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7 décembre 2017 4 07 /12 /décembre /2017 20:08

PATRIE

 

Version française – PATRIE – Marco Valdo M.I. – 2017

d’après la version italienne de Riccardo Venturi (2017)

d’une chanson grecque – Πατρίδα – Alkinoos Ioannidis – Αλκίνοος Ιωαννίδης – 2009

Texte, musique et première interprétation : Alkinoos Ioannidis

 

 

 

Dialogue maïeutique

 

Laisse-moi te dire, Lucien l’âne mon ami, mon désarroi et combien est difficile ce destin du « traducteur » qui – comme moi – avance toujours dans le plus flou des brouillards. Laisse-moi te dire que cette fois, c’est pire encore.

 

Marco Valdo M.I. mon ami, qu’est-ce qu’il t’arrive ? Arrête donc de te lamenter et dis-moi plutôt ce qui te met dans un état pareil.

 

Vois-tu, Lucien l’âne mon ami, ce qui me désole, c’est que je me retrouve dans la position du trapéziste qui est en haut du mât et doit s’élancer sans filet. Je m’explique. Ordinairement, notre ami Venturi, qui traduit le grec (et des tas d’autres langues) vers l’italien, fait précéder ses traductions d’un commentaire ou d’indications qui éclairent le contexte et grâce auxquels j’arrive à cerner le sens général des choses. Parfois même, il y ajoute une multitude de détails et d’explications circonstanciées. Mais ici, rien, rien de rien. Cependant, comme tu le devines, sinon on n’en causerait même pas, j’ai fait une version française sans trop savoir et pour savoir.

 

Mais alors, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, Marco Valdo M.I. mon ami.

 

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, peut-être, si on veut regarder le monde à la manière de Pangloss. Mais, même en version française, cette chanson nécessite d’être un peu commentée. De qui, de quoi parle-t-elle ? Que sait-on si ce n’est qu’Alkinoos Ioannidis est un chanteur grec, d’origine chypriote et que par ailleurs, la Grèce et Chypre ont connu toutes deux des destins terribles. Chypre est coupée en deux. C’est sans doute d’elle qu’il est question. Quant à la Grèce qui est aussi la « patrie », elle subit les pressions que l’on sait et connaît en interne (elle aussi) une guerre civile plus ou moins larvée qui n’en finit pas. Et puis ce périple à travers les horreurs ? Drama, Londres, Belgrade ? De quelle patrie est-il question quand la chanson dit : « Ce pays est un funérarium ». Patrie, patrie, que peut bien signifier ce mot après tous ces désastres ?

 

De fait, dit Lucien l’âne, moi comme il est dit à la fin : « Moi, je ne sais pas où je suis, ni où je vais. ». Mais je te suggère, Marco Valdo M.I. de reprendre notre tâche et de tisser à nouveau le linceul de ce vieux monde patriote, désaxé, égaré, éperdu et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Voici le commentaire de Riccardo Venturi, retardé par un incident technique :

 

Alcinoos Ioannidis est né à Nicosie le 19 septembre 1969, à savoir peu moins de cinq ans avant ce mois de juillet de 1974 qui vit l’éclatement de Chypre : l’« enosis » des groupes néofascistes chypriotes qui voulaient imposer l’unification avec la Grèce, le coup d’État contre l’archevêque Makarios, l’intervention turque qui brisa l’île en deux, la fin de la dictature en Grèce, les bombardements, les réfugiés, les milliers de victimes. Enfant, même si j’avais de toute façon plus du double de l’âge d’Alcinoos, je me rappelle ces événements comme si c’était hier ; sauf que je me souviens, enfant de onze ans, d’un été à l’Île d’Elbe, pendant qu’Alcinoos se rappelle le dessous une table, tandis que les bombardements ne provenaient pas de la télévision ou de la radio, mais du là-au-dessus dans le ciel, d’où descendaient ces beaux parachutes avec lequel son père tentait de l’étonner, de le faire rester un enfant d’à peine cinq ans. C’était lui dans le feu, Alcinoos Ioannidis, avec ce nom homérique, Alcinoos, le roi des Phéaciens qui reçoit Ulysse en son palais de Schérie. Schérie, semble-t-il, est sur une autre île très lointaine de Chypre ; c’est la Corfou d’aujourd’hui. Alcinoos signifie : « esprit puissant » – (Alcinoos le sage et père ce Nausicaa).

Ici commence cette réflexion en musique d’Alcinoos sur la « patrie ». La « patrie », au moins selon le sens commun, devrait être le lieu où on est né ; il est curieux, et même beau, que le traducteur anglais de la chanson n’emploie pas le terme commun Fatherland, mais plutôt Motherland : « terre mère », « matria ». Et ainsi Alcinoos enfant, sous une table et sous les bombardements, apprend vite la guerre. Il apprend la « nation » et la « race », il apprend la trahison de gens qui en outre, faisaient les « patriotes ». Il apprend en voyant sa mère menacée avec une arme pointée dans sa bouche. Il apprend l’histoire de sa famille : un grand-père réfugié à Drama, en Thrace macédonienne, tué par les Bulgares pendant la guerre ; l’autre grand-père réfugié à Londres en 1940 coupé en morceaux par les bombardements des hitlériens (« Londres noire » parce qu’incinérée – ou sous le « black out »). Il voit, de dessous cette table pendant les bombardements turcs sur Nicosie, la « ville blanche » (Λευκωσία), qu’il a tenu son nom grec même en turc (Lefkoșa), qui est restée et encore à l’heure actuelle, l’unique ville divisée au monde. Quarante-trois ans et plus sont passés. D’une part, il y a l’« Europe », et de l’autre on ne sait pas trop quoi – une république reconnue seulement par la Turquie, un « non-État », produit du fascisme, produit de la guerre, un parfait produit des « patries ».

En 1989, Alcinoos Ioannidis, se transfère en Grèce pour étudier le théâtre. Au cours des vingt premières années passées dans sa patrie dont il ne sait pas trop bien ce qu’elle est, on raconte à présent qu’il avait désiré apprendre à jouer de la batterie, mais qu’il s’était tourné vers la guitare, car à Chypre, il n’y avait même pas un batteur qui lui aurait pu lui apprendre. À ce point, il convient de faire une brève digression à propos de ce que pourrait vouloir dire être un Chypriote en Grèce ; c’est la même « patrie », et comment sera effectivement perçue cette chose ? Alcinoos, qui n’entend pas être soi-même sa patrie, qu’a-t-il ressenti ? La « patrie », que serait-elle ? Une même « langue » ? Et qu’est-ce qui l’aurait amené sous cette table et sous les bombardements, sa « patrie » et les « patriotes » qui parlent la même langue ? La guerre, la trahison, le déracinement. Il s’agit de questions trop complexes pour continuer. Alcinoos se retrouve dans la Grèce « optimiste » qui expérimente une espèce de semblant de « boom économique » à la fin des années ’80 et au début des années ’90. On commence même à parler d’Olympiades : celles de 1996, les Olympiades du centenaire de celles d’Athènes de 1896, sont réclamées à cor et à cri et semble que tout aille dans cette direction ; mais c’était compter sans Coca-Cola ; et les Olympiades du centenaire finirent à Atlanta, en Géorgie. Athènes devra attendre 2004 pour obtenir son « entrée dans le consensus », et c’est le début de la fin.

