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31 mai 2017 3 31 /05 /mai /2017 16:40

REPENSE INVENTE

 

Version française – REPENSE INVENTE – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Ripensa inventa– Ennio Rega – 2017

 

Je suis l’inconnue,

 

Votre passé qui doit être repensé,

 

Le nouveau début qui doit être inventé.

 

 

 

Nous sommes ceux qui ne portent rien, nous parlons des langues inconnues ;
Ceux qui ouvrent les bras et disent nous sommes ici aidez-nous !
Nous avons frappé à votre porte et ce fut épouvantable,
Votre démocratie est une énorme tromperie !

 

Conquête-reconquête, repense, invente !
Tout change.

 

Ne me demandez pas d’où je suis et d’où je viens,
Où je suis né, demandez-moi d’où je me sens.
J’adore le ciel et je suis soutenu des étoiles ;
À côté des maisons des autres, je vis seul resserré dans ma peau.

 

Conquête-reconquête, repense, invente !
Tout change.

 

Et je pars, je me bouge et je fuis, car je suis vivant ;
Jgarde mes racines et le voyage et l’arrivée comme 
Joséphine Baker danse reflétée dans les verres de Murano.
Le monde est un salon mobile, l’homme est dans le mélange.

 

Je suis l’inconnue,
Votre passé qui doit être repensé,
Le nouveau début qui doit être inventé.
Je suis une révolution, car j’ai montré
Que ce que vous dites être, 
Vous ne l’avez jamais été.

 

 
REPENSE INVENTE
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Published by Marco Valdo M.I.
27 mai 2017 6 27 /05 /mai /2017 20:04

LES ENNEMIS SONT ENTRÉS

 

DANS LA VILLE

 

Version française – LES ENNEMIS SONT ENTRÉS DANS LA VILLE – Marco Valdo M.I. – 2017

d’après

la version italienne – I NEMICI ENTRARONO IN CITTA' – Riccardo Venturi – 2017

 

Texte : Giorgios Skourtis

Musique : Giannis Markopoulos

 

 

 

 

 

La chanson « Μπήκαν στην πόλη οι οχτροί » fut écrite par Giorgios Skourtis en 1970, en pleine dictature, et mise en musique par un des plus importants musiciens grecs contemporains,. Elle fut interprétée par le Crétois Nikos Xylouris, qui trois ans après, ira la chanter parmi les étudiants du Polytechnique en révolte et en attente d’être massacrés. La chanson, en général, décrit bien ce qui arrive lorsque « les ennemis entrent en ville » : arrestations, meurtres, des déportations, pendant que la « majorité » rit, plaisante, il regarde les filles et crie hourra parce que l'« ordre » et la « sécurité » sont revenus.

Publié par Riccardo Venturi

 

Monologue de Lucien l’âne

 

Mon ami Marco Valdo M.I., qui a écrit la version française, dit Lucien l’âne, est pour le moment très pris par d’autres activités ; je parlerai donc pour lui afin de vous proposer une réflexion, si tant est qu’un âne comme moi puisse réfléchir et que vous aurez la patience de m’écouter. Voici de quoi il s’agit : J’aimerais souligner la parenté de cette chanson grecque de 1970 avec cette chanson allemande attribuée généralement à Bertolt Brecht et qui sans doute, trouve plus exactement son origine dans le texte de Martin Niemöller, pasteur de son état : Als die Nazis die Kommunisten holten (1945 ou antérieure)même si je garde l’impression que la source de ce poème de Niemöller est bien antérieure et devrait se trouver dans les récits d’origine religieuse, liés aux persécutions, qui font partie du fonds de la prédication, particulièrement dans les églises protestantes. À tout le moins, ça y ressemble beaucoup. Cette parenté tient à deux choses : le caractère progressif de l’histoire ici d’un quatrain à l’autre et cette dénonciation de la lâcheté, de l’indifférence d’un « nous », qui s’accommode finalement de tout régime en ignorant totalement le sort des persécutés ; un « nous » volontairement aveugle, sourd et muet, e « nous » pleutre, qui est très exactement le contraire de cet autre « nous » de la Résistance.

 

Par ailleurs, cette chanson me rappelle aussi Les loups sont entrés dans Paris (1964), où on trouve cette même progressivité de l’histoire et au fond, les mêmes « loups ».

 

Ainsi Parlait Lucien Lane.

 

 

 

 

Les ennemis sont entrés dans la ville,

Les ennemis ont forcé les portes

Et nous, dans nos quartiers, on riait ;

Oui, le premier jour, on riait.

 

Les ennemis sont entrés dans la ville

Les ennemis ont emmené nos frères,

Et nous, avec les filles, on parlait.

Oui, le jour d’après.

 

 

Les ennemis sont entrés dans la ville,

Les ennemis ont mis le feu en ville

Et nous, dans la nuit, on criait,

Oui, au troisième jour, on criait.


Les ennemis sont entrés dans la ville,

Les ennemis marchaient l’épée à la main

Et nous, on riait débiles.

C’était le lendemain.

 

 

Les ennemis sont entrés dans la ville

Les ennemis se mirent en civil

Et nous, encore toujours, on riait

Oui, le cinquième jour, on riait.

 

 

Les ennemis sont entrés dans la ville

Les ennemis ont pris le tribunal et l’hôtel de ville

Et nous, on criait « Vivat ! » et « Hourra ! »

Et nous, on criait « Vivat ! » et « Hourra ! »

Et depuis, chaque jour, Hourra !

Et depuis, chaque jour, Vivat !

LES ENNEMIS SONT ENTRÉS DANS LA VILLE
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Published by Marco Valdo M.I.
25 mai 2017 4 25 /05 /mai /2017 21:15

Humains ! Trop Humains !

 

Chanson française – Humains ! Trop Humains ! – Marco Valdo M.I. – 2017

 

 

LES SURVIVANTS

 

 

Dialogue maïeutique 

 

 

Comme tu le sais, Lucien l’âne mon ami, comme tu as l’habitude de le voir, je m’en vais – nouveau Till en route vers Rome – pèlerinant un pèlerinage tout au travers de ce labyrinthe des Chansons contre la Guerre et d’Internet et de leurs infinies extensions. Au cours d’une de mes dernières excursions électroniques, je m’en suis retourné visiter le blog de notre ami R.V., alias Ventu l’asocial, comme il aime à se définir lui-même. J’y jette régulièrement un regard pour… Pourquoi exactement ? Je ne le sais trop. Sans doute, car c’est Riccardo. Sans doute, car ce Ventu en mâche pas ses mots, ni ses phrases et fait rare de nos temps, a des idées claires, les yeux en face des trous et quand il se fâche, une faconde à faire pleurer la Joconde. Mais aussi…

 

Mais aussi quoi ?, Marco Valdo M.I. mon ami, j’aimerais bien le savoir.

 

Mais aussi, ce qu’on y trouve dans ce blog de R.V. et qui ne manque certes ni d’intérêt, ni de caractère, ni de style. Oh, je sais, le style en écriture est un concept suranné, dévalorisé, décrié et même, carrément détesté par ceux qui n’en ont pas. Mais, rien à faire, quand on a le bonheur de rencontrer un style, qui – je te le rappelle – cette manière particulière d’écrire (note qu’un style peut aussi être un style de vie… cependant, alors, c’est du fabriqué, du trucage, du placage, du maquillage, du tape-à-l’œil et pour tout dire, c’est un ersatz), on ne sait trop comment cela se fait, on y reste accroché, on y est comme retenu, attaché, scotché au texte.

 

Oui, je sais tout cela, Marco Valdo M.I. mon ami. Je dirais même que c’est un phénomène étrange que de voir des petits signes inanimés, alignés en rangs aussi disparates, tirer tellement l’attention à eux.

 

Tu vois, Lucien l’âne mon ami, si on en reste à l’effet d’attirance, phénomène affinitaire, on passe à côté de l’essentiel de ce qui fait le texte, matière impalpable et pourtant, si prégnante, car…

 

Car ? Car quoi ? Car quoi exactement ?, demande l’âne Lucien en roulant des yeux comme s’ils suivaient à la trace la périphérie des anneaux de Saturne.

