Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 22:17

CALAMANDREI

 

 

 

Version française – CALAMANDREI – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Calamandrei – Francesco de Francisco

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle en inspira des jeunes filles, des jeunes gens, des jeunes femmes, des jeunes hommes à présent d'un bel âge – s'ils vivent encore – cette harangue de Piero Calamandrei, ce discours qu'il fit aux étudiants de Milan en 1955, un an avant sa mort. Et même si c'était un cri en écho aux chants de la Résistance, c'était pourtant déjà l'époque de la « désistance ». [[39124]] La « désistance », si tu te demandes ce que c'est, c'est le détricotage de tout ce que, au péril de leurs vies, les partisans avaient réussi à construire de conscience humaine, de dignité et de décence, de confiance dans l'avenir, de solidarité entre les gens, de promesse de liberté et de bien-être.

 

 

Tu as raison, Lucien l'âne mon ami, le discours de Piero Calamandrei tendait à mettre en garde et à dénoncer l'engloutissement de l’Italie dans les compromis et les compromissions, à faire apparaître sa lente descente dans l'indignité, à montrer son apathie devant le retour des fascistes, à accuser son oubli et à éclairer l'occultation volontaire des fondements de sa Constitution... Toutes choses qui dès 1945 avaient commencé à croître à l'ombre des gouvernements, du Vatican et des Alliés. Et cette mérule qui parasitait l'Italie s'est perpétuée... On en a vu les ravages... Elle a englouti bien des espérances, lesquelles comme le printemps – et c'est heureux –, ont une furieuse tendance à resurgir de sous la neige et la boue. Il n'avait pas fallu attendre dix ans pour voir à l’œuvre les forces qui avaient enfoncé l'Italie au plus profond de l'indignité. Dès 1945, la désistance s'organisait déjà, les noirs corbeaux avaient repris leur place sous une autre parure, sous une autre étiquette. Le podestat était devenu le sindaco... Son emblème n'était plus le fascio, il avait adopté l'écu. Depuis, comme l'on sait, ils sont revenus à l'air libre... triomphants et on les sent en coulisses tout prêts à se relancer encore.

 

 

Cependant, comme l'ont montré tes Histoires d'Allemagne, il n'y a pas qu'en Italie qu'ils ont repris place … Ce qui se passe en Italie ne peut être indifférent au reste de l'Europe... Souviens-toi, il fut un temps où on a cru pouvoir s'en laver les mains et laisser faire en Italie (Mussolini), en Espagne (Franco), au Portugal (Salazar), en Allemagne (Adolf H.), en Grèce (Metaxas), en Hongrie (Horty) ... On connaît la suite du programme... Plusieurs dizaines de millions de morts...

 

 

En fait, la guerre n'est pas finie et les vainqueurs, finalement, ne sont pas ceux que l'on a cru; certes, on ne la mène plus avec des avions et des chars et, pour l'instant, on ne voit plus arriver les fiers uniformes; à présent, on se contente des costumes trois-pièces, d'attachés-cases, de voitures blindées, de mesures financières, d'obscures réglementations, de décisions budgétaires, de prêts et de taux d'intérêts... Le plus lourd impose son poids, on réactive le rêve d'Otto avec d'autres méthodes : on met les autres dans les dettes en leur prêtant l'argent aux seules fins de pouvoir vendre ses machines, ses appareils, ses voitures et puis, on leur impose d'imposer pour rembourser (les bons comptes font les bons exploiteurs!) à leurs populations un régime de rigueur financière qui réduit les salaires, les allocations et les pensions, met les vieux à la disette, jette les fonctionnaires et autres agents publics à la rue, affame les campagnes, liquide les entreprises, crée de toutes pièces la faillite nationale des autres États... Ensuite, on les accuse. Bref, on répand la misère chez les autres pendant que d'une main, on récolte ce qui reste d'épargne (que fait d'autre la Deutsche Bank?), leurs derniers argents et que de l'autre, on pointe le doigt pour imputer aux gens pauvres les gabegies des riches. Ainsi, on oblige les pauvres d'un pays à rembourser par leur misère les dettes et les caprices des riches de ce même pays (quel pauvre aurait donc eu les moyens d'acheter une grosse berline ?). Par ailleurs, je te rappelle que cette guerre se mène au niveau européen et même, au niveau international et mondial.

 

 

Pour en revenir, Marco Valdo M.I. mon ami, à Calamandrei et à cette canzone qui porte son nom, je crois bien me souvenir que par deux fois au moins, tu es intervenu dans le site des Chansons contre la Guerre pour relayer la voix du poète lapidaire et de l'écrivain toscan. La première fois, c'était un peu par le biais d'un commentaire d'une autre chanson que tu forças le passage à cette épigramme que Piero Calamandrei adressa comme une pierre au Kamarade Kesselring : Lo avrai Kamerata Kesselring !, que tu avais intitulée ODE À KESSELRING [[39124]]. La seconde fois, tu écrivis à partir d'un texte de l'ancien recteur de l'Université de Florence – car Piero Calamandrei fut honoré de cette fonction à la libération de la ville : libération des nazis, mais aussi des milices fascistes – tu écrivis cette canzone sur L'Insurrection de Florence [[8936]]. Il me souvient que Calamandrei est celui qui nous a donné cette admirable sentence : Ora e sempre : Resistenza ! (Maintenant et toujours : Résistance!), même s'il savait qu'il s'agirait là de la devise quotidienne de bien peu de gens. Et rien que cette sentence nous donne le courage encore et toujours, imperturbables, tranquilles, obstinés, volontaires, discrets, de tisser tels les Canuts [[7841]] le linceul de ce vieux monde indigne, ravageur, trompeur, dominateur, usurier et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Si tu veux aller en pèlerinage

Là où est née notre Constitution

Tu devras avoir beaucoup de courage

Pour arriver à destination

Monter en haut des montagnes

Où tombèrent les partisans

Et voir les prisons

Où ils furent emprisonnés

Et les champs, les rues, les places

Où ils furent pendus

 

Là où est mort un Italien

Pour délivrer la liberté

Un camarade une camarade

Vrais professeurs de dignité

C'est là que tu devras aller

Toi, jeune, espère

Avec ton cœur et ta raison

Là où est née notre Constitution.