 

Entretemps, tout près, en Yougoslavie, tout prend feu. Encore une fois, les « patries » se mettent à l’œuvre, et lorsqu’elles le font, d’habitude, on meurt. On bombarde. On se divise. Il y a quelque chose de Nicosie et de Chypre dans tout ça, quelque chose déjà précisément vécu sous cette table, d’enfant. Il y a les mains et les bras jetés à terre ou aux ordures, et vient à l’esprit le marché de Sarajevo. Il y a les bombes américaines sur Belgrade en ’99. Il y a les parents qui s’enfuient avec les enfants sur leurs épaules et il y a les « touristes de la guerre », qui font du reportage, qui donnent un sens exact à la société du spectacle. Et commence, lentement, à prendre forme cette chanson civile et terrifiante. Manquent seulement les Olympiades de l’hémorragie, le système parfait avec lequel la Grèce se retrouve en ruine grâce à une série interminable de fictions, de « patriotisme », d’Europe et de la stupidité du pouvoir. La Grèce avec ses « grandes idées », μεγάλες ιδέες, qui lui ont apporté la ruine de 1922, le tachement de l’Asie mineure, la guerre civile, Makronissos , les Colonels, la gueule de bois des Olympiades et, à un certain point, la crise totale, dans chaque méandre de la société, dans chaque ride, dans chaque route, dans chaque conscience. C’est là, dans cette Grèce, que la chanson se forme en 2009, un an après l’assassinat du jeune de quinze ans Alexis Grigoropoulos par un policier fasciste. Dans la Grèce (« patrie » ?) des drogues et du ballon, prince endormeur des consciences et lui-même, en définitive, une « drogue synthétique ». En Grèce de« ultras d’équipe », des supporters opposés dans les stades et dans la vie (et les bandes de supporters ne sont-elles pas elles-mêmes des « patries » ?). En Grèce d’une ville enlaidie et bouleversée « qui vit dans le besoin ». En Grèce au peuple détruit, et qui a fait beaucoup pour s’autodétruire. En Grèce, des sbires « d’Aube Dorée » qui tirent des lacrymogènes sur les pompiers pour que tout continue à brûler, pendant que la TV cadre autre chose et, d’autre part, parfois ils arrêtent ce qui passe à la TV publique. Tout se confond, mais la « patrie » se dévoile définitivement aux yeux de quelqu’un qui n’ont pas renoncé à voir et à se comprendre.

Un petit homme avec une guitare à la main, qui ne sait pas bien où il est né, ni où il va. Un Grec et un étranger en même temps. Quelqu’un qui voit mettre tout sur le dos des « étrangers », parce que la faute est toujours la leur. Quelqu’un qui a vécu le déracinement, et qui le revoit clairement dans celui qui, comme un clairon, fait appel aux « racines » et à l’Histoire ; et il faut prêter beaucoup attention à celui qui invoque toujours l’Histoire, parce qu’usuellement, il s’agit d’une Histoire exclusivement utilitaire et consommable, une Histoire qui devient une « drogue synthétique ». Nous en voyons précisément les effets, en Grèce et dans toute l’Europe. Même Dionysios Solomòs, le « poète national », le chantre de la liberté des Ellades, l’auteur de l’hymne national grec (qui s’appelle « Hymne à la Liberté », ’Υμνος εις την Ελευθερίαν), est là à cœur ouvert mais habillé Armani. L’extériorité a réclamé son prix, et comme toujours elle s’habille de Patrie. C’est alors que le petit guitariste, Alcinoos Ioannidis de Chypre, énonce ce que lui fait peur, et c’est une peur mûre, une peur qui s’est coagulée au travers de toute une vie. Et je voudrais l’éloigner, cette peur d’Alcinoos, parce qu’elle est aussi la mienne. Je voudrais détacher ces quelques vers de cette chanson que je m’obstine à définir importante. Je voudrais les détacher parce qu’ils sont une photographie, exacte, impitoyable, sans appel ; quelque chose à retenir en soi. Nous disions, il y a un temps, « Notre patrie est le monde entier » ; nous nous retrouvons avec la Peur comme « patrie ». Et je termine ici. [R.V.]

 

Ainsi le monde bout comme une bouilloire qui bout,
Comme le sang qui goutte, comme une sueur trouble.
De temps en temps nous rions, 
parfois nous nous amusons
Et avec notre rire, le temps semble s’adoucir.
Mais 
quand, la nuit, je regarde les nouvelles
Je sais qu’elles n’ont rien de neuf à me dire.
J’y étais moi dans le feu, et je suis le feu,
J’ai vu ma fin les yeux ouverts.

 

J’ai vu la guerre en facema nation et ma race
Trahies de l’intérieur par les plus patriotes,
Qui tenaient ma mère avec une arme en bouche,
Et leurs enfants maintenant paradent au Parlement.
Je me souviens comme si c’était maintenant. Dessous une table,
Avec en main, un bol de raisin pendant qu’ils bombardaient,
J’ai vu des milliers de parachutes comme des taches dans le ciel,
Et mon père me disait de ne pas avoir peur.
« 
Regarde comme ils sont beaux quand ils descendent,
Comme ils sont beaux quand ils descendent… »

 

J’ai vu des parents orphelins, mon grand-père de Smirne,
Réfugié à Drama, frappé par une balle bulgare,
Et l’autre, réfugié chypriote à Londres, alors noir,
À 27 ans fut coupé en deux par des nazis.
J’ai vu Nicosi
e divisée, la Serbie en ruine,
Un fantôme à Belgrade dans un hôtel vide,
Et moi dormant sous les bombes américaines,
Demain, ils chanteront en liesse sur la place.
J’ai vu des 
morceaux de chair dans les poubelles de la ville,
J’ai vu des mains et des jambes jetées à terre.
J’
en ai vu courir avec leurs enfants sur le dos,
Emoi, en touriste avec ma caméra et mon appareil photo.

 

Ici dans cette ville enlaidie, qui vit dans le besoin,
Le peuple détruit réclame des drogues et des jeux,
Et le pays est un funérarium.
Je te demande pardon de t’avoir fait grandir ici.
J’ai vu
 à Omonia les sbires qui riaient et
Qui lançaient des lacrymogènes sur les pompiers.
Icônes aux fenêtresles gens brûlaient comme des chandelles
Et les télévisions tournaient leurs caméras de l’autre côté.
Et j’ai vu 
les déracinés passer la ligne
Pour une putain de quatre sous, pour un casino, pour des cigares.
Nos pauvres 
certitudesfinalement, sont confuses,
Solomòs 
et son coeur ouvert, habillé d’Armani

 

Je ne veux pas être moi-même ma terre,
Je sais que si tout me ressemblait, la Terre ne serait jamais née.
Ni le monstre, ni l’ange ne me font peur
Et pamême la fin du monde :
C’est toi qui me fais peur.
Tu me fais peur, ultra de l’équipe,

Chien fidèle du parti, encarté de l’organisation,
Interprète de Dieu, gourou vêtu en prêtre,
Petit soldat égaré, petit boy scout éperdu
Qui prie et qui tue,
Qui bredouille des hymnes enragés.
Ta patrie, 
c’est la peur. Tu cherches tes parents,
Etu hais l’étranger qui est en toi.
Et non, je ne comprends pas,

Moi, je ne sais pas où je suis, ni où je vais.