 

Car quoi ? Tu me demandes quoi exactement ? Eh bien, Lucien l’âne mon ami, car ce qui est là sur le papier (idéalement !) ou sur l’écran contemporain, ce ne sont pas seulement les signes, c’est une pensée vivante, un organisme respirant, une voix complexe et un assemblage kaléidoscopique – et tu sais mon pendant immodéré pour ce procédé du kaléidoscope, dont je suis persuadé qu’il est la meilleure représentation possible de la pensée en train de se faire, processus qui me fascine. Donc, le kaléidoscope est ce procédé qui stimule la machine organique qu’est le cerveau, à qui il revient et à lui seul, tel un soliste de l’archet, d’interpréter ces petits riens bizarrement ordonnés : le déchiffrement, d’abord ; et puis, l’art de leur redonner un corps et un sens, fût-il multiple comme la splendeur :

 

« prendre et capter cet infini en un cerveau,

 
pour lui donner ainsi sa plus haute existence
dans l' infini nouveau

des consciences. »

 

J’arrête là.

 

Bonne idée, car je me demandais où tu allais ainsi sur les pas de Verhaeren et je me demande encore où tu m’emmènes, où tu m’entraînes, tel un petit oiseau multicolore et distrait.

 

Ça tombe bien, je m’apprêtais à te l’expliquer, Lucien l’âne mon mai. Donc, je lisais un texte de R.V. qu’il avait intitulé « Il genere umano – LE GENRE HUMAIN », dont je te joindrai la version complète ci-après et la version française que j’en ai tirée, et un bref article de presse italienne relatant l’affaire, qui a mis notre bon Ventu en colère. Tout cela servira d’introduction à une chanson (celle-ci) que je me prépare à écrire. Je dis : « Je me prépare », car là maintenant, je n’en ai pas encore en tête le premier mot. Je n’en connais même pas le titre…

 

Quelle idée ?, Marco Valdo M.I. mon ami. À quelle expérience curieuse vas-tu me faire assister ? Je me demande vraiment ce qui va pouvoir en sortir.

 

Moi aussi, Lucien l’âne mon ami, et tu comprendras que cette fois, je ne puis rien, strictement rien te dire de cette chanson encore à concevoir.

 

Peu importe finalement puisqu’on aura au moins devant les yeux le texte de R.V., « Il genere umano » et sa version française.

 

« Avec des cœurs de flamme et des lèvres de miel,

Ils disaient simplement le verbe essentiel »

 

Toutefois, il nous faut reprendre notre tâche et tisser, tisser le linceul de ce vieux monde humain, trop humain, brutal, trop brutal, brute, brute, trop brute, barbare, trop barbare, imbécile, trop imbécile, xénophobe, trop xénophobe et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

LE GENRE HUMAIN

Mercredi 10 mai 2017

Publié par Riccardo Venturi

 

Vous vous étonnez ? Vous êtes abasourdis ? N’êtes-vous pas convaincus ? Moi non. Pas du tout. C’est tout à fait normal ; logique, même.

Tout à fait normal et logique, car je l’ai entendu de mes oreilles, apertis verbis, et même pas une seule fois. Et pas seulement dans les quartiers où il y a les Tziganes.

Ainsi, comme s’ils parlaient du temps qui fait ou d’un match de foot. Des personnes très normales. La maman avec la poussette. Le retraité et le jeune. Il faut les brûler tous, même les enfants. Surtout les enfants qui ensuite grandissent. Surtout les enfants qui volent eux aussi.

Ah, j’oubliais : les enfants, on les enlève aussi, donc il faut les brûler tout petits.

Je suspecte fort que des propositions du genre vous les avez entendues vous aussi, vous aussi. Et j’ai même l’impression qu’un ou l’autre d’entre vous ne les a pas seulement entendues, mais les a même émises.

 

Le président de la république a déclaré qu’il s’agit d’un fait « en dehors du genre humain ». Erreur absolue. Il s’agit d’une chose pleinement au dedans du genre humain, et seulement de celui-ci. Je n’ai pas connaissance de tapirs qui aient pris un cocktail molotov et l’aient lancé dans un camping-car de lémures. Ni même de fouines qui aient mis le feu à un poulailler. J’en arrive à reconsidérer les moustiques.

Le genre humain, par contre, sous peu s’époumonera sur les réseaux sociaux. Certain pour stigmatiser, certain pour justifier. D’aucun pour s’indigner, d’aucun pour exulter comme au stade. L’un pour s’opposer, l’autre pour s’impliquer. Celui-là anonyme et celui-ci avec nom et prénom.

Le genre humain peut très bien concevoir la haine. La haine se dévoile même ainsi. En prenant une bouteille incendiaire et en mettant le feu au camping-car des Tziganes. Il y a les enfants dedans ? Patience, si ça tombe, ils brûlent mieux.

Et non seulement, ils brûlent mieux. Ils servent mieux. Les enfants sont à usage multiple. Ils servent aux horreurs médiatiques et servent aux carrières politiques. Ils servent aux modérés et servent aux extrémistes. Ils servent aux guerres et servent aux paix. Ils servent au photographe et servent la maman avec la poussette. Ils servent au peuple et servent au pouvoir. D’un enfant, véritablement, on ne jette rien.

Ensuite, c’est clair, il y a enfant et enfant. En principe, ils se divisent en deux catégories : ceux qui quand ils meurent mal font les photos avec leurs poupées abandonnées, et ceux qui quand ils meurent mal sont seulement des misères diversement acclimatées (le camping-car de Rome, le quartier syrien, le fond de la mer).

Si j’étais un enfant, je commencerais à m’inquiéter sérieusement et à chercher à faire un peu cause commune. Mais s’il vous plaît. Il ne faut pas le dire. Il y a tant de ces bons enfants, d’écolière set d’écoliers, qui donneraient obéissants et sans moufter un coup de main à leur maman et à leur papa pour incendier le camping-car des Tziganes.

Et alors, comme on voit, tout est très normal et très logique, comme on disait au début. Et très humain. Un signe de parfaite humanité. Qui que ce fut, il a éliminé trois potentiels voleurs de nos très précieux objets. Il a éliminé deux morveuses tziganes et une jeunette de vingt ans, déjà sûrement voleuse déclarée ainsi que les enfants de merde d’autres voleurs et mendiants. Il a porté son aide au maintien du décorum urbain. Il a agi contre la dégradation et pour la sécurité. Le genre humain, justement.

Treize personnes dans un camping-car : mais comment se peut-il ? Et ne pouvaient-ils pas « aller travailler » ? Et une maison ? Halte ! Les maisons se donnent d’abord aux Italiens. Genre les parents de Gianfranco Fini ou le ministre Scajola, à son insu. Et ensuite les tziganes ne sont-ils pas « nomades » ? Et vivent dans les roulottes. Et puis, comme le savent aussi les enfants, leurs roulottes sont tirées par des Mercedes (volées, naturellement). « Ils ont tous de ces grosses bagnoles dont je rêve… » (dit le père de famille qui s’est endetté jusqu’au cou pour acheter un SUV à cinquante mille euros).

 

Entretemps, l’imagination s’élance. S’imaginer, que sais-je, que les enfants tziganes du camping-car de Rome rencontrent ailleurs, dans le néant, les deux enfants liquidés à coups de marteau par leur papa ex-carabinier de Trente, celui propriétaire de l’appartement à un million d’euros.

S’imaginer tout bonnement les enfants juifs exterminés dans les camps de concentration qui rencontrent les enfants tziganes exterminés dans les camps de concentration.

Il suffit d’un peu d’imagination, cependant. Si non, ensuite, quelqu’un m’accusera d’être un « boniste ». Loin de moi, l’idée. Une fois je me disais « rêveur », maintenant finalement, je suis devenu réaliste. À la bonne heure, réaliste à cinquante-quatre ans.