 

Et alors allons en pèlerinage

Où rageaient la tourmente et le vent

Où celui qui tomba écrivit

Avec son amour un testament

Mots écrits qui sont vivants

Vivant dans tes mains

Pour ouvrir grand les prisons

Où nous sommes emprisonnés

Et nettoyer les rues et les places

Libérées par les Partisans.

 

Là où est mort un Résistant

Pour conquérir la liberté

Un camarade une camarade

Nous apprenons la dignité.

C'est là qu'il nous faut aller

Défenseurs de l’espérance

Avec notre cœur et notre la raison

 

Là où est née notre Constitution

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
15 mars 2013 5 15 /03 /mars /2013 00:03

KURT SCHMIDT, EN GUISE DE BALLADE

 

Version française - KURT SCHMIDT, EN GUISE DE BALLADE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson allemande - Kurt Schmidt, statt einer Ballade – Erich Kästner - 1930

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, toi qui t'interroges toujours sur la signification des titres des canzones... Enfin, je vois à ton regard noir comme la poudre à canon que tu jettes un trouble sur mon affirmation... Dès lors, j'obtempère à cet œil malicieux et je tempère l'expression... Disons que tu m'interroges souvent à propos du titre de la canzone que je te présente. Eh bien, tu ferais au mieux de le faire aujourd'hui et pour celle-ci, car le titre est déjà en soi, toute une histoire. Je veux dire qu'on va trouver dans ce titre tout ce qu'il faut pour une conversation, un dialogue à la hauteur de la chanson elle-même et de celui qui l'a écrite... Car, tu en conviendras maintenant, Erich Kästner est un fantastique écrivain, un poète majuscule et d'ailleurs, je regrette fort de ne pas l'avoir rencontré plus tôt, mais personne ne m'en avait jamais touché mot. Et pour cause rien n'avait été publié en langue française, hors bien sûr ses romans pour enfants. J'ai vu depuis qu'il était quelque part dans les Chansons contre la Guerre, mais caché derrière un chanteur... On ne le voit pas, il ne restait plus qu'à le découvrir et l'amener dans notre langue.

 

 

Tout ce que tu dis, mon ami Marco Valdo M.I., me fait plaisir, mais j'aimerais encore plus que tu me dises de quoi il s'agit et comment avec ce titre, tu vas me faire la conversation et surtout, où elle va nous emmener.

 

 

Encore une fois, car je te l'ai déjà dit, mon ami Lucien l'âne, tu parles d'or. En premier lieu, il me faut avouer mon ignorance et je ne pense pas pouvoir jamais la combler... J'ignore qui est ce Kurt Schmidt, dont elle parle, cette canzone. Cela posé, j'ai beaucoup de choses à te dire concernant des Schmidts, dont la canzone dit qu'ils sont partout dans le monde : « Et sur le globe, il n'y a aucun pays, Où les Schmidts ne soient pas dans la majorité. » J'ajouterais volontiers qu'on les trouve sous des vocables à envergure variable tels que Schmitt, Schmit, Smet, Smith...et bien d'autres encore, j'arrête là mon énumération.

 

 

Ainsi, Schmidt, ce serait un peu comme Martin, Dupont, Dupond, Duval, Durant, Durand...pour les gens de France, de Navarre, de Wallonie, du Québec et autres nations où l'on pratique le français comme langue commune...

 

 

En effet et si tu veux bien considérer qu'il s'agit d'une sorte de ballade qui lui est consacrée et ce sera ma première réflexion, ce Schmidt m'a directement fait penser à Jean Martin et la ballade au blues que Boris Vian lui avait consacré : Blues pour Jean Martin [[41629]]. En fait, comme tu pourras le constater, c'est la même histoire épouvantablement triste d'une vie gâchée par la Guerre de Cent Mille Ans et que les riches mènent contre les pauvres afin de leur imposer l'esclavage qui rend libre... Traduction anhistorique de la célèbre devise libérale : « Arbeit macht frei ! - Le travail rend libre ». Saint Orwell, protégez-nous de l'antiphrase...

 

 

Je connais bien ce Blues pour Jean Martin et je l'aime beaucoup. Ceci expliquerait la ballade, mais tu m'as dit qu'il y avait encore d'autres choses à en dire de cette canzone de Kästner.

 

 

Mais évidemment comme tu t'en doutes un peu, je n'en ai pas fini avec les Schmidt, Schmitt, Schmit, Smet, Smith... Donc, Schmidt, c'est en quelque sorte l'homme moyen, l'homme de la rue... Il n'est ni riche, ni célèbre... Même si, dans certaines circonstances, il peut devenir une personne de référence... Ainsi en va-t-il de Smith... Non pas, le célèbre John Smith qui peut incarner comme Jean Martin ou Jean Dupont peuvent incarner la France, et qui peut incarner l'Angleterre... Même si étant Smith et autant dire cet individu moyen, censément bonenfant, il peut-être même une sorte de boy-scout, de ranger, qui finit partant de cette position assez banale à force d'every day common whiteness, ce qui se rapprocherait assez de la common decency d'Orwell [http://www.pileface.com/sollers/article.php3?id_article=753], il finit par prendre la posture du Don Quichotte et mettre en cause le système, la machine, la caste et tout ce qui s'ensuit. Un tel Smith est le héros de Mr. Smith goes to Washington, film de Frank Capra (Italien émigré) dont le titre français est M. Smith au Sénat [http://fr.wikipedia.org/wiki/Monsieur_Smith_au_S%C3%A9nat] . Je te cite ce Smith-là et je t'indique le fil pour le trouver... [

http://www.dailymotion.com/video/x9vkw2_mr-smith-au-senat-1-7_webcam#.UUGzNxwWVok]

Mais le film tout entier doit être vu et je l'ai regardé une nouvelle fois, juste pour écrire ces quelques lignes.