 

PATRIE
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Published by Marco Valdo M.I.
6 décembre 2017 3 06 /12 /décembre /2017 21:21
EN PRISON

 


Version française – EN PRISON – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Al carcere – Joe Fallisi – 2007

Texte de Tommaso Campanella (1568-1639), philosophe, théologien, poète et moine dominicain italien.

 

 

Je suis né pour dénoncer

Trois maux extrêmes

Tyrannie - Sophisme - Hypocrisie

 

Tommaso Campanella

 

 

Un poème que Tommaso Campanella écrivit à l’époque de son troisième, et pas ultime, procès pour hérésie, alors qu’il se trouvait dans la prison de l’Inquisition à Rome.
La première arrestation de Campanella remonte à 1591. Beaucoup d’autres suivirent, et des détentions, et de terribles tortures, jusqu’à sa condamnation définitive, en 1599, à la prison à vie (Il échappa à la mort seule en se faisant passer pour fou). Suivent 27 ans de captivité à Naples, au début desquels, en 1602, il écrivit son œuvre la plus célèbre, « La Cité du Soleil ». En 1626, à sa libération, suivie de sa fuite en France en 1634 et sa mort quelques années après.

 

Comme quoi, il est quasi-inévitable que celui qui ne se contente pas des opinions communes, qui aime la vérité et la professe, risque de finir très mal, au mieux au fond d’une cellule humide, où le Pouvoir exerce sa « tyrannie secrète » sur tous ceux qui ont osé penser librement et différemment…

 

 

Dialogue maïeutique

 

 

Je suppose, Lucien l’âne mon ami, que tu as déjà entendu parler de Tommaso Campanella, de son vrai nom Giovanni Domenico Campanella, philosophe et auteur d’une utopie fameuse : « La Cité du Soleil » et sans doute aussi, de ses démêlés avec l’Église catholique.

 

En effet, Marco Valdo mon ami, j’ai souvenir de ce Campanella, qui si ma mémoire est fidèle, était membre de l’ordre religieux des Dominicains, promoteurs zélés et vertueux de l’Inquisition. Je l’ai souvent, quand bien évidemment, il n’était pas retenu en prison, lors de ses multiples pérégrinations en Calabre, dans les États romains et même, par la suite, en France, où il finit sa vie en exil. Pour ce dont je me souviens de ce qu’il m’a raconté durant nos cheminements, il était assez convaincu de la justesse des idées de Telesio, qu’il considérait comme son maître et si je me rappelle bien encore, ce Telesio était un philosophe assez matérialiste.

 

 

Parfaitement, Lucien l’âne mon ami, à propos de Telesio et de son influence sur Campanella, ta mémoire ne te joue pas de tour. Bernardino Telesio était un fameux philosophe et devait avoir choisi avec soin le titre de son livre le plus fameux : « De rerum natura juxta propria principia (De la nature des choses selon leurs principes propres) », qui rappelle sans aucun doute le « De rerum natura » de Lucrèce. Il assoit sa pensée sur la raison et l’expérience. En fait, c’est un naturaliste ; il étudie la nature des choses selon leurs propres principes, c’est-à-dire sans faire intervenir Dieu. On ne peut plus hérétique et quand on lit bien entre les lignes, athée. Pour tous les trois – Lucrèce, Telesio, Campanella, la nature est sa propre maîtresse, elle s’est autodéveloppée. Mais, pour bien saisir la portée de tout ceci, il convient de se rappeler que Telesio publie son œuvre majeure en 1565 (on le mettra à l’index) et Campanella, sa Cité du Soleil, écrite en prison, quarante ans plus tard.

 

Mais alors, Marco Valdo M.I., il faut examiner notre chanson à la lumière de tout ceci, dit Lucien l’âne.

 

Bien évidemment, Lucien l’âne mon ami, ce poème de Campanella, si on le lit bien, est une charge contre la religion et aussi, la dénonciation de la dictature tyrannique que l’Église fait peser sur le monde.

 

Ainsi va le monde, Marco Valdo mon ami, et s’il est certain que l’humanité ne pourra être elle-même que du moment où elle se sera débarrassée des dieux et des religions, et tout aussi évidemment, des religieux, cela nous impose de reprendre sans relâche notre tâche et de tisser le linceul de ce vieux monde croyant, crédule, inquisitorial, dictatorial, létal et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Comme chaque chose lourde va au centre
De la circonférence, et comme encore,
En bouche du monstre qui ensuite la dévore, 
La belette court craintive et allègre

 

Ainsi chaque amoureux de la grande science ,
Qui d’audace passe de la mare morte 
À la mer vraie, dont il s’amourache,
Dans notre hospice finalement décrit les plantes.

 

Certains l’appellent l’antre du bavard Polyphème,
D’autres, le palais du géant Atlas, et celui-là discerne
Le labyrinthe de Crète, et celui-ci voit l’Enfer extrême

 

(Où ne valent ni savoir, ni pitié, ni privilège).
Moi, je peux te le dire ; je tremble, du reste, 
Car c’est la roche sacrée de la tyrannie secrète.

 

 
EN PRISON
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2 décembre 2017 6 02 /12 /décembre /2017 19:35
L’HOMME EN NOIR

 

 

Version française – L’HOMME EN NOIR – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – L'uomo nero – Brunori Sas – 2016

Paroles et musique : Dario Brunori

 

 



Dialogue maïeutique


« L’uomo nero – l’homme noir » : quel titre, encore une fois !, dit Lucien l’âne. Je n’aurais jamais pensé que quelqu’un écrirait une chanson avec un titre aussi raciste.

 

Ho !, Lucien l’âne mon ami, détrompe-toi, ce n’est pas du tout une chanson raciste ; bien au contraire, comme tu vas le comprendre à l’instant. L’homme noir dont il est question n’est qualifié de noir que par l’uniforme qu’il porte, même symboliquement, même par métaphore ; autrement dit, même quand il est en caleçon ou qu’il se promène en civil. Par exemple, personne ne penserait un instant à moi comme à un homme susceptible de porter un uniforme noir. Cet usage métaphorique indique nettement qu’il s’agit d’un personnage fasciste, para-fasciste ou néo-fasciste ; bref, un homme aux conceptions d’extrême-droite et aux mœurs à l’avenant. D’ailleurs pour couper court, j’ai modifié dans la version française cette appellation et j’ai usé de l’expression « L’homme en noir », qui me paraît plus exacte et nettement moins amphibologique.

 

Ah, dit Lucien l’âne soulagé, j’en ai rencontré beaucoup dans ma vie et pas seulement en Italie de ces « hommes en noir ». En Espagne, par exemple, il en circule pas mal ; ce sont des gens fort nationalistes, très autoritaires et nostalgiques d’un empire perdu et d’une gloire révolue. Je les trouve peu fréquentables.

 

Certes, reprend Marco Valdo M.I., il y en a dans plusieurs pays qui font du bruit et du tapage ; ils remuent leurs pieds et agitent leurs bottes. Il fut un temps où ils étaient plus discrets, mais à présent, ils se montrent et reprennent du poil de la bête.