Le réalisme le plus rigoureux m’impose de dire que c’est ainsi et qu’autrement maintenant, ce ne peut être. Dévoilons ainsi le nazi qui est en chacun de nous, et tout sera plus clair, moins hypocrite. Soyons les nazis noirs, les nazis modérés, « moi, je ne suis pas nazi, mais », les nazis rouges, les nazis anarchistes, les nazis de la porte à côté, les nazis à tache de léopard, les nazis gais, les nazis tristes, les nazis à Pontida, les nazis Posse, les nazis par légitime défense, les nazis intelligents, les nazis idiots, les nazis adultes et les nazis enfants.

Et comme ils sont humains, les nazis ! L’humanité à son état pur.

 

Xenoradio

 

Dans un camping-car, vivait un couple et leurs 11 enfants. Ils étaient Roms, autrement dit, des Tziganes [[7525]]. Le véhicule, garé sur le parking d’un supermarché, fut « incendié » de nuit vers 3 heures du matin. On enquête sur l’origine de cet incendie volontaire.

 

à Centocelle (Rome)

 

Deux fillettes et une jeune fille roms mortes dans un incendie.

 

Des milliers de « twites », messages enflammés, tristesse et violence embarrassante sur les réseaux sociaux. « Les Tziganes ne sont sympathiques à personne », twite Serena, « Dieu m’épargne de connaître des gens qui commettent et justifient certains actes ». « Aux bonistes, je dis qu’il ne peut être permis à personne de vivre à 11 dans un camping-car », écrit Luca, tandis qu’un autre dépasse l’imaginable : « Excusez, mais c’étaient des Roms. Ils l’ont cherché », « les parents sont sortis les premiers, les enfants, ils ont tant d’enfants » et encore, « vive le feu dans ces cas !!» et aussi un désolant : « Bof, tant d’histoire pour trois voleuses à la tire en moins… » : deux gamines et un jeune fille. Trois noms pour retrouver la raison : « Angelica, 4 ans, sa petite sœur Francesca et Élisabeth, morte à 20 ans. Nous avons tous perdu. », twite Roberto avec une pointe d’amertume.

 

Destin de migrants,

Fatalité des Gitans,

Les Tziganes ont brûlé.

Logique et normalité,

Les bons usages

Mènent au carnage.

Simple xénophobie :

Ici, on incendie

Les itinérants et les mendiants.

 

Les murmures des bonnes gens

Courent, courent, courent.

Comme s’ils parlaient du temps,

D’un match, de l’étape du jour,

Le vieux, le jeune et la maman

Disent, disent, disent,

Sans détour et sans gant,

Incendions-les tous, même les enfants.

 

Humains, trop humains !

Faudrait se lever bien tôt

Pour trouver un animal qui aussi bien

Qu’Amaury, abbé de Citeaux,

Légat du pape romain,

Avec autant de haine pousse

Ces paroles de bon chrétien :

« Tuez-les tous !

Dieu reconnaîtra les siens. »

 

Quand les enfants roms incendiés

Rencontreront

Les enfants juifs brûlés

De leurs incendiaires, ils diront :

Ils ont des pieds, ils ont des mains,

Ils nous ont liquidés ainsi

Ces braves gens nazis,

Car ils sont humains,

Humains, trop humains !

 

Destin de migrants,

Fatalité des Gitans,

Les Tziganes ont brûlé.

Logique et normalité,

Les bons usages

Mènent au carnage.

Simple xénophobie :

Ici, on incendie

Tous les errants, même les enfants.

Humains ! Trop humains !
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Published by Marco Valdo M.I.
23 mai 2017 2 23 /05 /mai /2017 21:41
LES MALÉDICTIONS

Version française – LES MALÉDICTIONS – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Le maledizioniIvan Della Mea – 2000

 

 

 

Ivan Della Mea - Milan -1965

 

 

 

Cette « Canzone, forse : Chanson, peut-être », comme l’appela lui-même, Ivan Della Mea, fut écrite en février ou mars de l’an 2000. Elle fut longtemps considérée comme « inédite », mais en réalité, son texte fut publié quatre ans plus tard dans le volume « Prima di dire, Cantate dalla caduta del Muro di Berlino alla Seconda guerra del Golfo - Avant de dire, Cantate de la chute du Mur de Berlin à la Deuxième guerre du Golfe », éditions Jaca Book. Chanson, peut-être, donc. C’était la célèbre [année]« Dumila » – l’An Deux Mille, comme l’appelle toujours encoreLe début des « Millennials », car au jour d’aujourd’hui, une définition à base d’idiotismes anglais ne se refuse même pas à des jeunes de dix-sept ans qui, malgré euxse retrouvent cibles de ventes, de « modes », de « trends » (tendances), de catégorisations imposées par les mécanismes du système de pouvoir. C’était la célèbre [année]« Dumila » – l’An Zéro, comme je l’appelle toujours encoreIl restait encore un an et quelque mois avant le massacre de la génération précédente, à Gênes (NdT : il s’agit de la répression policière insensée et extrêmement brutale exercée lors du G8 en 2001 contre les manifestants pacifiques rassemblés dans la ville de Gênes). Il restait dix-sept ans et quelque mois jusqu’aujourd’hui, et Ivan Della Mea lançait une série de malédictions inédites, dans cette « Chanson, peut-être ». Et peut-être, serait-il bien de retourner il y dix-sept ans, lorsque avec ces Malédictions, Ivan Della Mea reparcourait sa vie alors qu’il lui restait, mais il ne le savait pasun peu plus de neuf ans pour la terminer. Habituellement, je déteste consteller de notes un texte original ; mais je me suis dit que, peut-être, pourrait venir à quelqu’un l’envie de la traduire dans sa langue maternelle ou de sa compétence, juste pour aller revoir comment c’était en « Dumila ». Le langage d’Ivan Della Mea était, sûrement, imaginatif ; mais d’autre part, il est indispensable pour comprendre mieux son Dumila maudit. [RV]

 

 

 

 

 

Je maudis l’amour soûl
qui en l’an Quarante me donna la vie [1]
Au cœur d’un monde mort fou.
Cette histoire est bel et bien finie.

 

Je maudis mes années au collège [2]
Bourrées de dogmes, d’enfer et d’angoisse.
La branlette [3] fut mortelle injure
Au Père éternel et à la nature.

 

Je maudis l’école avec ce deux
Plus deux qui fait toujours quatre.
Un seul doute et on passait pour dingues
Ou débiles ou balourds comme des bœufs.

 

Grandir en mâle, c’était les bagarres
Mais le sexe mâle était certain
Seulement si on avait chopé la vérole
Ou la prison pour un temps contraint.

 

Je maudis les savants et puissants
Macs[5] de toute culture.
Ils massacrent tout et ensuite, souriants
Nous disent comment supporter l’ordure.

 

Je maudis la télévision [6]
Téléviolente et télévile
Où sous les idioties de l’information,
Commande toujours la race patronne.

 

Je maudis les téléthonistes[7]
Qui raclent les euros de la mort et du coeur
Et aux talkistes et aux stranamoristes, [8]
J’envoie un crabe porte-bonheur.


Je maudis de mes râles cassés
Le grand camarade qui avec son savoir
Ignore la douleur des jeunes trépassés,
Dégoûtés de tout pouvoir.

 

Et je bénis les rêves détruits [9]
De qui comprend la grande classe morte
Des sans chefs, sans drapeaux et sans pays
Et imagine un monde sans portes.

 

Je le bénis en tant que créature
Humaine et naturelle, niée par le pouvoir.
Mais la classe morte a la vie dure
Et son monde est sans frontières.

 

 

[1] Luigi Della Mea, dit Ivan, né à Lucques le 16 octobre 1940, fils d’un soldat fasciste de la garde des finances (douanes). Il qualifie de « briaco » (saoul) l’amour qui lui donna la vie ; il fallait être plus que pété pour mettre au monde un fils durant cette période. Ainsi, Della Mea grandit dans un orphelinat. Il est ramené à Milan en 1946 par une amie de la famille.