 

 

 

 

 

 

Là aussi, je viens de reregarder ce film et j'apprécie cette posture du Don Quichotte, comme dit Saunders, alias Clarissa. Posture du Don Quichotte chargeant de politiques moulins,(Posture qui est une des caractéristiques de ce site et de certains de ses participants) qu'adopte Jefferson Smith. Ceci dit, je trouve que le film de Capra, sous des dehors de comédie patriotico-américaine, éclaire bien des événements de la Guerre de Cent Mille Ans et cette histoire de magnat de la construction, magnat de la presse, détenteur de toutes les radios de son État qu'il tient à la botte en envoyant ses avocats, ses journalistes et ses casseurs contre le brave Smith et toute personne qui généralement s'oppose à ses ambitions et à son avidité... Cette histoire me rappelle singulièrement certain personnage italien proche de la prison. Et à propos de common decency, ce grand manipulateur est doté d'une indécence peu commune. Mais y a-t-il encore un Schmidt, Schmitt, Schmit, Smet, Smith... dont tu voudrais me parler. À voir tes yeux rieurs, il doit bien y en avoir encore un que je pense – et j'espère – tu vas nous sortir d'un de tes tiroirs secrets...

 

 

Tu as l'art divinatoire, mon ami Lucien l'âne... Mais enfin, il n'y a là rien d'étonnant pour un âne initié aux plus grands mystères par la plus mystérieuse des sorcières de l'antique Antiquité. Je te gardais, comme il se doit, un dernier Schmidt pour la fin... Et censément, Orwell lui-même le confirmerait, un Schmidt des plus méconnus et des plus vilipendés... de tous lieux, de tous bords... Un Schmidt qui serait le Socrate de notre époque, un philosophe et le plus sulfureux qui soit, je veux parler de Johann Kaspar Schmidt, plus habituellement connu comme le philosophe au grand front (d'où son nom de Stirner) ou de son nom de penseur de Max Stirner [http://fr.wikipedia.org/wiki/Max_Stirner#L.27Unique_et_sa_propri.C3.A9t.C3.A9]. Je ne t'en dirai rien d'autre, il te reste tout juste à le lire – je veux dire à lire de bout en bout et sans te laisser distraire par des considérations oiseuses « L'unique et sa Propriété »

 

 

Je vais m'y mettre dès ce soir.... Et dès à présent, en même temps que tous ces Schmidt, Schmitt, Schmit, Smet, Smith..., tissons Marco Valdo M.I. mon ami, ce linceul définitif qui est celui de ce vieux monde combinard, oppressant, indécent, indigne et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

L'homme, dont on parle, s’appelle

Schmidt (Kurt Schmidt. In extenso).

Il se lève le matin à 6 heures, sauf le dimanche,

Et va tous les soirs à 8 heures au lit, tôt.

 

Pendant 10 heures, il se repose muet et aveugle.
Il a besoin de 4 heures pour se déplacer et manger.
Pendant 9 heures, il est dans l'usine à glaces.
Une petite heure reste pour des intérêts plus élevés.

 

Il dort son content seulement le dimanche et les jours de fête.
Il se rase, jusqu'à ce que la peau lui brûle.
Ensuite, il va danser. Dans les salles en ville.

Où il fait vite connaissance de demoiselles inconnues.

 

Le lundi, la même rengaine recommence .
Et c'est toujours le même couplet !
Une année est morte. Une autre année commence.

Et ce qui advient ne change jamais.

 

Emmitouflé au cœur de ce temps, Schmidt se trouve fort bien
Parfois, il rêve la nuit de pays lointains.
Et le temps donne à Schmidt la cadence.
Demain tout peut changer. Schmidt le pense.

 

Là, il se goure complètement
Une demoiselle Brandt lui donne un enfant.
Son fils naît. Bien accroché à la Terre.

(Schmidt a 40 marks de salaire hebdomadaire.)

 

Le temps marche comme un grenadier.
D'un même pas. Et Schmidt suit.

Le temps passe. Et Schmidt passe avec lui.

Un jour, Schmidt remarque combien il doit en baver.

 

Il remarque qu'il n'est pas le seul ainsi
Et cependant, il est seul face aux dangers.
Et sur le globe, il n'y a aucun pays,
Où les Schmidts ne soient pas dans la majorité.

 

C'est ainsi. Il s'est trompé jusqu'à présent.

C'est ainsi, c'est établi, ainsi ça reste.
Il a compris... Il ne sera jamais différent.
Et ce qu'il a espéré, l'a conduit dans une nasse

 

L'homme est aussi essentiellement une sorte de légume,
Dont les autres se nourrissent.
L'âme n'est pas sise dans l'épiphyse
Elle ne vaut rien, si elle existe.

 

Schmidt sue pendant 9 heures à l'usine.
Durant 4 heures, abruti et épuisé, il se déplace et mange
Il se repose 10 heures, muet et aveugle.
Et dans la petite heure qui lui reste, il se tue.