 

Du poil de la bête immonde, explose en riant Lucien l’âne.

 

Exactement, répond Marco Valdo M.I. ; ce qui explique que cette chanson italienne fort récente ne se contente pas d’évoquer ces gens-là ; elle en fait un portrait-type, une sorte d’échographie ; elle explore aussi leur psychologie. C’est en quelque sorte une étude de mœurs. Mais aussi, et c’est assez inhabituel pour que je le souligne, elle expose la dérive qui entraîne le conteur lui-même, qui malgré lui, se sent envahi par cette peste sociétale.

 

Il a raison, dit Lucien l’âne, si on n’y prend garde, ces idées et ces penchants pervers, dont une sinueuse propagande se fait l’écho, envahissent notre monde et tentent de subjuguer les citoyens. « Citoyen », ordinairement, veut dire « celui qui a droit de cité » ; mais aux yeux de ces « hommes en noir » et de ceux qui les suivent et les soutiennent, il ne s’agit pas de ce « citoyen » au sens légal, mais de ceux qui partagent leurs idées, ce qui est plus restrictif et fait référence à un groupe quasiment racial ou tribal, qui aurait à voir avec les « racines chrétiennes » – du moins en Italie. Ailleurs, ça peut varier considérablement, mais il est toujours question de « racines ». Maintenant, il me faut conclure et t’inviter à reprendre notre tâche et à tisser le linceul de ce vieux monde réactionnaire, enraciné, national, fasciste, de noir vêtu et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 
 

Remarquez : l’homme en noir souvent

A un faible pour les chiens,

Publie la photo de ses enfants,

Porte des habits militaires ;

Remarquez qu’il dit souvent

Nous sommes trop bons,

À être tolérants,

On passe pour des couillons.

 

Remarquez que ses arguments

Sont plus ou moins les suivants :

Ils volent, ils salissent, ils puent, et alors :

Huile de ricin et matraques.

Remarquez qu’il parle encore

De race pure et de race aryenne.

Mais il est moins regardant

Quand il s’agit d’une belle enfant.

 

Et vous, vous pensez

Que c’est du passé,

Que ce misérable et tragique cinéma

Ne se répéterait jamais.

Vous croyez au progrès

Et au sourire de Mandela,

Qu’après l’hiver, l’été viendra.

Eh bien, ce n’est pas le cas !

 

 

Remarquez l’homme en noir souvent

A un faible pour sa nation :

Chez nous, chez eux.

Toute sa vie travail-maison,

La famille, il l’aime bien,

Si elle est chrétienne ;

Il faut aimer son prochain,

S’il est de race italienne.

 

Remarquez : l’homme en noir

Pollue mon cerveau et mon histoire

Quand plutôt que de la laisser ouverte,

À double tour, je ferme ma porte ;

Quand dans l’autobus à Milan,

J’ai peur pour ma vie et mes parents,

Car un passager musulman

Récite le Coran.

 

Et vous, vous pensez

Que c’est du passé,

Que ce misérable et tragique cinéma

Ne se répéterait jamais.

Vous croyez au progrès

Et au sourire de Mandela,

Qu’après l’hiver, l’été viendra.

Eh bien, ce n’est pas le cas !

 

Et moi, moi qui pensais

C’est juste une ballade et au fond,

Chanter une chanson suffirait

Pour donner au monde une leçon ;

Moi qui sirote mon apéro,

Assis en terrasse au bord de l’eau,

Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –

Il suffit de ne pas faire d’enfants.

Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –

Eh bien, voyez-vous, ce n’est pas le cas !

 

Et moi, moi qui pensais

C’est juste une ballade et au fond,

Chanter une chanson suffirait

Pour donner au monde une leçon ;

Moi qui sirote mon apéro,

Assis en terrasse au bord de l’eau,

Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –

Il suffit de ne pas faire d’enfants.

Je pensais tout est bien, ça va, ça ira –

Eh bien, voyez-vous, ce n’est pas le cas !

L'HOMME EN NOIR
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30 novembre 2017 4 30 /11 /novembre /2017 22:42
LE TAMBOUR (ODE XIII)

Version française – LE TAMBOUR (ODE XIII) – Marco Valdo M.I. – 2017

à partir de la version italienne de l’Anonimo Toscano del XXI Secolo (l’A.T. du XXIe siècle)

d’une chanson anglaise – The Drum (Ode XIII) – Scott of Amwell – 1782

 

Poème du jardinier et poète anglais, de confession quaker, John Scott, connu sous le nom de Scott of Amwell (1731-1783)

 

 

 

 

 

Poème célèbre qui est souvent proposé comme prologue dans les anthologies de poèmes de guerre. Il a été mis en musique par de nombreux compositeurs : Benjamin Frankel en 1959, Ned Rorem en 2001 (à la suite des attentats du 11 Septembre), William F. Funk en 2004 et Robert Rival en 2007.

 

 

 

Je hais le bruit du tambour et ce son

Qui parade en rond, rond, rond

Pour le plaisir de jeunes abrutis

Et les attire des villes et des campagnes

Pour vendre leur liberté pour les charmes

De dentelles minables et de bras jolis.

Et quand la voix de l’Ambition a commandé :

Marcher, combattre, et tomber, en pays étrangers.

 

Je hais le bruit du tambour et ce son

Qui parade en rond, rond, rond.

À moi, il parle de champs ravagés,

De villes en feu et de galants massacrés,

De membres mutilés, de râles de mourants,

De larmes de veuves et de pleurs d’enfants

Et toute cette misère écrit de sa main

Le catalogue des malheurs humains.

LE TAMBOUR (ODE XIII)
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Published by Marco Valdo M.I.
27 novembre 2017 1 27 /11 /novembre /2017 19:59

 

RENONCEMENT (À LA PLAGE)

Version française - RENONCEMENT (À LA PLAGE) – Marco Valdo M.I. – 2017

à partir de la version italienne de Gian Piero Testa – RINUNCIA – SULLA SPIAGGIA – 2009

 

 

 

 

 

 

Dialogue maïeutique

 

Lucien l’âne mon ami, il me semble utile et nécessaire de profiter de notre dialogue maïeutique – dont je te rappelle qu’il signifie simplement conversation à deux pour faire naître le sens – pour éclairer notre lanterne magique à propos de cette chanson de Mikis Théodorakis, dont certaine interprétation – que je vais de présenter – est fondamentale. Elle repose sur le fait que l’auteur – Georges Séféris a précisé – dans le titre – (À la plage). Dès lors, pourquoi une telle précision et entre parenthèses, ce qui a aussi du sens.

 

Ah, Marco Valdo M.I., mon ami, je ne sais ce que tu vas me dire, mais je t’assure de toute mon attention, car j’ai ressenti dans ton exorde que cette réflexion te tient à cœur. D’autant, si je ne me trompe – à voir toutes ces versions – que c’est une chanson importante de Mikis Théodorakis, que j’ai connu lors de mes pérégrinations et des siennes et dont je connais dès lors la signification politique et l’engagement dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres, afin d’imposer leur domination, de renforcer leur pouvoir, de faire croître leurs richesses et leurs profits. D’ailleurs, actuellement encore, les gens de Grèce en savent quelque chose. Mais également, on ne m’ôtera pas de l’idée que ce qui leur est fait attend les gens des autres pays.