 

[2] Arrivé à Milan, Luigi Della Mea rencontre pour la première fois son frère Luciano, son majeur de seize ans (né en 1924). Le frère de 22 ans emporte le petit Ivan dans une charrette à bras à Bergame ; là, il grandit avec son frère, sa soeur Marie et ses parents qui se sépareront après une dispute terrible. Ivan donc est inscrit au Collège Archiépiscopal d’Éloge, et ensuite de nouveau à Milan. À onze ans, pour gagner quelque sou, il figure dans le film Miracle à Milan de Vittorio De Sica. Du collège religieux, Ivan développe une granitique horreur de la religion (« Vieilles soeurs noires » etc, Francesco Guccini, Piccola città).

[3] Dénomination italienne commune de la masturbation masculine (en français commun : branlette). Après avoir manifesté ainsi son mépris au « Padreterno » (Père éternel), Luigi Ivan Della Mea s’inscrit au Parti Communiste Italien à l’âge de seize ans, en 1956, année de la stalinisation et de la révolution hongroise. À compter de cette année jusqu’en 60, Ivan Della Mea écrit les « Ballate della violenza – Ballades de la violence », basées sur ses souvenirs d’enfance et sur la figure du père, et d’autres chansons d’amour perdues.

 

[4] Luigi Ivan Della Mea assimile le milanais avec impressionnante rapidité, mais ne cesse pas de maintenir un substrat toscan pour toute sa vie. « Ghiozzo » est un toscanisme « côtier » : « stupide, imbécile, idiot ». Il dérive du nom d’un poisson (on peut aussi dire « ghiozzo de mer »).

 

[5] Dans le mélange linguistique d’Ivan Della Mea, existent ses célèbres créations : des néologismes, des mots-valise, des mots de l’archaïque langue ramenés à la vie, des dialectismes, préciosismes toujours employés avec une spontanéité absolue. Inutile dire que « baronlobbisti » en fait partie ; issu de « barons » et de « lobbyistes », mais « baronlobbisti » est cela et seulement cela.

 

[6] En 2000, Luigi Ivan Della Mea, déjà âgé de soixante ans, maudit la télévision ; il aurait été intéressant, au jour d’aujourd’hui, d’entendre ce qu’il aurait eu à dire sur les Médias sociaux (on peut augurer sa définition de « socialmerdia ») et autres choses du genre. De toute façon, ce qu’il dit à propos de la télévision peut être indifféremment applicable à la soi-disant « communication » actuelle, qui n’a évidemment pas cessé d’être entièrement au service de la race patronne, ainsi que son moyen de contrôle privilégié en complément à la répression toujours plus capillaire. Dans les « lazzi et frizzi » (idioties) peut être peut-être cultivé même un mépris ironique envers un des « telecialtroni » (télévils – télépourris) à la mode à l’époque, tel Fabrizio Frizzi.

[7] Comme on put le dire nombre de « mediologi », la TV est maintenant devenue un moyen obsolète, réservée aux vieux ou un peu plus. Cependant, la « telebeneficienza » (télécharité, télébienfaisance) est encore solide ; cette « charité » qui, naturellement, remplace les plus élémentaires fonds publics qui sont détournés vers les dépenses militaires & les sociétés musicales. Ainsi, pendant que (par exemple) la santé publique est démantelée d’un côté, de l’autre « on ramasse les fonds » pour telle ou telle recherche ou maladie commune ou rare, au moyen des « Telethons » et cetera.


[8] Les talkisti – talkistes (qui rappelle à l’évidence par sa construction le mot : tankistes) sont naturellement les animateurs des « causeries télévisées », en premier lieu, Maurizio Costanzo (carte n° 1819 de la Loggia P2 – Loge P2). Les « stranamori » sont les initiateurs et les animateurs de programmes basés sur l’intrusion dans les « affaires de cœur », qui sévissent toujours . « Stranamore » fut un programme TV des années ’90, animé par Alberto Castagna, un ex-journaliste du TG2. Le programme fut lancé en 1994 sur les chaînes de Berlusconi. Il était basé sur des « videomessaggi » de couples en crise, fiancé(e)s délaissé(e)s, maris trahis, etc.

[9] Je ne sais si, dans le thesaurus de la langue italienne, il existe vraiment un verbe « sfrangere », ou si c’est une création de « Della Mea ». Note du traducteur : le verbe « sfrangere » existe bel et bien en italien ; il correspond au verbe français : « effranger », qui veut dire créer des franges, déchirer sur les bords ou quelque chose d’approchant et par extension : déchiqueter, détruire.

LES MALÉDICTIONS
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Published by Marco Valdo M.I.
20 mai 2017 6 20 /05 /mai /2017 22:18

ABÉCÉDAIRE DU PRÉCAIRE

 

Version française – ABÉCÉDAIRE DU PRÉCAIRE – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Filastrocca del precario – Disabilié – 2015

Texte et musique : Stefano Onnis

 

 

 


La comptine du précaire est une chanson, inspirée d’une comptine populaire d’origine toscane.

 

Comme celle-ci , il emploie les lettres de l'alphabet pour jouer avec les mots et endormir un enfant, l’idée est de renverser complètement cette image à partir du fait que tous les mots liés à l’actuelle condition de précarité ouvrière n’ont vraiment rien à voir avec la « bonne nuit et les rêves d’or »…

 

 

Dialogue maïeutique :

 

Voici, Lucien l’âne mon ami, une chanson qui est une comptine, c’est-à-dire une de ces chansons qu’on chante aux enfants avant qu’ils s’endorment et même, pour qu’ils s’endorment. Ce sont des chansons qui racontent de jolies histoires, question d’apaiser l’esprit agité du bambin.

 

Oh, dit Lucien l’âne, des comptines, des litanies, des ritournelles, des cantilènes, des lallations, j’en ai entendu tant et tant ; j’ai été jusqu’à en accompagner de braiments harmonieux. Depuis le temps qu’on me colle dans les crèches, comme si je n’avais que ça à faire au cœur de l’hiver.

 

D’accord, Lucien l’âne mon ami, ne t’emballe pas comme ça. Je précisais les choses, car justement, cette comptine-ci ne fonctionne pas comme ça. C’est, si tu veux, une anti-comptine, une comptine à rebours. C’est une chanson réaliste, dure, construite sur le modèle d’une comptine, elle-même bâtie sur le schéma de l’alphabet. Comme l’alphabet scout, mais de façon différente cependant, car l’alphabet scout…

 

Celui-là aussi, je le connais, Marco Valdo M.I. mon ami. Pour la raison, que j’ai souvent pâturé près de leur camp à ces bruyants enfants. Je te chante le début :

« Un jour, la troupe campa

A, A, A.

La pluie se mit à tomber

B,B,B…. »

 

Arrête-toi là, on a compris, s’écrie Marco Valdo M.I. C’est bien celle-là, c’est bien cet alphabet, dont tu remarqueras qu’il utilise la lettre en répétition pour faire la rime. C’est exactement l’inverse dans cette comptine italienne. La lettre sert d’initiale au mot-clé – appelons-le ainsi – de référence.

On a donc – dans ma version française : A : annonce ; b : Bien ; C : Contrat ; D : Désolation ; E : Expérience ; F : Flexibilité ; G : Gens ; H : Homme ; I : inerte ; J : Jeu ; K : Kafka ; L : Lamentable ; M : Mort blanche ; N : Nouvelle tragédie ; O : ouvrier ; P : Précaire ; Q : Quantité ; R : Réforme ; S : Suppression ; T : Terrible ; U : Unité perdue ; V : Vilaine histoire ; X : Plus rien de fiXe ; Z : Zéro.

Ce qui, comme tu le vois, n’est pas vraiment un vocabulaire enfantin.

C’est aussi la raison pour laquelle je l’ai intitulée « ABÉCÉDAIRE DU PRÉCAIRE » et non, comptine. Même si aujourd’hui, nombreux sont les enfants qui n’ignorent rien de la situation absurde dans laquelle on maintient leur père, leur mère ou les deux.