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 19:12

 

FANTAISIE D'APRÈS-DEMAIN

 

Version française – FANTAISIE D'APRÈS-DEMAIN – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson allemande - Fantasie von Übermorgen – Erich Kästner – 1929

 

Kästner Gedichte: Lärm im Spiegel, 1929

 

 

 

 

Une sorte de mythe, de légende, de récit, de rêve, d'imaginaire, de fantôme traverse l’histoire des hommes – je veux dire ainsi l'histoire humaine, l'histoire du genre humain – si j'ose dire : sans tambour, ni jupette, et tu vas comprendre pourquoi, mon ami Marco Valdo M.I.. Cette histoire se présente régulièrement sous des formes diverses et elle me semble à proprement parler une sorte de féerie en ce qu'elle est séduisante, jusqu'à présent peu réaliste et même, carrément surréaliste. Il s'agit d'une sorte de conte primitif, une structure, un squelette d'histoire qui se meut dans l'idée que les femmes vont mettre fin à la guerre. Aristophane, de mon temps, la racontait déjà ; ici, c'est notre quasi-contemporain Erich Kästner qui la fabule à son tour...

 

 

Certes, mais je te prie, Lucien l’âne mon ami, de bien considérer s'agissant d'Erich Kästner qu'il l'intitule : Fantasie von Übermorgen, que j'ai traduite par « Fantaisie d'après-demain » et que j'aurais tout aussi bien pu traduire : « Fantaisie pour après-demain ». Somme toute, cette guerre-là n'a pas encore eu lieu, elle est purement imaginaire et les femmes pourront ainsi l'interrompre avant même qu'elle n'éclose. Une sorte d'avortement préventif, une action prophylactique, un geste médicatoire. Ce n'est pas, tu peux me croire, que l'idée que les femmes puissent mettre fin à la guerre me désole... Bien au contraire ! Comme toi, j'en suis persuadé, je ne demanderais pas mieux qu'elles y missent fin à cette foutue Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour accroître leur domination, pour étendre leur dominium, pour conforter leur droit d'exploiter, pour imposer l'impunité de leur avidité... Mais précisément, toute l'affaire gît là. Cette histoire de femmes qui en raison de leur genre ?, de leurs bonnes intentions ?, de leur nature ?... mettraient fin à la guerre, c'est pure imagination, rêve, illusion... Car, tu en conviendras aisément, les femmes aussi peuvent être riches ou pauvres et c'est bien là, la vraie ligne de partage ou plus exactement, de refus de partage. Le fait d'être homme ou femme n'a strictement rien à y faire. Il est des femmes aussi rapaces que certains hommes. Ce sont des bêtes de proie aussi redoutables et aussi, avides. Mais passons sur ces considérations rationnelles et plongeons dans la féerie imaginative de Kästner.

 

 

Ce que j'en dirais moi, avant de conclure, c'est que malgré tout, même si c'est un rêve, une rêverie, un songe, un fantasme, une utopie, une fantasmagorie, bref, comme dit Kästner, une fantaisie, c'est quand même un songe intéressant, passionnant et bourré d'une sympathique espérance... et une fameuse façon de mettre en garde les hommes contre les folies guerrières... Rappelle-toi qu'il écrit ça en 1929, qu'Hitler et les gens du genre déploient déjà leurs drapeaux, serrent déjà leurs ceinturons, lubrifient leurs bottes, assouplissent leurs matraques, marchent au pas en cadence, carrent leur menton et donnent déjà de la voix... Leurs aboiements emplissent déjà les rues un peu partout en Europe... et c'est de la part de Kästner une fameuse manière de tisser, comme nous entendons le faire, le linceul de ce vieux monde belliqueux (de cheval), belliciste, brutal, bête , querelleur, avide, assassin et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Et lorsque la guerre suivante commença,
Les femmes dirent : Non !

Et renfermèrent frère, fils et mari
Solidement en leur logis.
Alors, elles se rendirent dans chaque pays,
Devant la maison du capitaine
Elles tenaient des bâtons en main
Elles ont viré les types.
Et ont mis à genoux,
Ceux qui ordonnèrent cette guerre :
Ces messieurs de la banque et de l'industrie,
Le ministre et le général.
On cassa là ainsi un peu de bâton .
Et les grandes gueules se turent.
Dans tous les pays, il y eut des cris,
Et nulle part, il n'y eut la guerre.
Les femmes rentrèrent alors à la maison,
Au frère, au fils et au mari,
Elles dirent : la guerre est finie!
Les hommes se précipitèrent aux fenêtres
Et ne virent pas les femmes…

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 14:59

RODEO

 

 

Version française – RODEO – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Rodeo - Lucio Dalla – 1976


Paroles de Norisso (pseudonimo di Roberto Roversi)
Musique di Lucio Dalla
Album «Automobili»‎

 

Texte tiré de Zeroincondotta, quotidien autogéré ‎de Bologne.‎

 

 

 

Il y à vingt ans, avec « Automobiles », s'interrompit la collaboration entre Roberto Roversi et Lucio Dalla. Le disque, de toute façon très beau, fut très différent du projet initial, réducteur par rapport au spectacle qui Dalla avait mis en scène (et duquel, tôt ou tard, sortira une version pirate). Une partie des chansons fut écartée, quelques textes furent abrégés. Dans les notes de couverture, les textes sont signés Norisso ; les musiciens qui collaborèrent avec Lucio Dalla étaient : Carlo Capelli, Marco Nanni, Giovanni Pezzoli, Luciano Ciccaglioni, Ruggero Cini, Rodolfo Bianchi, Tony Esposito, Rosalino Cellamare. Mais à réécouter, ces chansons, et à relire, ces textes sur l'automobile et sur l'homme au volant, émergent des images et des catégories très modernes. Et même prophéties de Crash.
« Le futur de l'automobile » est le spectacle chanté d'une idée : ou, disons-le avec simplicité, sera peut-être seulement le projet de ce spectacle chanté. Et notre idée est celle-ci : chacun à sa mode et dans son champ d'intérêt et de travail, mais tous ensemble, nous devons nous hâter à redessiner la carte de l'homme, cet homme de ` 76, qui chaque jour semble brûler sur le papier de cent journaux.