 

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, tu as compris où je veux en venir et pour ce qui est de Mikis Théodorakis, tu ne te trompes pas. On verra ensuite de quel point de vue il faut comprendre son interprétation. Mais il est essentiel et urgent de d’abord comprendre le texte de Georges Séféris, car il a un sens tout à fait spécifique qui tient à l’histoire vécue par l’auteur. On doit pouvoir répondre à cette question en apparence futile : de quelle plage s’agit-il ? Il s’agit de la plage où Séféris enfant passait le temps des vacances, lui et sa famille ; c’étaient des moments paisibles pour ces Grecs d’Asie qui résidaient habituellement à Smyrne. Et ainsi, on comprend de que raconte le poète en exil forcé des ruines de la Smyrne grecque et de la plage (Skala) de Vourla – anciennement, Clazomènes, actuellement Urla, qui sera toute sa vie son « paradis perdu ». Smyrne était grecque depuis l’Antiquité ; on l’appelle aujourd’hui Izmir, c’est tout dire. Smyrne fut conquise, massacrée et incendiée par les Turcs en septembre 1922. Il y eut des milliers de morts. L’exil d’un million et demi de Grecs d’Asie mineure s’ensuivit. C’est certes un raccourci historique, mais c’est le nœud du poème.

 

Je me souviens, dit Lucien l’âne, assez bien de ce retrait forcé des Grecs d’Asie mineure ; ce fut un drame terrible et je ne pense pas que cette blessure soit cicatrisée à présent.

 

 

 

 

Je le pense aussi, dit Marco Valdo M.I. et quand on relit la chanson à la lumière de tout cela, on commence à en comprendre le sens réel originel. On peut situer la plage, les espérances et la vie qui fut (brutalement) changée. C’est ce que dit la poésie de Séféris, une poésie pleine de l’émotion et de l’émotivité de cet écorché vif, à la sensibilité extrême. Et dans le fond, on peut l’interpréter comme une chanson d’amour, porteuse d’une émotion primordiale. Cependant, il me paraît très difficile de la ramener à une chanson d’amoureux séparés. Le nom que le poète (et ses amis) écrivait sur le sable était celui de la « Grèce ».

 

Soit, Marco Valdo M.I. mon ami, mais quand Mikis Théodorakis reprend ce texte quelques 30 à 40 ans plus tard, voulait-il s’en tenir à cette nostalgie ou ne pensait-il pas à autre chose, à un autre nom.

 

Je suis ravi de ta question, Lucien l’âne mon ami, et certainement, le point de vue de Mikis Théodorakis est différent, il a d’autres urgences (même si sans doute le drame vécu par la génération précédente ne le laisse pas indifférent), lui qui Grec mena le combat en Grèce et en exil et qui séjourna dans les prisons de la dictature. Ma réponse ne peut éluder le fait que cette chanson quand elle dit :

 

« Sur le sable blond
Nous avions écrit son nom. »

 

m’en rappelle une autre, française celle-là, écrite aussi dans de terribles circonstances de lutte contre une dictature. Il s’agit bien évidemment « Liberté » de Paul Éluard, qui dit notamment :

 

« Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort

J’écris ton nom …

Et par le pouvoir d’un mot

Je recommence ma vie. »

 

Voilà pour le sens de la chanson. Mais avant de te laisser conclure, je souhaite rappeler ici l’appel de Mikis Théodorakis (2010) aux Européens :

 

« Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire a été le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté et d’Europe. Nous ne vous demandons pas un traitement de faveur parce que nous avons subi, en tant que pays, l’une des pires catastrophes européennes aux années 1940 et nous avons lutté de façon exemplaire pour que le fascisme ne s’installe pas sur le continent. »

« Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. Bâtissons ensemble une Europe nouvelle ; une Europe démocratique, prospère, pacifique, digne de son histoire, de ses luttes et de son esprit. Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme. »

 

On le répétait ici aussi :

 

« REGARDEZ CE QU’ILS FONT AUX GRECS,

ILS VOUS LE FERONT AUSSI »

 

Que dire de plus, dit Lucien l’âne, si ce n’est que comme Séféris, comme Théodorakis et tous les autres, il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde autoritaire, brutal, avide, arrogant et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Sur la plage paisible
Et blanche comme une colombe
Nous avions soif à midi
Mais l’eau était saumâtre.
Nous avions 
soif à midi
Mais l’eau était saumâtre.

 

Sur le sable blond
Nous avions écrit son nom.
Splendide
 ! Mais la brise souffla 
Ele nom s’effaça.
Splendide ! Mais la brise souffla 
Ele nom s’effaça.

 

Avec quel souffle, avec quel cœur,
– quelles espérances et quelles ardeurs – 
Nous tenions notre vie : erreur !
Nous avons changé de vie.
Nous tenions notre vie : erreur !
Nous avons changé de vie.

 

RENONCEMENT (À LA PLAGE)
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Published by Marco Valdo M.I.
24 novembre 2017 5 24 /11 /novembre /2017 17:52

CETTE TERRE PORTERA TON NOM

 

Version française – CETTE TERRE PORTERA TON NOM – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Questa terra porterà il tuo nome – Compagnia Daltrocanto – 2017

 

 

 

La Sibylle conduit Énée au royaume des morts

 

 

L’histoire mythologique est celle de Palinuro, compagnon d’Énée, pris comme « victime sacrificielle » en échange du salut et de l’accostage d’Énée, donné par Neptune. Il meurt en mer et y reste sans sépulture : Palinuro devient cependant le symbole de tous ceux qui aujourd’hui meurent en mer pour fuir la guerre.

 

 

Dialogue maïeutique

 

Quel titre sibyllin que voilà, Marco Valdo M.I. mon ami, dit Lucien l’âne un peu ébahi. Serait-il question de l’établissement d’une colonie, de la découverte d’un continent ou de je ne sais trop quoi ?

 

Sibyllin ? C’est le cas de le dire, Lucien l’âne mon ami, car cette chanson rassemble divers personnages mythologico-géographiques et néanmoins, héroïques, dont la Sibylle en personne et Palinuro, qui était le compagnon d’Énée, ce héros qui survécut à la chute de Troie et portant sur ses épaules son père, dut s’enfuir par la mer vers d’autres horizons. Il n’y a donc là rien d’étonnant à ce que la chanson soit sibylline, puisque c’est la Sibylle de Cuma, en français Cumes, qui s’adresse au pilote d’un bateau qui arrive au large des côtes tyrrhéniennes et évoque pour lui et ses compagnons de mer, la triste fin de Palinuro, au cap du même nom. Comme tu le n’ignores sans doute pas, toi qui fis le tour de la Méditerranée tant de fois que nul ne peut se souvenir du nombre de tes périples, Cuma (Cumes) et Palinuro sont encore à présent des localités littorales de l’Italie méridionale.

 

Évidemment que je situe ces lieux, Marco Valdo M.I. sur la côte où fume le Vésuve et que je me souviens de Palinuro, dont on m’a maintes fois conté l’aventure. Mais quel est le but de la chanson en rappelant cette histoire, peux-tu me le dire ?