 

Je vois, je vois, dit Lucien l’âne. Alors, voyons-le ton abécédaire qui m’a l’air de raconter un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d’accroître leurs richesses, de renforcer leur domination, d’instaurer la peur au cœur des gens et d’assurer ainsi leur obéissance et leur soumission. Quant à nous, reprenons notre travail et tissons le linceul de ce vieux monde avide, exploiteur, dominateur et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

A : annonce de travail dans un journal

 

B : bien : tout ira bien, ne pas penser, c’est vital

 

C : contrat à durée limitée, C.D.D.
Un projet de trois mois, qui peut-être sera renouvelé.

 

D : Désolation, on ne le renouvelle pas

Rien ne change, c’est toujours comme ça

 

E : Expérience, enthousiasme, et cetera

 

F : Flexibilité, nous voilà ! Il faut signer, sinon quoi ?

 

G : Tant de gens sont au chômage

 

H : Un homme couché au pied d’un échafaudage

 

I : Inerte, immobile. Arrive l’ambulance.

 

J : Jeu de sirène ; ç’aurait pu être plus grave.

 

K : C’est le monde de Kafka.

 

L : Lamentable : travail au noir sous-payé

 

M : Mort blanche, danger !

 

N : Nouvelle tragédie d’une vie, événement banal ;

Pas d’article dans le journal.

 

O : Ouvrier, autrefois, héros du travail adulé

 

P : Précaire au call-center, aujourd’hui méprisé.

 

Q : Quelle quantité de frais, il doit encore supporter :

Pas de congés de maladie, pas de vacances, sans jamais protester.

 

R : Réforme du travail, au boulot sans trêve :

 

S : Suppression du droit de grève,

 

T : Terrible : Toutes les luttes syndicales

Se perdent dans l’indifférence générale.

 

U : Unité perdue, triste destin ;

 

V : Vilaine histoire, triste fin.

 

X : X, on n’a plus rien de fixe.

 

Z : Finalement, on compte pour zéro.

Alors, je vais me coucher tôt

Sous les couvertures, tous les mots

 

Font un joli rêve et un beau contrat tout chaud.

ABÉCÉDAIRE DU PRÉCAIRE
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Published by Marco Valdo M.I.
18 mai 2017 4 18 /05 /mai /2017 11:42
FINI LA GUERRE

 

Version française – FINI LA GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Finì la guerra – Dodi Moscati – 1997

 

 

 

 

 

Si tu veux des soldats, t’as qu’à les faire en bois !

 

 

 

 

C’est l’occasion de rappeler que durant la guerre de 1915-18, les étudiants se proclamèrent interventionnistes.

 

 

Dialogue maïeutique

 

Lucien l’âne mon ami, voici une canzone dont le titre ne demande pas vraiment d’explication et je pense que tu ne m’en demanderas pas. Ce qui nous permettra de commencer notre dialogue maïeutique par une interrogation étonnée à propos du commentaire lapidaire du commentateur italien à mon sens trop général qui désigne les « étudiants » comme « interventionnistes » durant la guerre de 1915-18. D’abord, il convient de préciser ici que s’il s’agit d’étudiants, ce sont les étudiants italiens dont il est question.

 

En effet, Marco Valdo M.I. mon ami, ça paraît surprenant vu de maintenant – un siècle plus tard et après les grands mouvements étudiants contre la guerre au Vietnam et qui ont marqué l’année 1968, tous les mouvements pacifistes des années 50-60 et ceux contre la bombe atomique ; sans doute, les étudiants n’étaient-ils pas seuls à mener ces protestations, mais il y en avait beaucoup.

 

Dès lors, Lucien l’âne mon ami, quand on lit un tel commentaire, on est étonné, pour ne pas dire incrédule. Et pourtant ? Et pourtant, c’est exact, mais partiellement seulement. Il serait plus exact de noter : « une partie des étudiants », tout comme ce fut le cas pour le reste de la population. Pour ce qui est des étudiants de l’époque, je peux au moins citer un étudiant turinois qui ne l’était pas : Carlo Levi (né en 1902 – antifasciste militant de la première heure). Cet étudiant-là était le neveu, par sa mère, du militant socialiste Claudio Treves, nettement anti-interventionniste et ce jeune homme était, comme on dit plus couramment en italien, de matrice libertaire et dans la lutte contre le fascisme rejoindra le mouvement Giustizia e Libertà, dit libéral-socialiste et dont la visée était profondément révolutionnaireCela dit, e fut certainement le cas de la majorité des étudiants et dans les deux camps. L’exaltation patriotique est un virus qui infecte la jeunesse dès lors qu’il existe des frontières, des nations et des engouements massifs.

Au-delà de cette remarque, parlons de cette chanson, qui est composée d’une filastrocca toscane, qui lui sert de support et vise à favoriser la mémorisation. Comme tu le sais sans doute, la filastrocca est cette sorte de comptine, de ritournelle qui est généralement composée de propositions qui s’enchaînent par une logique interne, sans trop se soucier de coller à une réalité. On en connaît beaucoup (Filastrocca burlonaFilastrocca del NataleFilastrocca del precarioFilastrocca delle paroleFilastrocca di Jacob detto il ladroFilastrocca quanto costa Filastrocca vietnamita et Di filastrocche e fucili) qui sont très appréciées des enfants qui les utilisent jusque dans leurs jeux. Quant à celle-ci je ne sais de quand elle date, ni de quelle guerre, elle relate un épisode. Car il y a une contradiction entre elle et le cœur de la chanson qui concerne la guerre de 1915-18, durant laquelle il n’y avait pas de raison d’aller « en France… pour tuer le capitaine ». Par contre, elle est certainement pacifiste et s’adresse en direct au roi d’Italie, Victor Emmanuel. Pour les détails, voir la chanson. Sauf peut-être pour un bout de phrase : « Victor Emmanuel, roi d’Italia : Combien d’hommes, chaque jour tu abats ? » qui anticipe assez bien le slogan des étudiants et manifestants étazuniens lors de la guerre du Vietnam, qui manifestaient en interpellant le président Lyndon Baines Johnson, qui avait pris la suite de J.F. K. (John Fitzgerald Kennedy), d’une façon presque similaire : « Hey ! LBJ ! How many kids do you kill today ? » – Hey! LBJ combien de gars as-tu tués aujourd’hui ? ».

 

Eh bien, Marco Valdo M.I. mon ami, puisque dans la filastrocca, il est question d’un âne, tu penses bien qu’il ne pourrait s’agir de moi qui ai vu des meuniers pendus et bien des fois, quand des mauvaises conditions (sécheresse, orages…) tarissaient les récoltes ou quand les troupes vagabondes ou d’envahisseurs s’en prenaient aux paysans, c’est-à-dire littéralement, aux gens du pays. Pour le reste, reprenons notre tâche et avec la patience du moulin poussé par l’âne ou le vent ou l’eau, tissons le linceul de ce vieux monde belliqueux, absurde, aride, avide et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Trotte, trotte, petit poulain !
Mène l'âne au moulin !
Le moulin est foutu
Et le meunier s’est pendu,
Il s’est pendu au râtelier,
Sa femme prépare le dîner,
Elle le fait pour donner à manger
À Piccirillo qui part en France,
Avec sa hache, avec sa lance
Et son petit couteau dans sa gaine
Pour tuer le capitaine.
Le capitaine tombe à terre
Et ainsi finit la guerre. 

 

Je maudis ceux qui veulent la guerre,
Les premiers étaient universitaires.
Combien de jeunes gens sous la terre ?
Combien de jeune sang pour des frontières ?
Victor Emmanuel, roi d’Italia :
Combien d’hommes, chaque jour tu abats ?
Si tu veux des soldats, t’as qu’à les faire en bois !
Mais les miens, laisse-les-moi.
Victor Emmanuel, que fais-tu ?
La meilleure jeunesse, tu la veux toute entière ?
La meilleure jeunesse, tu la veux toute entière ?
Et mon bel amour, quand me le rendras-tu ?

