LE MOUCHOIR ROUGE
Version française – LE MOUCHOIR ROUGE – Marco Valdo M.I. – 2013
Chanson italienne – Il fazzoletto rosso – Fausto Amodei – 1983
Texte et musique de Fausto Amodei
Il y avait autrefois un soldat
Un petit soldat de notre pays
Envoyé à la guerre en Albanie
Il avait tellement peur, ce soldat.
Sa fiancée le jour
Où il partit pour son long voyage
Lui noua au cou, en gage d'amour,
Un grand mouchoir rouge.
Pour se donner un peu d'espoir
Il eut soin ce bon petit soldat
De tenir toujours noué ce mouchoir
Sur son uniforme de soldat
Ce mouchoir était bien plus précieux
Que son fusil ou ses godillots boueux
Son pantalon ou son uniforme
crasseux
Il valait tout un empire et même mieux!
Mais ce rouge très violent
qui n'était en rien réglementaire
Lui causa quelques misères
Du chef du règlement.
Quand avec sa
pétoire
Il devait viser et tirer sur un homme
Il regardait son mouchoir
Et ne touchait jamais personne.
Le mouchoir servit à rapporter du bois
Les framboises et les groseilles
Qui ne le tachèrent pas
Étant d'une couleur pareille.
Et si quelque fois il banda un blessé
Son mouchoir resta immaculé
Car le sang, c'est naturel,
Le mouchoir décoloré
Par le soleil et la sueur des fatigues
Se colora de myrtilles, de mûres,
Et du sang de l'amitié
Mais il vint un jour
différent
un jour bien différent des jours passés
Où ce soldat avec d'autres soldats
Comprit ce qu'il avait perdu.
J'avais perdu pour rien des ans et des ans
de travail, des ans réjouis
pour faire la guerre aux pauvres gens
pour faire la guerre aux amis.
À des paysans, à des bergers
À des maçons, à des ouvriers,
Sans avoir vraiment
Tout seul avec sur le dos sa vieille capote
Son havresac, sa vieille gamelle
Et son mouchoir rouge.
Et un matin ensoleillé
Descendant des montagnes à se rompre le cou,
Vinrent à sa rencontre des hommes armés
Avec un mouchoir autour du cou.
Et leur mouchoir était rouge
Comme celui du brave soldat : rouge
Il y avait dessus une faux et un marteau
Brodés comme sur un drapeau !
À des paysans, à des
bergers
À des maçons, à des ouvriers,
De ce simple mouchoir
Avaient fait un étendard !
C'était une
bannière de chiffons
Qui convient aux damnés de la terre
Qui se sont décidés à la protestation,
Avec leur tête entière.
Qui ont décidé que pour le moins
Sur tous les parallèles, sur tous les méridiens
Par tout le monde, les pauvres gens
Sont des paysans
Des paysans…
Des paysans…