 

Certes, Lucien l’âne mon ami, vois-tu, si elle rappelle aujourd’hui cette histoire si ancienne – Cuma aurait 3000 ans et Palinuro, on ne sait trop, mais sans doute à peu près autant, tous les lieux accessibles et utiles de la côte ayant été fréquentés par les gens venant de terre et de mer. Mais la chanson ne se veut pas uniquement archéologique, elle est – comme souvent les chansons – une parabole, un récit évocateur de ce qui se passe actuellement là-bas le long des côtes et des drames qui en découlent. Même si les Palinuros d’à présent sombrent dans le plus profond anonymat et qu’aucun lieu ne rappelle leur mémoire.

 

En somme, dit Lucien l’âne, elle évoque les mêmes malheurs que Le Radeau de Lampéduse, chanson d’il y a huit ans déjà et les choses n’ont fait qu’empirer. Alors, il importe plus que jamais de poursuivre notre tâche et de tisser le linceul de ce vieux monde impuissant, inconscient, incapable, failli et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Nocher à ton timon, navigateur,
Vivent encore dans mon cœur, immense douleur,
Les gens tombés dans ce piège
Que toujours maudiront les chroniques.

 

Pas encore content, le dieu de la mer
Envisage un nouveau prix à payer.
Je vous conduirai saufs vers les jardins et les terres,
Mais je perdrai la vie à tous vous sauver.

 

Là-bas  l’eau s’écrase sur les rochers,
Jvois le profil d’une nouvelle terre
Dont on ne sait si elle pourra aider
Les nôtres à oublier cette maudite guerre.

 

Là-bas l’eau s’écrase sur les rochers,
Et je vois la silhouette d’une nouvelle terre
Dont on ne sait si elle pourra aider
Les nôtres à oublier cette maudite guerre.

 

Ici alors qu’il séchait son front,
Le soleil plongeait derrière l’horizon,
Palinuro, ainsi le mythe l’établit,
Par le Dieu du sommeil fut trahi

 

Et là-bas l’eau s’écrase sur les rochers,
Et j
vois le profil d’une nouvelle terre
Dont on ne sait si elle pourra aider
Les nôtres à oublier cette maudite guerre.

 

Là-bas  l’eau s’écrase sur les rochers,
Jvois le profil d’une nouvelle terre
Dont on ne sait si elle pourra aider
Les nôtres à oublier cette maudite guerre.

 

Pour les gens du futur, la Sibylle de Cuma,
À tous les courants, raconta 
Que tu es mort sans savoir au fond
Que cette terre portera toujours ton nom.

 

Là-bas  l’eau s’écrase sur les rochers,
Jvois le profil d’une nouvelle terre
Dont on ne sait si elle pourra aider
Les nôtres à oublier cette maudite guerre.

 

Là-bas où l’eau s’écrase sur les rochers,
Je vois le profil d’une nouvelle terre
Dont on ne sait si elle pourra aider
Les nôtres à oublier cette maudite guerre.

CETTE TERRE PORTERA TON NOM
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Published by Marco Valdo M.I.
21 novembre 2017 2 21 /11 /novembre /2017 18:51

MONSIEUR LE PRÉSIDENT

 

(MOI, JE NE VEUX PAS TRAVAILLER)


Version française – MONSIEUR LE PRÉSIDENT (MOI, JE NE VEUX PAS TRAVAILLER) – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Presidente (io non voglio lavorare) – Mercanti di Storie – 2011

 

 

 

 

Comme tu peux le supposer en lisant le titre et ce qu’il dit entre parenthèses, Lucien l’âne mon ami, c’est la chanson d’un gars qui ne veut plus travailler et qui s’adresse au président pour le lui signifier. C’est une sorte de déserteur, mais du champ de bataille qu’est le travail. Pour ce faire, comme dans la chanson de Vian, le protagoniste écrit une lettre au Président – ici, de l’Italie, mais ce pourrait être de n’importe quel pays et il pourrait s’agir de n’importe quel chef d’État, quel que soit son titre : Président, Roi ou Reine, Empereur ou Impératrice, Rais, Ras, Secrétaire Général, Prince ou Grand-Duc, Duce, Conducator, Caudillo et autres Chefs.

 

 

Si je t’entends bien, Marco Valdo M.I. mon ami, il s’agit là d’une chanson inspirée de la chanson Le Déserteur, mais transposée ailleurs et dans la Guerre de Cent Mille Ans où les riches et les puissants imposent par la force le travail aux pauvres, afin d’en tirer les plus amples profits et bénéfices. 

 

C’est bien ça, Lucien l’âne mon ami. C’est une chanson qui mêle une série de thèmes chers à Boris Vian et Henri Salvador et à des tas d’autres également, mais si je cite ces deux noms, c’est que la chanson est nettement inspirée du Déserteur de Boris Vian et d’Henri Salvador qui interpréta si bien des chansons contre le travail, notamment « Je peux pas travailler », de Boris Vian également et « Le Travail, c’est la Santé ! » . Je raconte ça, car la version française que je présente a rétabli plus nettement cette filiation, notamment par son interpellation récurrente « Monsieur le Président », là où la chanson italienne dit simplement « Presidente » et l’assortit d’une autre titre : roi, empereur, d’où ma précédente énumération.

 

Si je comprends bien, dit Lucien l’âne, le gars dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas et fait écho à cette allergie au travail qui touche nombre d’entre les humains, surtout quand il s’agit d’un travail mercenaire, d’une activité répétitive sans grand intérêt et même, sans intérêt du tout, comme c’est le cas pour la plupart des « jobs » la plupart du temps, le tout généralement enrobé dans la maxime aussi libérale, imbécile qu’inquiétante qui dit que « Le Travail rend libre » – en langue originale : « Arbeit macht frei ». Mais voyons donc cette chanson et puis, reprenons notre tâche libre et volontaire et tissons le linceul de ce vieux monde zélé, travailleur, actif, créatif et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Monsieur le Président,
Je vous fais cette lettre
Une chansonnette, peut-être
Pour vous dire simplement
Que j’ai décidé
Que le moment est venu de parler.
Monsieur le Président,
Je ne veux plus pourrir,

Je ne veux pas mourir

Pour un patron, pour l’État
Ou en tombant d’un toit.

 

Je ne veux plus obtempérer,
Je ne veux plus travailler,
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
Dans les bras de femmes aimées

 

Monsieur le Président,
Messieurs de l’opposition,
Je vous chante ma chanson
Pour vous dire à présent :
Il faut que vous sachiez
Que j’ai perdu ma mère.
Dans la guerre du travail, mon père
Un jour s’en est allé.
Larmes et départs affligés
J’en ai déjà tellement vécus
Que vraiment, je n’en veux plus.

Je ne veux plus obtempérer
Je ne veux plus travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
À baiser les lèvres de femmes aimées

 

Monsieur le Président
Cette chanson-missive
Est une bombe en même temps
Car il faut que je vous dise
Le vôtre et le mien

Est un pays plein
De mondaines, d’incompétents,
De funambules arrivistes
Indifférents, un peu fascistes
Moi, je veux un pays entier
Où on ne doit pas travailler
Pour juste consommer et crever.

 

Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
Dans les bras de femmes aimées
Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
À baiser les lèvres de femmes aimées

 

Monsieur le Président, cher ami,
J’en termine ici,
Salut et fraternité !
Et mes respects à votre moitié,

Celle qui est la plus chère

Et majeure, j’espère.