 

Trotte, trotte, petit poulain
Mène l'âne au moulin
Le moulin est foutu
Et le meunier s’est pendu
Il s’est pendu au râtelier
Sa femme prépare le dîner
Elle le fait pour donner
À Piccirillo qui va en France
avec sa hache et avec sa lance
avec un petit couteau dans sa gaine
Pour tuer le capitaine
Le capitaine tombe à terre
et ainsi finit la guerre.

 

 
FINI LA GUERRE
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Published by Marco Valdo M.I.
14 mai 2017 7 14 /05 /mai /2017 21:16

EXPLOSIONS NUCLÉAIRES

À 

LOS ALAMOS

 

Version française – EXPLOSIONS NUCLÉAIRES À LOS ALAMOS – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Esplosioni nucleari a Los Alamos – Marco Ongaro – 2004

 

 

 

 

 

 

 

Comme d’habitude, Lucien l’âne mon ami, je sais que tu vas me poser la question rituelle à propos de l’étrangeté de ce titre incongru. Et tu auras raison. Comme d’habitude aussi, je vais commencer par te dire que ma traduction ou plus exactement, ma version française de la canzone n’est pas tout à fait conforme à l’originale italienne. Et comment le pourrait-elle ? C’est une absurdité d’imaginer qu’elle pourrait l’être. Il y a mille raisons à ça et la principale, c’est que pour refléter exactement un texte, il n’y a pas d’autre voie que de le recopier tel quel. À partir de là, comme d’habitude, je rappellerai la raison essentielle pour laquelle je me bricole des versions françaises de textes conçus en d’autres langues et là, c’est tout aussi évident, c’est parce que je ne les comprends pas et je ne les comprends pas, car je ne connais pas – disons suffisamment – les langues dans lesquelles ils ont été écrits. D’aucuns imaginent ingénument que je connais d’autres langues que le français. Ils se trompent.

 

Comme je te comprends, Marco Valdo M.I. mon ami. C’est l’évidence-même quand on prend la peine d’y réfléchir : il faut toujours se traduire un texte, même quand il est dans la langue qu’on connaît. Sinon, comment expliquer les exégèses ? Souvent même, les gens demandent qu’on leur traduise ou qu’on leur paraphrase des textes dans leur propre langue. C’est vrai pour des phrases aussi simples que : le chat est sur la table ou le canapé est au milieu du salon, pour lesquelles il faut d’historiques explications. Car, comme l’on sait, ces phrases-là disent autre chose que ce qu’elles ont l’air de dire.

Ainsi, la carte n’est pas le territoire est le fondement de la sémantique générale, laquelle comme son nom l’indique s’applique à tout et donc aussi à la chanson. J’en tiens pour preuves parmi bien d’autres « Le temps des cerises », « I pompieri di Viggiù » ou « Tout va très bien, Madame la Marquise ». Cela dit, en effet, je voudrais bien que tu éclaircisses un peu ma lanterne, car ce titre me paraît fort mystérieux.

 

Dans les faits et au premier degré, « Explosions nucléaires à Los Alamos », c’est clair, c’est limpide. Si l’on s’en tient là, Lucien l’âne mon ami, il suffit de dire que la seule chose mystérieuse est « Los Alamos » et que Los Alamos est un nom charmant qui désigne tout simplement « Les Peupliers », ce qui n’explique pas la présence de ce toponyme dans le titre de cette chanson. En fait, Los Alamos est une petite ville des États-Unis, située au Nouveau Mexique, pas trop loin de Santa Fé et c’est sur son territoire sur le site d’une ancienne école de rancheurs (en français de Camargue : des gardians) – en fait, une ancienne école agricole – que fut établi au cours de la dernière Guerre Mondiale, dans le courant 1943, le centre de recherches nucléaires, chargé de mettre au point la bombe atomique. Mais il y a un mystère complémentaire, à savoir que ce lieu ultra-secret à l’époque n’est en réalité pas celui où eut lieu la première explosion ; il n’y en eut même jamais à Los Alamos. La première explosion de la première bombe, curieusement dénommée Gadget, effectivement conçue à Los Alamos, eut lieu à l'extrémité nord du champ de tir d’Alamogordo dans la vallée de Jornada del Muerto dans le comté de Soccoro au Nouveau-Mexique, à plus de 350 kilomètres de Los Alamos.

Cependant, je te dois quand même une autre explication. Je passe les allusions aux vedettes du cinéma hollywoodien et à l’American Way of Life de cette famille de campeurs du Wyoming et j’en viens à ce que je veux expliciter un brin : le chapeau d’Oppenheimer. Robert Oppenheimer est un physicien étazunien qui à ce moment dirige le projet Manhattan dont le but explicite est la réalisation dans les délais les plus brefs de bombes atomiques, considérées comme l’arme suprême, capable de mettre hors combat les adversaires des Alliés. En l’occurrence, l’Allemagne et le Japon.

Quant à son chapeau, c’est une façon de désigner l’explosion elle-même qui après quelques instants, prit la forme d’un chapeau.

Et ce que raconte la chanson se présente un peu comme un film à la fois précis et vague, une sorte de rêve américain – American dream – assez cauchemardeux dans lequel traîne une terrible pestilence, celle d’Hiroshima, ville japonaise frappée par la première bombe militaire, une odeur nauséeuse qui se répandit au monde entier dans les temps qui suivirent l’explosion du 6 août 1945. Cette sensation est toujours là au cœur de la Terre à hanter l’humanité entière.

 

Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, maintenant que tout ça est éclairci, il ne nous reste qu’à reprendre notre tâche et à tisser le linceul de ce vieux monde explosif, nucléaire, pestilentiel, dément, légèrement suicidaire et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

John Ford passa
Avec toute son équipe ;
John Wayne 
passa
Jetant la vie et le whisky par chaque pore ;
Clark Gable 
passa ;
Marilyn Monroe passa
Et d’autres fantômes qui
Qui consumaient des Malboros en tas ;
L'air était chaud en ce matin
Pétillant et cristallin.
Mais qui aurait dit 
comme ça
Que c’était l’air d’Hiroshima ?

 

Une blonde passa 
Dans une Impala
Avec son nouvel amant 
À la recherche d'un motel bon marché.
Une famille : les parents, les enfants, 
Des touristes du Wyoming
Qui partaient en camping :

Le fils avait son air échevelé, 
La fille avait un nœud dans les cheveux.
Il y avait un ciel bleu
Comme on n’en avait jamais vu là.
Mais qui aurait dit comme ça,
Que c’était le ciel d’Hiroshima ?

 

Le chapeau d'Oppenheimer
Poussait comme un champignon
Là-bas tout au fond
De l'ennui du désert.
Fermi était déjà mort
Et le temps long encore 
Avant qu’on accable tout haut
Ce monde bourreau.

 

John Wayne se leva,
John Ford broncha,
Marilyn Monroe, le sourire joyeux,
Cacha son visage dans ses cheveux.
Ainsi, on ne sait pas plus qu’elle
Ce que veut dire
Vivre et mourir.
Avec ce frisson de cellules rebelles
De celui qui dans la nuit, va
À la cuisine à pas discrets
Se chauffer un peu de lait,
De ce lait au goût d’Hiroshima

 

 

 
EXPLOSIONS NUCLÉAIRES À LOS ALAMOS
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11 mai 2017 4 11 /05 /mai /2017 19:13

LE PLEUR DE L’ÂNE

 

Version française – LE PLEUR DE L’ÂNE – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Il pianto dell’asino – Skassapunka – 2017

 

 

 

 

 

Dans silence de la nuit, dans l’obscurité complice de l’homme, un pleur déchire les tympans endormis d’une ville qui dort. Nous venons d’un quartier de la périphérie nord de Milan, qui le jour montre un visage souriant, bien-pensant et de nuit se cache, en faisant place au braiment d’un âne qui, vraiment, presque tous les soirs parcourt les rues du village, comme s’il criait de douleur pour ses conditions et celles du monde dans lequel il vit. Notre ville est aussi le domicile de beaucoup de travailleurs, étant une zone industrielle, une classe ouvrière poussée à la recherche de l’embourgeoisement, au refus de son état, bombardée de centres commerciaux les plus gros du monde et des cochonneries de l’EXPO, rendue docile et domestiquée par le moralisme du moyen âge du vingt et unième siècle. L’âne est la métaphore de cette classe, Notre classe, car ils pensent que nous sommes des stupides, têtus, de rustres animaux de somme utiles au travail et juste bons à être battus par les patrons à chaque tentative de révolte.