Nous devons chercher à lui redonner un visage (notre visage), un coeur (notre coeur), des sentiments (nos sentiments), un amour (notre amour), même une ombre (notre ombre). Nous devons l'accompagner, lui parler, discuter, l'écouter ; l'écouter surtout dans les instants où se croyant seul il parle ou cherche à parler à haute voix. Nous devons avec un doigt chercher à suivre même la légère poussière de son souffle. Nous le voyons ici avec les pieds sur terre, avec une nouvelle expérience, avec une rage différente, avec ses problèmes qui sont terribles mais même avec sa volonté de comprendre et de vivre le futur. Donc avec le besoin de se mêler et s'unir aux autres pour chercher (Roberto Roversi, 1976)


Aujourd'hui est-il différent d'alors ? Plus compliqué et impossible ? Beaucoup de ces textes, en substance, disent des choses des pertinentes encore aujourd'hui, je crois. Je dirais disaient, tels quels. À part « Les murs du vingt et un », la chanson épique, comme sur la guerre de Troie ; mais qui me donne encore des frissons. Qu'importe ? L'épisode, les paroles de « l'Engorgement » sont-ils tirés d'un journal de 76 ou d'aujourd'hui ? Et « Entevue avec l'Avocat », à part les rides ? Ensuite , il y a Nuvolari, qu'alors beaucoup avaient oublié (mais aujourd'hui j'ai le regret vrai de ne pas avoir obtenu la chanson sur Achille Varzi, l'adversaire lucide et impitoyable ; très moderne personnage de légende ; pour moi le plus grand pilote du siècle, parmi tant de champions).

 

 

nuvolariportrait

 

 

Ainsi « Mille Miglia » un et deux ; films sur des routes encore libres et bordées d'arbres, seulement en partie goudronnées, poussiéreuses, peu éclairées. Pourraient-ils y avoir des courses aujourd'hui, hors des autodromes ? De nuit, au lit, beaucoup entendaient les moteurs lointains rugir. Non, cela ne se pourrait pas ; seule la mémoire, le souvenir, l'oblitération du présent, pour qui de quelque façon les a vues. Le monde d'aujourd'hui est aussi épique mais en mode atroce ; mais les champions sont trop voisins et trop présents, toujours, pour donner les frissons. (Roberto Roversi, 1996)

 

De Zeroincondotta, quotidien autogéré en Bologne.

 

 

 

 

L'asphalte se dénoue en tourniquets,

en courbes défilées.

Les villes petites ou grandes s'éteignent comme des chandelles.

Monte une odeur longue de café

des fenêtres grand ouvertes.

Le dernier rayon de soleil dort sur ton genou.

Ensuite la route se remplit de gens

aux croisements ou sur les boulevards, ils font un barrage

ils font des barrages routiers,

il y a de la fumée dans l'air et on ne voit plus rien autour .

Pneus de caoutchouc, piles, haut-parleurs qui crient,

Femmes et jeunes alignés

Tirent une feuille à travers les vitres baissées,

Parlent d'usines

Parlent de cinq usines occupées.

Le paysage ici est maintenant changé.

Les camions sont arrêtés le long des murs.

La mer a disparu, le vent semble un vent infernal

Il bat et rebat les volets fermés.

Un jeu

Le jeu semble arrivé au rush final.

Ces hommes et les femmes

Disent dix mots,

Ce sont des mots durs comme un caillou,

Ce n'est pas un tison à éteindre sous le talon.

Cette année

Pour la première fois

Nous aurons une récession globale ;

On dit que tout change

Et les hommes le savent

Dans le monde industriel.

On dit qu'il n'en sera pas toujours ainsi.

Même si ces temps sont durs

En arrière

En arrière

En arrière nous ne nous laisserons pas rejeter.

Ils disent dix mots

Ou des mots ils en redisent cent

Tandis que nous reprenons ce voyage.

La vioture court sur un viaduc.

Nous volons comme un planeur

Qui léger étend ses ailes sur les prés

Et nous voyons là dessous

Blanc nu et seul, un homme

Qui agite un violon cassé

Et se bat en duel avec une ombre.

Silence autour

Un silence étrange

Un silence dur

Un beau silence.

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 22:03

L'ENFANT DE FUMÉE

 

 

 

Version française – L'ENFANT DE FUMÉE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Il Bambino di fumo – Lucio Dalla – 1971

Texte de Paola Pallottino
Musique de Lucio Dalla
Arrangement de Guido et Maurizio de Angelis
Album: Storie di casa mia

 



 

 

La « chanson écologique » italienne des années 60 et 70 dépasse sans doute les thématiques pourtant vastes de ce site, même s'il serait sûrement intéressant de donner un coup d'oeil aux modalités selon lesquelles les thématiques ambiantales apparurent dans les chansons. En ces jours de « revival dalliano » sur les CCG, je ne pouvais cependant pas me passer de me rappeler cette chanson de 1971, provenant d'« Storie di casa mia - Histoires de chez, moi ». L'album de 4 Mars 1943 ; et comme la plus célèbre chanson de de Dalla, le texte de celle-ci (qui est, vice versa, une des plus méconnues) est signé de Paola Pallottino. Une chanson surréelle, qui rappelle un peu « Miracle à Milan » et un peu un récit d'Italo Calvino, et avec la partie finale, avec le même Dalla qui interprète un immigré méridional dans la fumeuse ville du nord, avec de improbables accents napolitains. Même un petit hommage à Lucio Dalla, à exactement un an de sa mort. [RV]

 

 

 

