invasion (1979) et la retraite (1989) des armées russes d’Afghanistan, où cent mille – note bien le chiffre de 100 000, il est plus que symbolique, car on le retrouve de ces jours-ci dans tous les médias – soldats russes ont participé à l’opération Chtorm 333 (Tempête 333), qui fut rebaptisée à l’époque : « Opération Prague », en référence à la « libération de la Tchécoslovaquie envahie par ses propres habitants, opération menée par des armées amies en 1968 » – voir à ce sujet Le Printemps de Prague.

 

Oui, dit Lucien l’âne, la coïncidence est troublante ; on dirait que se répète la même scène, on dirait que l’Histoire bégaye. Une armée d’amis va-t-elle venir libérer les Ukrainiens d’eux-mêmes ? On dirait une absurde histoire de Zinovie. Enfin, voilà le cadre posé, mais quelle est l’anecdote de la chanson ?

 

Elle interpelle à mots couverts (c’est la pluie…), dit Marco Valdo M.I., un général apparemment à la retraite… C’est là que vont les généraux quand ils tombent en panne de guerre.

 

Ah, dit Lucien l’âne, voyons ça et tissons le linceul de ce vieux monde bégayant, radotant, rejouant ses vieilles rengaines et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


 


 


 


Où êtes-vous et avec qui, maintenant ?

Qui veut être juge finalement ?

Qui se souvient des identités ?

On a épuisé nos arguments,

Ne troublez pas la tranquillité,

C’est un très sombre moment.

 

Où est votre uniforme, général ?

Où sont vos médailles, votre dos raide ?

Vous n’avez pas entendu sonner la retraite,

C’est la pluie qui frappe votre toit, Général.

 

Tout le monde trouve le temps de sortir d’ici,

Mais personne n’ira jusqu’à le faire.

Ceux qui viennent parlementer, un après lautre,

Connaissent déjà le goût amer de ce fruit.
 

Où est votre uniforme, général ?

Où sont vos médailles, votre dos raide ?

Vous n’avez pas entendu sonner la retraite,

C’est la pluie qui frappe votre toit, Général.


On voudrait dormir, mais voici le thé.

Et la pièce est très bien éclairée.

Demain, la matinée pourrait être ensoleillée,

Finalement, trouvera-t-on la bonne clé ?


Où est votre uniforme, général ?

Où sont vos médailles, votre dos raide ?

Vous n’avez pas entendu sonner la retraite,

C’est la pluie qui frappe votre toit, Général.

 

 

GÉNÉRAL
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
5 février 2022 6 05 /02 /février /2022 17:46

 

Le Progrès

 

 

Chanson française – Le Progrès Marco Valdo M.I. – 2022

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ;

 

 

Épisode 21

 

 

LES MEULES

Isaac Levitan – 1900

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Ah, Lucien l’âne mon ami, d’abord, il me semble utile de repréciser que ce que rapportent ces chants de Zinovie n’est rien d’autre que l’écho – tel que perçu par les voyageurs – de récits, propos, discussions, discours et que sais-je encore des Zinoviens eux-mêmes. Il importe beaucoup que ce soit clairement établi. Cela dit, le progrès, qui est le titre et l’objet de la chanson, est une des grandes ambitions de l’espèce humaine. En Zinovie, c’est sa voie royale ; c’est une promesse constante, constamment renouvelée, toujours réitérée de guide en guide ; le progrès emmène toute la Zinovie vers l’avenir radieux ; il conduit le peuple vers le meileur des mondes, vers une perfection encore plus parfaite.

 

De ce fait, dit Lucien l’âne, le guide, l’ânier suprême en quelque sorte, ressemble au patriarche guidant le troupeau du peuple vers des prairies magnifiques toujours au-delà de l’horizon.

 

C’est un peu ça, répond Marco Valdo M.I., sauf qu’ils sont déjà arrivés.

 

Alors, dit Lucien l’âne, le progrès fait du sur place.