 

 

 

Comme une déchirure, un tympan troué,
Un cri dans la nuit, le viol d’un sourire,
Entends-tu la plainte ? Un cœur s’est réveillé 
De trop d’os cassés, les larmes sur le visage.

 

Les rues vides, le monde dort ;
La cage est un lit muet, l’obscur est désormais le maître ;
Les yeux ouverts, on lève la tête.
Dans cette merde, je sens ma révolution.

 

Le monde pleure, il sent la mort 
Dans les décombres d’une fausse bonté ;
Le monde crie toujours plus fort ;
Un poing fermé serrera la liberté.

 

Il y a celui qui résiste, celui qui reste dans le troupeau
Et même, te laisse le poids sur le dos.
Fils de tous les rebelles sans temps,
Même le souverain tremble, il y a un pleur qui résonne ;
Les esclaves ne naîtront pas dans la révolution.

 

 

Le monde crie toujours plus fort
Houuuuuuuu !
Car cette fleur qui ne se rend pas,
Le poing fermé, la liberté serrera.

LE PLEUR DE L'ÂNE
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Published by Marco Valdo M.I.
10 mai 2017 3 10 /05 /mai /2017 20:42

Avec les Pompiers

 

Chanson française – Avec les Pompiers – Fred Adison – 1934

Paroles : Charlys et Couvé

Musique : Henry Himmel

 

Interprètes :

 

 

 

 

 

Donc, Lucien l’âne mon ami, nous sommes en 1934, année quasiment liminaire de la consolidation du parti nazi à la tête de l’Allemagne et du renforcement de la dictature d’Adolf Hitler sur le-dit parti – par l’élimination de tous ses concurrents nationalistes et même de la SA, milice nazie, par la SS milice hitlérienne, sorte de garde prétorienne du Führer. Les choses prennent tournure et même, mauvaise tournure. Comme tu pourras aisément le comprendre, on était là devant le début d’un formidable incendie qui va embraser le monde entier quelques années plus tard.

C’est à ce moment que Charlys et Couvé pour les paroles et Henry Himmel pour la musique lancent par la voix de Fred Adison, cette chanson qui raconte l’étrange et cocasse aventure des pompiers pyromanes malgré eux.

 

Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, je la connais mi aussi cette et qui ne la connaît pas cette Scie fort populaire (on la chante encore dans ces soirées…) et quand bien même , quelqu’un ne la connaîtrait pas encore, après l’avoir écoutée une seule fois, il ne l’oubliera plus jamais, ne fût-ce qu’à cause de cette musique de fanfare sautillante qui rappelle les tressautements des débuts du cinéma et ces inoubliables fantaisistes que furent Stan Laurel et Oliver Hardy.

 

Ah, Luxien l’âne mon ami, je ne sais si cette chanson rappellera à tout le monde ces deux loustics extraordinaires, d’autant logiquement pour cela, il faudrait déjà les connaître et donc, les avoir vus dans leurs exploits, mais ce que je sais, c’est que les pompiers maladroits de notre chanson farce, annoncent – tels des Cassandres bottées, casquées et ignifugées – des événements nettement plus dramatiques, plus détestables encore qui vont se dérouler sur une échelle terriblement plus grande. D’autant que cette chanson à la gloire de ces héros du feu sera bientôt suivie d’une autre tout aussi enflammée, intitulée « Tout va très bien, Madame la Marquise », que l’on peut caser dans la même veine satirico-prophétique.

D’autant plus encore que d’autres incendies, œuvres de pyromanes patentés, en grandeur réelle cette fois, allaient suivre à brève échéance et finalement, embraser la planète entière : Guernica, Madrid, Barcelone, l’Espagne toute entière étaient mises à feu et à sang par les bandes franquistes, fascistes et nazies ; puis vint le tour de la Tchécoslovaquie, la Pologne, l’Europe entière et au-delà.

Je vois, je vois, dit Lucien l’âne. Cette histoire de pompiers incendiaires par incompétence et incommensurable bêtise, sera reprise quasiment à la lettre, mais localement adaptée en Italie et aux circonstances, quinze ans plus tard, sous le titre I Pompieri di Viggiù.

 

Cela dit, reprend Marco Valdo M.I., outre de donner encore une fois raison à Cassandre, ces chansons prémonitoires me semblent éclairer de leurs flammes fatifdiques les épisodes de la Guerre de Cent Mille Ans  qui vont suivre. Cette Guerre d’usure si sournoise que les riches font aux pauvres depuis déjà pas mal de temps afin de maintenir leur domination, de renforcer leur pouvoir, de multiplier leurs richesses, d’étendre leurs influences, d’accroître leur puissance et d’assurer la pérennité de l’exploitation, cette guerre polymorphe qui parcourt la vie des hommes et qui ne pourra être close que du jour où l’humaine nation y mettra fin en mettant hors jeu la richesse et l’ambition.

 

Mettre fin à la richesse et à l’ambition, que voilà un beau programme, dit Lucien l’âne. Beau et le seul possible, il revient à mettre fin à l’infantilisme, cette maladie qui débilite gravement l’espèce humaine. D’autant plus qu’il faudra que tous s’en convainquent. Alors, nous, nous qui en sommes convaincus, il nous faut reprendre notre tâche et tisser, tisser le linceul de ce vieux monde ambitieux, débile, infantile, perclus de richesses et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Chez nous au village,
On est à la page,
Car nous avons fondé
Une compagnie de pompiers.
Ils se présentèrent
Chez "Mossieu" le Maire
Qui fit un grand discours
Pour fêter ce beau jour.

 

Nous avons bien rigolé,
La fanfare a défilé,
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.
Au bistrot l’on a trinqué
Et la jeunesse a dansé
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.

 

Y avait l’instituteur,
Le préfet, le facteur,
La femme au pharmacien
Qui dit du mal de ses voisins.
Dans le pays tout entier,
On a fait tous les cafés
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.

 

Hier soir une Delage
Prit feu dans un garage.
Ne voyant pas la nuit
Leur pompe à incendie,
Ils prirent sans méfiance
La pompe à essence
Pour arroser le feu,
Ils firent la queue leu leu.

 

Nous avons bien rigolé,
Tout le village a flambé
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.
Comme ils étaient affolés,
On a fait un défilé
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.

 

Le capitaine avait
Requis tous les objets :
Des plats, des vieux chapeaux,
Pour faire la chaîne avec de l’eau.
Enfin, ça s’est arrêté :
Y avait plus rien à brûler
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.

 

Cette chaude alerte
Causa bien des pertes ;
Après les explosions,
Ce fut l’inondation ;
Il fallut à la nage
Traverser le village ;
Oui, mais pour boire un coup,
Il n’y avait plus d’eau du tout.

 

Nous avons bien rigolé,
On a failli se noyer
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.
Comme il restait un café,
On y entra pour se sécher
Avec les pompom...
Avec les pompom...
Avec les pompiers.

 

Nous n’avions plus beaucoup
Les yeux en face des trous
Et tout en nous tordant,
Nous tordions nos vêtements.
En famille, on est rentré,
Mais tous les administrés
Avaient leur pompon
Avaient leur pompon
Avec les pompiers.