Ho, Marco Valdo M.I., mon ami, dit Lucien l'âne plein de sagesse et doté de somptueuses oreilles noires qu'il fait balancer comme le charmeur de serpents armé d'une flûte fait balancer la tête triangulaire du naja, ho, ho, voici une chanson dont on dirait qu'elle sort tout droit du récit qui te vit naître. Il a raison le Ventu, alias [R.V.], de citer comme par la bande Italo Calvino. Il a tort de ne pas préciser à quel récit il fait allusion... Et je peux garantir quant à moi qu'il ne s'agit pas du sentier des nids d'araignée [[2489]], ni du vicomte suspendu, ni du château des destins entrecroisés, ni de bien d’autres écrits du prolifique Calvino... Rien de tout cela... Il s'agit bien évidemment du récit fondateur : Marcovaldo ou les saisons dans la ville (Marcovaldo ovvero Le stagioni in città). Ceci dit, je soupçonne fort que notre ami Ventu l'a fait volontairement, manière de nous taquiner un peu ou de provoquer notre réaction... On en a déjà vu bien d’autres ici. Dès lors, si tu veux me croire, il ne te reste plus qu'à traduire et à commenter...

 

 

Bof, Lucien l'âne, mon ami, tu as déjà commencé à commenter et fort justement encore. Mais avant d'aller plus loin, je fais une parenthèse, sais-tu qu'autour de ces vicomte perché, baron suspendu et autres chevaliers inexistants ou disparus, de la bonasse des gentilles... il y a actuellement une sordide bataille de droits d'auteur (à laquelle Calvino n'est en rien mêlé... Il y a déjà bien longtemps qu'il est mort)... et ces discussions d'épiciers me paraissent assez peu ragoutantes... L'essentiel étant – et toi, qui cours en littérature depuis des centaines d'années, tu en sais quelque chose – de faire connaître le texte, l’histoire... et non d'en faire du commerce ou d'en tirer de l'argent. Mais passons... Il n'en reste pas moins que ce que dit Ventu est exact... et cette atmosphère et cette ville polluées sont bien le milieu où se déroulent les aventures de Marcovaldo. Quant aux villes fumeuses du Nord, nous en connaissons un bout et singulièrement, toi, et moi, Marco Valdo M.I. qui, comme toi, me tient dans ces villes industrielles de Wallonie. Tu imagines bien que ce n'est pas par hasard que je porte ce nom, ce nom qui est celui d'un personnage dérisoire, tragique, comique et magnifique, tout à la fois.

 

 

Tragique, comique et dérisoire..., dis-tu. Sans doute, mais veux-tu un peu préciser... Car, moi qui suis un âne, je m'entends difficilement dans toute cette philosophie...

 

 

 


 

 

 

 

Mais enfin, Lucien l'âne mon ami, tu connais bien Marcovaldo et ses aventures. Tu sais bien que c'est une sorte de clown, de Charlot, celui des Temps modernes... lequel – je parle de Marcovaldo, bien évidemment – comme tu sais, exerce la très insignifiante profession de balayeur, de manœuvre, une profession au plus bas de l'échelle (at the foot of the ladder [http://www.youtube.com/watch?v=agoZX8X48-U], disait Miller [http://www.youtube.com/watch?v=U9KI8ihPHBE])... Un métier sans aucune prétention, à part peut-être celle d'en retirer quelque subsistance pour lui, mais surtout pour sa famille. Bref, il est l'exemple-même de l'esclave des temps modernes... Celui à qui l'on répète à l'infini : « Arbeit macht frei ! ». Voilà pour le dérisoire. Un personnage auquel, au fil des saisons, malgré tous ses efforts, malgré toutes ses réflexions, malgré sa bonne volonté infinie, il arrive des aventures ridicules, il n'arrive que des aventures ridicules. Voilà pour le comique. Le tragique tient à sa parenté volontaire (pourquoi un Calvino aurait-il créé un Valdo ?) avec Pierre Valdo... et au destin de persécuté que les puissants du monde lui firent, comme ils le font à tant d'autres tout au travers de l'histoire, lui Pierre Valdo dont le grand œuvre fut la Fraternité des Pauvres... qu'il créa au cœur-même de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants (ces bêtes affamées de médiocrité, comme disent les Zoo – Mercanti di Liquore) font aux pauvres afin d'étendre leur domination, d'accroître leur profits, de multiplier leurs richesses... Et enfin, c'est un personnage magnifique, car je ne connais pas de meilleure et de plus belle incarnation de l'humain.

 

 

 


 

 

 

 

Ainsi, il importe que l'on tisse chaque jour, chaque heure, dans toutes nos actions le linceul de ce vieux monde ridicule, nauséeux, insupportable, profiteur, mercantile et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



 

 

L'enfant de fumée chante sur la ville
Pour appeler les chevaux qui courent par dessus les toits
Mais là-haut
Ce sont des crinières de brouillard
Mais là-haut
Seul smog
Seul smog…

 

L'enfant de fumée chante sur la ville
Comme une mouette perdue dans le béton
Mais là-haut
N'arrive pas l'odeur de la mer
Mais là-haut
Seul smog
Seul smog…

 

La ville empoisonne ses blancs chevaux
La ville les emprisonne dans de noirs cristaux

Avec ses flashs, ses réclames
Chaque soir explosera…

 

L'enfant de fumée pleure sur la ville
Avec des yeux bleus brûlés de douleur
Mais là-haut
Même le pleur devient charbon
Mais là-haut
Seul smog
Seul smog
Seul smog…

 

Gars de fumée,
Le smog, le smog… smog…
Mais pourquoi gars de fumée...
Smog, smog et fumée…
Fumée…
Smog, smog…
Gars de fumée….