 

Tu galéjes, Lucien l’âne mon ami, sans doute, faut-il mieux dire que le progrès se fait sur place. Comme on le voit au début de la chanson, la Zinovie, qui a connu de glorieux grands épisodes guerriers, se pense avec un esprit tout martial ; la stratégie et la tactique sont des règles de vie et le pays fourmille de généraux, bardés de médailles. Deux mots, vite fait, pour situer Tacticus, le théoricien inventeur de la tactique (connu également dans le Disque Monde) et de son impérissable ouvrage : La Guerre zinovique, dont le modèle est certainement La Guerre gallique (De Bello Gallico) de son lointain prédécesseur : Jules César, modèle de tous les Césars à venir et de tous les Csars (alias guides) de Zinovie.

 

Je vois, je vois, dit Lucien l’âne. J’ai connu le premier sur les routes légionnaires lors de ses campagnes provinciales – un bonhomme chauve et un peu bègue. Et que raconte d’autre la chanson ?

 

Elle nous apprend, Lucien l’âne, plus exactement, la deuxième strophe nous rappelle qu’en Zinovie, l’alcoolisme n’est pas un fléau, c’est un caractère national très largement partagé :

 

« En respectant l’adage populaire :

« À chacun selon sa soif, avalons le verre solidaire ! »

 

Et les deux dernières strophes traitent du progrès tel qu’il est vécu en Zinovie depuis sa grande révolution ; cela, je te le laisse découvrir.

 

Je m’en vais le faire avec attention, dit Lucien l’âne. Pendant ce temps, tissons le linceul de ce vieux monde progressiste, perfectible, stratège, stratégique et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

 

 

Vivre ici, c’est avant tout résister.

C’est toute une pratique ;

Il faut pour se guider

La stratégie et la tactique.

La stratégie est l’invention du génial

Stratège militaire Stratégugus.

La tactique est l’invention du général,

Auteur de La Guerre zinovique, Tacticus.

La stratégie se résume à penser :

Il n’y a pas à réfléchir.

La tactique consiste à montrer

Qu’on n’a rien à redire.

 

Les citoyens habituels du pays

En deux camps sont répartis.

Les sobres, les abstèmes, les abstinents,

Et puis, les ivres, les ivrognes impénitents.

Parmi tous ces acharnés biberonnant,

On a d’un côté, les travailleurs et les dirigeants.

Ce sont les alcoolos, les siffleurs, les picoleurs

Qui trinquent en tout bien tout honneur,

En respectant l’adage populaire :

« À chacun selon sa soif, avalons le verre solidaire ».

Par ailleurs, les intellos, les absents, les mal-pensants

Qui se soûlent en groupes dissidents.

 

La Zinovie doit son indépendance

À ses grandes plaines arables

Capables de fournir en abondance

Légumes, fruits, blés, viandes convenables.

Un temps, on les négligea,

On industrialisait à tour de bras.

Les jeunes s’en allaient à la ville.

Devant l’usine, ils prenaient la file.

Sans paysans, le pays a dû acheter

Cher ses victuailles à l’étranger.

On décida de corriger ces inepties.

Ainsi court le progrès en Zinovie.

 

Depuis ce moment, on sème, on plante

Beaucoup plus qu’on ne peut récolter

Et à la fin, on récolte

Énormément plus qu’on ne peut stocker.

C’est l’inconvénient de l’abondance.

On dépasse toujours les objectifs.

Le guide comminatoire et impératif

Impose au travail d’héroïques cadences.

De cette épuisante et absurde vie,

La population, grosso modo, s’est satisfaite ;

Elle n’en veut pas une plus parfaite.

Ainsi court le progrès en Zinovie.

 

 

 

 Le Progrès
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
2 février 2022 3 02 /02 /février /2022 11:08
PRAGUE

 

Version française – PRAGUE – Marco Valdo M.I. – 2022

Chanson italienne – PragaMassimo Bubola – 1989

 

 

 

PRAGUE


 

 


Dialogue Maïeutique

 

 

 

Ah, Lucien l’âne mon ami, nous voilà de retour à Prague.