S’il faut verser le sang,
Je vous le dis respectueusement,
Versez d’abord le vôtre,

Monsieur le Président
Et prévenez vos gendarmes 
Que je ne porte pas d’armes.

 

Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer
Et passer mes journées
À baiser les lèvres de femmes aimées
Je ne veux pas travailler
Je veux seulement aller à la mer
Je veux seulement aller à la mer

Et si on veut me tuer,

Avec une femme aimée,

On pourra me trouver.

 

 
 
MONSIEUR LE PRÉSIDENT (MOI, JE NE VEUX PAS TRAVAILLER)
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Published by Marco Valdo M.I.
19 novembre 2017 7 19 /11 /novembre /2017 20:57

Le matin, je m’éveille en chantant

 

 

Chanson française – Le matin, je m’éveille en chantant – Guy Béart – 1960

 

 

 

 

 

Comme tu le vois, Lucien l’âne mon ami, c’est une chanson de Guy Béart, qui en a écrit et chanté tellement durant ses 60 ans de chanteur, encore assez loin de Charles Trenet qui en fit 70 ou Charles Aznavour qui pourrait durer plus encore.

 

Avec Béart,tant c’était l’éternel retour un moment, j’ai cru qu’il resterait sur scène à jamais. Certains ont eu très peur.

 

D’accord, Lucien l’âne mon ami, cependant, les gens l’aimaient bien, même s’il n’arrivait pas à dételer. Finalement, une défaillance cardiaque l’a emporté. Donc, Guy Béart a eu le temps de faire de bonnes et de moins bonnes chansons. Cette fois, j’ai retrouvé celle-ci qui, à première vue, à voir son titre et son succès de ritournelle, n’aurait jamais de raison de figurer dans les Chansons contre la Guerre et pourtant, je vois deux raisons de l’y présenter : la première, c’est son goût pour l’activité moyenne, autrement dit, une faible ardeur au travail ; la seconde, on la trouve tout à la fin ; c’est même la chute finale où la chanson dit son dédain de la bombe. Vu l’année de sa composition, c’est bien à la bombe atomique qu’il est fait allusion. Quand on sait que Guy Béart était ingénieur, il devait avoir une idée des effets destructeurs d’un tel engin.

 

Bon, Marco Valdo M.I. mon ami, admettons. De toute façon, elle n’est pas encore tombée celle-là dont parle Guy Béart ; on a une veine de pendard. Qui sait d’ailleurs si elle tombera jamais.

 

En fait, Lucien l’âne mon ami, on n’en sait rien. Les paris sont ouverts. Certains ont très peur et moi, je ne parierais pas qu’elle ne le fera pas ; il y a tant de va-t-en-guerre en ce vieux monde libidineux.

 

Dès lors, Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons vite notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde pervers, guerrier, militaire, atomique, nucléaire, hydrogéné et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Le matin, je m’éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant.

Le matin, je m’éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant.
Entre temps, je fais la sieste ;
Voilà tout ce qui me reste,
Ou je me fais du café,
On ne se soigne jamais assez.

La, la, la…

Le matin, je me lave en chantant
Et le soir, je me baigne en dansant.

Le matin, je me lave en chantant
Et le soir, je me baigne en dansant.
Entre temps, je me promène ;
Une activité moyenne
Me conduit à me reposer,
On ne se soigne jamais assez.

La, la, la…

Le matin, on s’embrasse en chantant
Et le soir, on s’enlace en dansant.

Le matin, on s’embrasse en chantant
Et le soir, on s’enlace en dansant.
Entre temps, on se caresse ;
Il n’y a vraiment rien qui nous presse,
On va même se recoucher,
On ne se soigne jamais assez.

La, la, la…

Le matin, je m’éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant.

 

Le matin, je m’éveille en chantant
Et le soir, je me couche en dansant.
Jamais je ne m’intéresse
À la bombe vengeresse
Qui un jour fera tout sauter,
On ne nous soigne jamais assez.

Le matin, je m'éveille en chantant
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Published by Marco Valdo M.I.
15 novembre 2017 3 15 /11 /novembre /2017 23:31

Le Big Bang : En avant !

 

Chanson athée de langue française – Le Big Bang : En avant ! – Marco Valdo M.I. – (15/11) 2017

 

 

 

 

 

Le 14 novembre 2017, en soirée, à l’UMONS – Université de Mons en Hainaut, sur la bordure d’une réserve indienne de Wallonie, deux physiciens athées parlaient du monde, des mondes, du big bang, des multivers et de la conscience. La chanson est un reflet kaléidoscopique de cette double conférence. Les physiciens Pierre Gillis et Claude Semay présentaient un livre

«Le briquet du Tout-puissant a-t-il allumé le Big Bang  ? »

 (http://www.atheeshumanistes.be/blog/le-briquet-du-tout-puissant-a-t-il-allume-le-big-bang-enfin-le-livre/)

où des gens de grande science s’efforçaient de répondre à cette étrange question.

Tout le reste (ou presque) est dit dans la chanson.

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

 

 

Que le croyant croie,

C’est son droit.

Peu me chaut,

Je n’élèverai pas de bûcher.

J’ai tout ce qu’il me faut,

Je suis athée

De naissance

Et pour toute mon existence.

Le Dieu Athée

M’a parlé.

Lorsque je suis né,

Il m’a dit :

Écoute ceci, petit :

Tu es né homme

Et comme tous les hommes,

Tu es né athée.

Certains ont d’autres idées

Cela n’est rien

Puisqu’aussi bien,

Morts, ils redeviennent athées.

 

Mais, Athée, dis-moi :

La conscience, c’est quoi ?

Quelle est l’origine ?

Où est l’origine ?

L’Univers ! Ah ! L’univers ?

Théo, t’aurais pas une théorie ?

Il y en a plein des théories

À l’endroit, à l’envers,

Des molles et des dures :

L’expansion de l’univers,

Le périhélie de Mercure,

Les mirages gravitationnels,

Des accélérations de particules,

Des ondes gravitationnelles

Et les quantiques des quantiques,

Les ondes et particules duelles,

Des énergies fantomatiques,

L’effet tunnel éclaireur,

Les supraconducteurs,

Les microscopes électroniques,

Les transistors des ordinateurs

Et les lasers magnifiques.

 

Matière, matière, matière !

Tout n’est que matière!

Matière ordinaire,

Matière sombre,

Matière noire,

Électrons libres

Et lumière.

Quel âge a l’univers ?

 

Expansion, expansion, expansion !

L’univers est en expansion ;

Tout peut basculer :

Fond diffus et cosmologie,

Éléments légers,

Courbes et galaxies,

Superamas, surpernovas

Nasa, Cern, Esa.

 

Inflation, inflation, inflation !

Oh, le bel horizon !

Univers homogène et plat

À l’envers, à l’endroit !

À chacun son univers,

Par les bulles

De Hubble !

L’univers est l’univers

Le chaos éternel fuit

Et s’épand dans son infini

Sans origine

Tel qu'en lui-même enfin l’éternité le change,

Le multivers se décline

En cette voix étrange !

Et nous, nous, nous !