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Dalla Lucio
10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 21:36

FLEURS DE SEPTEMBRE

 

 

 

Version française – FLEURS DE SEPTEMBRE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson allemande – Septemberblumen – Sorgenhobel

 

 

 

 

Au coin, il y a des gens
Des hommes, des femmes, aussi un vieillard
Entourent un garçon,
Ils forment un cercle menaçant

 

Dans ses yeux, il y a des larmes
Il regarde atterré
Veut expliquer, aussi comprendre,
Mais toute cette haine le rend muet

 

Son regard semble demander
Ce qu'on lui veut maintenant
D'où vient ce froid
Comme si on avait assassiné quelqu'un

 

Des vitres tremblent et vous hurlez
Des hommes meurent et vous vous taisez
Des vitres tremblent et vous hurlez
Des hommes meurent et vous vous taisez

 

Ce jour en septembre

Un cri fond sur la ville
Cent fois un cri après la vie
Qu'on nous a prise

 

Vous avez laissé un de nous ensanglanté
Vous l'avez tué
Pour votre argent, pour votre ordre
Pour votre État, pour votre pouvoir

 

Même les signes de notre deuil
Sont encore de trop pour vous
Vous vous plaignez même des fleurs
Vous frappez dessus de rage aveugle .

 

Vos bottes écrasent les fleurs fraîches
Vous écrasez sur la pierre froide
Vous écrasez des jeunes fleurs tendres
Cela nous ne vous le pardonnerons jamais

 

Dans la rue, nous sommes des milliers
Multipliée par mille notre souffrance

Par mille aussi notre espérance
Nous sommes prêts par milliers

 

Vouloir vivre, vouloir rire
Combattre, aimer la main dans la main
Rester comme vous ensemble fermes
Notre cœur jusqu'à ras bord plein.

 

Plein de deuil et d'indignation
D'angoisse même et de détermination
Pousser plus loin notre avancée
Pour une vie emplie d'humanité

 

De nos mains, sur la pierre grise, nous mettons

Des fleurs aux tons iridescents
Ces fleurs fleuriront
Et rien ne sera plus plus comme avant

 

Vous avez aussi besoin de ces fleurs
Ici sur votre pierre froide
Ainsi relevez maintenant les fleurs
Murmure votre vie !

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 21:33

BONNES NOUVELLES

 

 

Version française – BONNES NOUVELLES – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Buone notizie – Banco Del Mutuo Soccorso – 1981

Texte : F. Di Giacomo, V. Nocenzi])
Musique : V. Nocenzi, G. Nocenzi

 

 

 

 

 

Bonnes nouvelles, la ville est calme
Le temps est bon, la guerre n'a pas lieu
Il y a celui qui a compris, celui qui ne le sait pas encore
Celui qui veut savoir ce qu'il se passera.
Le roi a laissé cette nuit la ville
Les gens informés ont dit qu'il ne reviendra pas
Il y a celui qui croit, celui qui doute qu'on sache
Mais dans la rue, quelqu'un rit déjà.
Bonnes nouvelles, ce sera la fête
Même s'il est vrai qu'à quelqu'un cela ne plaira pas
Il y a celui qui ne dit pas la vérité, celui qui discute
Mais pour sûr, un accord on trouvera
Et ceux qui ont toujours dit non
Aujourd'hui sont en petit nombre et ils ont même un peu honte
Quelle grande nouveauté, bonnes nouvelles
Aujourd'hui seulement , la guerre n'a pas lieu.
Les bonnes nouvelles sont maintenant choses certaines
C'est dans le journal dont on sait qu'il ne se trompe jamais,
Pourquoi on ne sait pas, pour quoi quelqu'un pleure.
Bonnes nouvelles demain… s'il venait.

 

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 13:15

SPORTS D'HIVER

 

Version française – SPORTS D'HIVER – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson allemande – Wintersport – Erich Kästner

 

 

 

 

winterHotel.jpg

 

 

 

 

Sans être aussi explicitement politique que « À droite toute » qui, par parenthèse, semble bien être maintenant la devise de l'Europe, cette chanson est un portrait à l'acide ironique de « ces gens-là » et de leurs mœurs particulières et peu reluisantes.

 

 

Ou alors, trop... dit Lucien l'âne en riant de tous ses poils. Tous ces oisifs pesant cent mille tonnes sur le dos des pauvres et avec la « démocratisation des loisirs », tous leurs imitateurs, assoiffés de luxe et de clinquant, tant désireux de leur ressembler, sont l'écume sur un océan où se prépare on ne sait quel grain. Leur façon d'être, ce mélange de suffisance et d'envie me donne la nausée...

 

 

Et devait donner pareillement la nausée à Erich Kästner, si on lit bien sa chanson. Il y a de quoi... ces gens-là se retrouvent et se resserrent dans leurs réserves blanches loin du monde des millions de chômeurs dont ils tirent leur richesse. Misère et désarroi d'un côté, bombance et rigolade de l'autre. Le réel désespoir et l'apparence illusoire. Mais leur bal masqué est une danse sur un volcan... Quelques temps plus tard, quelques temps après que Kästner ait écrit ses chansons, tout le monde plongea dans l'entonnoir de la violence, de l'abjection et de la destruction. Ainsi va la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de les asservir, de les réduire à l'état de demandeurs, de quémandeurs, de les maintenir la tête sous l'eau aux seules fins de protéger leurs richesses, de grossir leurs profits, d'accroître l'écart qui tient les pauvres éloignés de leurs paradis artificiels. À propos, sais-tu qu'en Hongrie – par exemple, on en revient à ces temps-là...