 

Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, finalement avec tes chansons, on est devenus des enfants d’Herbert Georges Wells, de véritables voyageurs temporels.

 

Quoi, dit Marco Valdo M.I., mais nous n’avons pas de machine ?

 

Certes, dit Lucien l’âne, nous n’avons pas de machine, mais nous avons les mots. Nous ne voyageons pas en peau et en poils, mais en chanson. Souviens-toi, à Prague, on y était déjà venus bien sûr quand on parlait d’Ilse Weber, Karel Kryl et d’autres, mais aussi en pèlerins pèlerinants avec Matthias, Matěj, l’Arlequin amoureux dont tu contas les aventures entre Marengo (1800) et Austerlitz (1815), au travers des lettres du Lieutenant : La Lettre de Marengo et La Lettre d’Austerlitz. On y était revenus avec Le Parti que créa pour les élections de Prague en 1911 et tout ce qui s’en est suivi, Jaroslav Hašek, l’auteur de Chveik, qu’on salua ici dans La Chanson de Chveik le Soldat.

 

Oui, répond Lucien l’âne, tout ça est bien beau, mais je suis sûr que ce n’est pas de ça que s’inquiète la chanson.

 

Ho, Lucien l’âne mon ami, laisse-moi terminer. Je laisse de côté les autres incursions que nous avons occasionnellement faites là-bas pour en venir directement à la chanson Praga de Massimo Bubbola, qui elle date de 1989. L’année a tout son sens. Donc, il faut se souvenir qu’en 1989, à Prague, à l’annonce de la chute du Mur de Berlin – autrement dit d’un énorme craquement annonciateur de l’effondrement de l’ère de glaciation, reprenant l’andante tchécoslovaque brutalement interrompu en 1968 par les touristes motorisés et lourdement armés, mais néanmoins, amicaux, qu’ils disaient –, se déclencha la révolution de Velours, qui est l’objet de la chanson. On festoyait à Prague et Sonia dansait jusque tard dans les rues de Prague ;

 

« Au long de la Moldau, on dansait l’une

Contre l’autre dans le vieux Prague. »

 

et la chanson de raconter ce temps où les chars ne servaient plus que de sapins de Noël, c’est la symbolique de la chanson.

 

« Les soldats et les rubans de couleur,

Accrochés aux chars des libérateurs,

Jouaient aux sapins de Noël, tranquilles

Au beau milieu de la ville. »

 

Eh bien, dit Lucien l’âne, il faut toujours se méfier des touristes lourdement motorisés. Cela dit, ce dut être un moment exaltant et depuis, il en est passé des eaux charriées par la Moldau. Alors, quant à nous, fête pour fête, tissons le linceul de ce vieux monde branlant, dansant, swinguant, bégayant, roulant et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Sonia était son nom,

Mon pouls vibrait dans l’obscurité ;

Sonia était son nom,

Soudain le train s’est arrêté.

et autour toujours, la neige

Et encore autour la plaine beige.

Nous avons bu une liqueur

Pour étouffer nos peurs.

Dansant pour le printemps,

Dansant le long de la frontière,

Dansant seuls dans les rues de Prague,

Au long de la Moldau, dansant

Dansant pour la lune claire

L’un contre l’autre dans le vieux Prague.

Les cheveux sous un châle

Lui descendaient dans le dos,

Aux lumières jaunes et aux contrôles,

Elle se cachait dans mon manteau.

Les soldats et les rubans de couleur,

Accrochés aux chars des libérateurs,

Jouaient aux sapins de Noël, tranquilles

Au beau milieu de la ville.

On dansait pour le printemps et la fin de l’hiver,

On dansait le long de la frontière,

On dansait seuls dans les rues de Prague.

On dansait pour la nouvelle lune

Au long de la Moldau, on dansait l’une

Contre l’autre dans le vieux Prague.

 

PRAGUE
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.

Présentation

  • : CANZONES
  • : Carnet de chansons contre la guerre en langue française ou de versions françaises de chansons du monde
  • Contact

Recherche