Vivant d’insignifiance,

Un peu n’importe où,

Cernés d’indifférence,

Êtres sensibles

Perdus au milieu de nulle part,

Dans des univers extensibles

De part en part.

Nous, animaux

Jamais à court de mots,

À la raison irrationnelle,

Enfants faits sur le tard

D’une matière rare

Et pourtant essentielle

Avec en prime la conscience,

On exprime, on donne du sens.

Rares et fragiles

Bâtisseurs de villes,

Faiseurs de sciences,

En avant, y a pas d’avance !

 

Le Big Bang : En avant !
Le Big Bang : En avant !
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13 novembre 2017 1 13 /11 /novembre /2017 20:28

ATTENTION À L’EXTINCTION !


Version française – ATTENTION À L’EXTINCTION ! – Marco Valdo M.I. – 2017

Chanson italienne – Attenzione all’estinzione – Il Parto delle Nuvole Pesanti – 2004

Texte de Salvatore De Siena et Peppe Voltarelli

Musique de Salvatore De Siena, Amerigo Sirianni et Peppe Voltarelli

 

 

 

 

« Attention à l’Extinction ! », voilà un titre qui parle. Cette fois, Marco Valdo M.I. mon ami, je n’aurai pas trop à me poser de questions à propos du titre de la canzone, ni de peine à imaginer ce que peut raconter la chanson. Disons qu’à mon avis, avec un titre pareil, et sans l’avoir entendue, ni lue, elle devrait parler de la pollution et des dangers qu’elle fait courir à la vie sur Terre.

 

Eh bien, c’est parfait, Lucien l’âne mon ami, tu as résumé l’affaire. Dès lors, il n’y a pas lieu d’épiloguer longuement. Cependant, deux ou trois choses doivent être remarquées. La première est que la chanson commence déjà à dater – elle est de 2004.

 

Mais enfin, Marco Valdo M.I. mon ami, 2004, c’était hier.

 

Peut-être, Lucien l’âne mon ami, mais hier est un concept élastique et en nos temps accélérés, 2004 c’est vraiment lointain. La deuxième remarque est que la chanson suggère de sauver la Terre, ce qui est à la fois, une erreur sur l’objectif à poursuivre et aussi une chose impossible à faire pour les humains. Par contre, les faits qu’elle décrit sont exacts et toujours d’actualité.

 

Oui, certes, en fait, tu dis tout ça, Marco Valdo M.I. mon ami, mais j’aimerais que tu m’expliques un peu ta position, le sens de tes remarques.

 

Volontiers, Lucien l’âne mon ami. D’abord, il est vraiment important de comprendre que 2004 est loin de nous et pourquoi. Ainsi, cet éloignement temporel est un fait capital en ces temps où l’accélération de l’anthropocène est exponentielle. Autrement dit – j’ai vu ton regard égaré – en ces temps où les effets des actes des humains pèsent de plus en plus lourd sur la nature terrestre, agissent de plus en plus fortement et de plus en plus vite. Il y a là un processus cumulatif sans commune mesure avec tout ce qui l’a précédé, disons jusqu’au début du 20ième siècle et à partir des années 1980, on est entraîné dans un développement fou et on doit se demander si on pourra jamais l’arrêter. Ses conséquences sont celles abordées dans la chanson, mais en beaucoup plus fort et on ajoutera – par exemple et pour faire bonne mesure – l’explosion démographique humaine, l’extinction ultra-rapide des autres espèces. Bref, la chanson a raison : on est à la veille d’un gigantesque effondrement ; d’ailleurs, il a déjà commencé. Mais il ne concerne pas la planète, elle ne disparaîtra que plus tard et de toute façon, l’homme n’y pourra rien ; le destin des hommes et celui de la vie biologique lui sont complètement indifférents. Elle est dans une autre dimension ; disons, celle des corps célestes. Dès lors, la Terre, son Soleil et les étoiles et la galaxie, et l’univers et, et, etc. s’en foutent de nos petites histoires.

 

Oh, dit Lucien l’âne, je m’y attendais assez et puis, moi aussi, je m’en tape. De toute façon, à moyen terme, nous sommes tous morts. L’important, c’est de vivre et de laisser vivre. C’est aussi – mais là, on est dans l’optatif, on se donne une vision éthique – d’offrir aux autres humains et aux autres espèces vivantes – à tous présents et à venir, le cadeau hasardeux de la vie, tout comme nous en avons bénéficié, vivants enfants du vivant.

 

Pour cela, vois-tu, Lucien l’âne mon ami, il faudrait faire quelque chose de tout à fait considérable et nul ne sait si on en aura le temps, la capacité, ni les moyens : il faudrait s’échapper de la planète. L’astrophysicien Stephen Hawking pense qu’il nous reste environ 600 ans avant que la planète soit véritablement invivable. Moi, je ne discuterai pas de la durée, mais le fait est certain que si on veut sauver la vie, le processus vital des vivants – humains en tous cas, il faut s’exiler et très loin. Comment ? Je n’en sais rien, mais c’est la seule issue possible. Préparons donc nos valises.

 

Pour ce qui est de préparer les valises, les humains ont un certaine expérience, dit Lucien l’âne en riant, mais le fait est qu’il manque le train spécial ou le vaisseau spatial. Pour que cela puisse être, pour que cela soit, Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde délirant, criminel, inconscient et cacochyme.

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. 

 

 

 

Attention ! Attention ! La planète est en extinction !
Attention ! Attention ! La planète est en extinction !

 

Que se passe-t-il sur le monde des humains ?
Bruits assourdissants, cris de désespoir
Les lumières aveuglantes et l’envie de voir 
Si on allume les vitrines, ce sont les étoiles qu’on éteint.
Charbon, pétrole, énergie nucléaire 
Des sources alternatives, à peine en parle-t-on.
Autos en triple file, usines, béton, 
La pollution, la pollution : « À l’aide, on manque d’air ! »

 

Attention ! Attention ! Attention !

La planète est en extinction !
Du ciel arrivent de nouveaux signaux d’alarme 
Qui disent : « Il faut sauver la Terre ! », 
Mais l’homme ne veut rien entendre.

 

Les fraises et les poires ont un goût de médicament, 
Les fruits ne sont pas des fruits, mais alors quoi vraiment ? 
Qui sème des pommes de terre récolte des tomates, 
Mais qui plante de la marie-jeanne retrouve des patates ;
Celui qui attend des chatons voit naître des rats ;
Les vaches deviennent folles et personne ne sait pourquoi.

 

Attention ! Attention ! Attention !

La planète est en extinction !
Du ciel arrivent de nouveaux signaux d’alarme 
Qui disent : « Il faut sauver la Terre ! », 
Mais l’homme ne veut rien entendre.

 

Le climat et les saisons vont à l’envers
Le temps maintenant est confus et il ne sait que faire : 
L’été en manteau, la plage en hiver.
Les éboulements et les ouragans sont choses ordinaires. 
On prend sa douche avec de l’eau minérale 
Et pendant ce temps, on creuse le trou de l’ozone.

 

Attention ! Attention ! Attention !

La planète est en extinction !
Du ciel arrivent de nouveaux signaux d’alarme 
Qui disent : « Il faut sauver la Terre ! », 
Mais l’homme ne veut 
rien entendre.

ATTENTION À L'EXTINCTION !
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Published by Marco Valdo M.I.

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