 

Avec les Pompiers
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8 mai 2017 1 08 /05 /mai /2017 16:18

LES POMPIERS DE VIGGIÙ

Version française – LES POMPIERS DE VIGGIÙ – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – I pompieri di Viggiù – Gigliola Cinquetti – 1975

 

Auteurs : Armando Fragna – Nino Rastelli

Interprètes :Clara Jaione – Claudio Villa – Gigliola Cinquetti – Quartetto Cetra – Natalino Otto – Nuccia Bongiovanni – Claudio Villa & Nuccia Bongiovanni

 

Interprétations :

Enrico Gentile : https://www.youtube.com/watch?v=QiTJmBH-dSc (1948)

Gigliola Cinquetti : https://www.youtube.com/watch?time_continue=21&v=7BxLY4QC5nA (1975)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dis-moi, Marco Valdo M.I., qu’est-ce que c’est que cette histoire des pompiers de Viggiù ? Je me souviens que tu m’en as parlé l’autre jour à propos d’une chanson d’Eduardo Bennato, qui si j’ai bonne mémoire s’intitulait : « Mesdames et Messieurs [[55008]]».

Tu as bonne mémoire, Lucien l’âne mon ami. À propos des pompiers de Viggiù, je te confirme qu’il s’agit de la délirante histoire d’une compagnie de pompiers d’un village situé au nord de Milan, près de la frontière suisse, histoire qui fut le sujet d’un film italien des années (1949). La chanson I Pompieri di Viggiù, dont le film s’était inspiré, est l’œuvre de l’instituteur, Armando Fragna. Pour moi, cette histoire me rappelle celle, nettement antérieure, que racontait cette inénarrable chanson française (1934) intitulée « Avec les pompiers ». D’ailleurs, je soupçonne fort qu’elle a dû servir de modèle à sa descendante italienne.

Ces Pompiers de Viggiù ont également eu droit aux honneurs d’un filmdont la chanson est le thème musical ; une chanson qui fut reprise par Gigliola Cinquetti : I Pompieri di Viggiù et par bien d’autres encore et non des moindres, tels le Quartetto Cetra.

 

Mais dis-moi, Marco valdo M.I., il me semble qu’il existe vraiment une commune de Viggiù et peut-être a-t-elle un corps de pompiers ?

 

Avant d’aller plus loin, je voudrais te préciser que toute cette histoire est purement imaginaire et que si la petite ville de Viggiù existe réellement, elle n’a jamais flambé et en tout cas, pas le jour de la constitution de son corps de pompiers et encore moins de la faute de ses « soldats du feu ».

 

Je te reprends ici, traduite de ma main, une partie de la longue notice que consacre (wikipedia) à la commune de Viggiù :« Il faut remonter à 1881 pour trouver l’idée de former un groupe volontaire pour un corps de pompiers à Viggiù. Jusqu’alors, pour donner l’alarme quand une cheminée, une ferme ou un bois prenaient feu, on sonnait le tocsin, et intervenaient ceux qui pouvaientAvec des subventions privées et des volontaires, on acquit une pompe manuelle. Cependant, en attente de bouches d’incendie, il fallait utiliser l’eau des puits, dont Viggiù était heureusement très bien fourni. Les premières tenues furent acquises chez les pompiers du groupe de Milan, le matériel fut fourni par l’Administration Communale de Viggiù ; les exercices se déroulaient dans la cour de l’école rue de Rome, où se trouvait le garage des pompiers. Les volontaires étaient à 90 %, les ouvriers carriers et marbriers du village. Pour les avertir, en cas d’incendie, en plus d’employer le tocsin, en 1928 un homme fut chargé parcourir le village en bicyclette en jouant une trompe d’appel. En 1939, on installa une sirène. Le détachement fut dissous en 1962.

Pendant la seconde guerre mondiale, réfugié à Viggiù, l’instituteur Armando Fragna composa la célèbre chanson devenue ensuite le leitmotiv du film I Pompieri di Viggiù. Les Viggiutesi (Vigioutais), qui aimaient tant leurs volontaires, et les volontaires eux-mêmes, n’apprécièrent pas d’être ainsi tournés en bourrique ; toutefois, il fallut se rendre à l’évidence et au succès qu’obtint la chanson. Et, après tant d’années, on peut affirmer que cette joyeuse chansonnette a contribué à répandre le nom de Viggiù ( et de ses pompiers) dans toute Europe et dans le monde entier.

 

Certes, dit l’âne Lucien en riant, c’est d’ailleurs ainsi, j’en suis persuadé que tu as eu connaissance de l’existence de cette petite ville au pied des Alpes.

 

Cela dit, son succès s’explique de différentes façons.

Je te rappelle d’abord pour mettre les choses bien en tête que cette chanson est née en exil du croisement de deux chansons françaises du milieu des années 1930 : Avec les pompiers (1934) et Tout va très bien, Madame la Marquise (1935), chansons pour lesquelles on peut émettre un commentaire « politique » du même ordre, mais bien évidemment rapporté aux temps considérés

D’abord au premier degré, par la façon burlesque dont elle dépeint les pompiers et leur catastrophique et héroïque première intervention, le jour-même de lconstitution de leur escouade. Comme dans la version française, tout le village a flambé en quelque sorte, grâce aux pompiers et à leur sublime incompétence. C’est donc une chanson comique et sa drôlerie a fait beaucoup pour sa diffusion.

Ensuite, comme dans la chanson française d’origine, il y a un double sens, immédiatement perceptible et lui aussi, terriblement moqueur, plein d’essence d’ironie. Ce double sens est éminemment politique et très, très critique vis-à-vis des autorités. En l’occurrence, vu la date à laquelle elle fut conçue, il ne fait doute qu’elle raconte – à sa manière – l’histoire du fascisme. Dès lors, elle peut être comprise comme une allégorie de toute formation de matamores accédant au pouvoir.

Enfin, cette canzone entre temps est tombée dans le fonds commun des chansons qui hantent la mémoire populaire de sorte qu’Eduardo Bennato, auteur-compositeur et chanteur napolitain de grande envergure, dans une chanson de 2016, fait directement allusion aux « glorieux pompiers de Viggiù » (une commune de 5800 habitants située à 850 km de Napleset cette référence renvoie évidemment elle aussi au monde politique contemporain – et à mon sens, pas seulement en Italie.

 

Voilà qui justifie amplement l’insertion de ces chansons (l’originale italienne et sa version française – ainsi que j’espère l’autre chanson française : Avec les Pompiers sera elle aussi bientôt présentée ici) dans un site des chansons contre la guerre. Quant à nous, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde tremblotant, flamboyant, flambant, incendié, incendiaire, inflammable et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 


 


 

Par la volonté du Vicomte et du Roi
Sur l’avis du Baron,
On a formé la section
Des Pompiers de Viggiù, ce jour-là.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

 

Et aux frais du Marquis,
On a acheté les uniformes requis
Avec bicornes à larges bords,
Avec panaches rouge, bleu et or.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

 

Comme il fallait les former,
On a allumé un feu de bois
Tout le groupe s’est aligné
Et a crié « Hip hip Hourra ! ».
Vive par-ci, vive par-là,
Vive en haut, vive en bas.

 

Vive les Pompiers de Viggiù !
Quand ils passent,
Les cœurs s’enflamment.
Vive leurs panaches or, bleu et rouge !
Vive les pompes
Des Pompiers de Viggiù !

 

Ils affrontèrent l’incendie
Avec leurs pompes-arrosoirs,
Mais à leur grand désespoir,
L’eau était en pénurie.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

 

Mais leur Chef, homme de confiance,
Eut une idée vraiment bizarre :
Il emplit d’essence
Le grand réservoir.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

 

Et sans hésiter
dans le village incendié,
Dans les fumées, s’est précipité
Tout le peloton des Pompiers.
Vive par-ci, vive par-là,
Vive en haut, vive en bas.

 

Vive les Pompiers de Viggiù !
Quand ils passent,
Les cœurs s’enflamment.
Vive leurs panaches or, bleu et rouge !
Vive les pompes
Des Pompiers de Viggiù !

 

Vive les Pompiers de Viggiù !
Vive leurs panaches or, bleu et rouge !
Vive les pompes
Des Pompiers de Viggiù !

LES POMPIERS DE VIGGIÙ
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Published by Marco Valdo M.I.

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