 

 

Pas seulement en Hongrie, d'ailleurs... j'ai entendu dire que pas loin d'ici, à Anvers... Et puis, vois CE QU'ILS FONT AUX GRECS... CE N'EST QUE LE DÉBUT. Les Portugais en savent quelque chose, les Bulgares aussi et les Roumains... Il souffle sur l'Europe (sans compter le reste du monde) un vent nauséabond... Reprenons, Marco Valdo M.I. mon ami, cette tâche plus indispensable que jamais qui est la nôtre... Tisser le linceul de ce vieux monde suffisant, envieux, illusoire, nauséabond et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

On voit des hôtels, où qu'on regarde.
Et tout autour la neige s'étale.
Les sapins portent leur fourrure blanche,
Les dames bracelets bagues et broches.

 

Les gens font du bob et du ski
Sur la pente derrière la maison.
Et de loin, on les voit ainsi
Comme surgis d'une autre saison.

 

Le public est des plus bruyant.
La nature fait-elle ça ?
Elle n'a pas été construite pour ça.
Elle se tait. Et sourit seulement.

 

Autour de leurs dames en fleur
Tous les hommes sont à la neige:
Majors, directeurs et docteurs

Et de gras personnages.

Of course !

 

On voit des hôtels, où qu'on regarde.
Y a à peine encore la place pour la neige
L'air est plein de Ouis et de Well's
Et de Five o'clocks avec du jazz.

 

La montagne et la cascade

Perdent leur façade
Jeudi, c'est le bal masqué
Certains sont déjà déguisés !

 

Ils ne sont jamais modestes
Et doivent trouver tout net.
Ils croient que la nature est
Une commodité comme les toilettes.

 

Des avalanches dévalent de temps en temps
Et elles sont fort critiquées.
En quoi la neige intéresse-t-elle les gens ?
Elle tombe. Et c'est bien assez.

 

<!-- P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { } -->

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 23:15

À DROITE TOUTE (1ER. OCTOBRE 1930)

 

 

 

Version française – À DROITE TOUTE (1ER. OCTOBRE 1930) – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson allemande – Ganz rechts zu singen (1.Oktober 1930) – Erich Kästner

 

 

 

Sonnez haut et clair !
Maintenant, le troisième Reich arrive !
Prosit à notre détournement de vote !
C'était notre première imposture ... !

 

Le vent tourne.

Maintenant, siffle un air gréco-nordique caractéristique.

Par le tonnerre de Wotan, maintenant commence

La bêtise comme mouvement populaire.

 

Nous avons le cœur du côté droit,
Car ils ne nous ont laissé aucun choix.
Les têtes n'ont quand même plus d'utilité.
Ainsi, l'Allemand ne peut pas tirer.

 

Il n'y a pas de plus belle mort au monde,
Que celle par millions
L'industrie nous donne du nouvel argent
Et des armes à prix coûtants.

 

Nous n'avons pas besoin de pain, et il n'y a qu'une urgence :
L'honneur national !
De la mort de nouveaux héros, nous avons un besoin vital

Et de grandes mitrailleuses.

 

Et par conséquent, les Juifs dehors !
Ils doivent partir pour une destination lointaine
Nous ne voulons pas mourir pour Ullstein
Mais pour Kirdorf parfaitement d'accord.

 

La vague allemande pousse
Comme le chêne vers le haut
Et Hitler est l'homme qu'il faut
Pour faire mousser la mousse

 

Le Reichstag est une porcherie,
Où aucun porc ne s'y connaît.
Un roulement de tonnerre clamait
Le Parlement est une saloperie !

 

C'est une dictature dont on a besoin là
Bien plus que d'un État.
Les hommes allemands comprennent seulement,

Les Diktats, c'est évident.

 

Les hommes, chose sûre, certes,
Nous avons avant tout besoin d'un putsch!
Et si l'Allemagne court à sa perte,
Juvivallera, juvivallera, alors tout aura disparu.

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
6 mars 2013 3 06 /03 /mars /2013 15:14

INÉVITABLEMENT

(LETTRE DE PRISON)

 

 

 

Version française – INÉVITABLEMENT (LETTRE DE PRISON) – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Inevitabilmente (lettera dal carcere) – Enrico Ruggeri – 1999

 

 

 

Je passe mes journées
Comme le sable dans le désert ;
Une blessure en plus.
Des occasions effacées
Aux marges du temps,
Tandis que les entraîne le vent .

 

Il n'y a ni paix ni regards ni pitié
Pour les remords et les repentirs.
Il n'y a plus de mélancolie
Dans l'impossible mise en scène
Des hypothèses sans âge.

 

C'était bien la vie que
J'avais imaginée mais
Différente dans son final ;
Certes, elle n'aurait pas été normale.
Ils m'offraient des mensonges
Avares de sourires
Et des sentiments déjà divisés
Et déjà déjetés.

 

Leurs alibis que je connais de mémoire
Ne changent pas une histoire :
On ne peut jamais retourner en arrière .
Mauvaises rencontres
En regardant mal en moi,
C'était pourtant moi face au destin
Si près de la réalité,
Comme un bateau qui ne sait pas
Naviguer dans le vent qu'il y a.

 

C'était la vie pour moi,
Elle était déjà écrite mal en moi,
Inévitablement ;
Soldat choisi d'une guerre perdante.
Et les mauvaise compagnies
Ne sont pas une excuse :
Tant de cicatrices et si profondes.

 

Dites-moi comment on fait
Pour apprendre à décider,
Prêts à sourire à qui
Ne veut pas de nous.

 

C'était bien la vie que
J'avais imaginée mais
Différente dans son final ;
Certes, elle n'aurait pas été normale.
Tout était déjà né en moi,
Inévitablement ;
Soldat choisi d'une guerre perdante.

 

S'il y a un futur, ce ne sera pas
Monnaie courante ;
Il me faudrait seulement une gorgée
D'humanité

 

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.

Présentation

  • : CANZONES
  • : Carnet de chansons contre la guerre en langue française ou de versions françaises de chansons du monde
  • Contact

Recherche