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8 mai 2013 3 08 /05 /mai /2013 21:55

LE MALADE IMAGINAIRE

 

 

 

Version française – LE MALADE IMAGINAIRE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne - L'inno del malato immaginario – Psicantria – 2010

Texte et musique de Gaspare Palmieri (Gappa) et Cristian Grassilli

 

 

 

 

Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, cette chanson s'intitule en italien : « L'inno del malato immaginario », ce qui devrait se traduire par « L'Hymne du malade imaginaire »... et de fait, c'est la chanson d'un hypocondriaque... Cependant, comme tu le vois, je l'ai traduit, ce titre, par « Le Malade Imaginaire » et comme tu le penses bien, je le vois à ton sourire et à ton œil rieur, c'est une référence directe à Molière.

 

Comment aurais-tu pu faire autrement ? Impossible de passer à côté. D'ailleurs, cette scène où Toinette, la servante, déguisée en médecin, consulte ce pauvre Argan qui se croit malade... Je t'en rappelle le texte tel que Molière l'avait écrit :

 

« ARGAN.- Il dit que c’est du foie, et d’autres disent que c’est de la rate.

TOINETTE.- Ce sont tous des ignorants, c’est du poumon que vous êtes malade.

ARGAN.- Du poumon ?

TOINETTE.- Oui. Que sentez-vous ?

ARGAN.- Je sens de temps en temps des douleurs de tête.

TOINETTE.- Justement, le poumon.

ARGAN.- Il me semble parfois que j’ai un voile devant les yeux.

TOINETTE.- Le poumon.

ARGAN.- J’ai quelquefois des maux de cœur.

TOINETTE.- Le poumon.

ARGAN.- Je sens parfois des lassitudes par tous les membres.

TOINETTE.- Le poumon.

ARGAN.- Et quelquefois il me prend des douleurs dans le ventre, comme si c’était des coliques.

TOINETTE.- Le poumon. Vous avez appétit à ce que vous mangez ?

ARGAN.- Oui, Monsieur.

TOINETTE.- Le poumon. Vous aimez à boire un peu de vin ?

ARGAN.- Oui, Monsieur.

TOINETTE.- Le poumon. Il vous prend un petit sommeil après le repas, et vous êtes bien aise de dormir ?

ARGAN.- Oui, Monsieur.

TOINETTE.- Le poumon, le poumon, vous dis-je. »

 

 

De fait, pour quelqu'un de culture française, comment échapper à Molière, lorsqu'il lit qu'on parle de Malade imaginaire. D'autant qu'il y a sous tout cela, la véritable fin tragique du comédien Molière... Ah, le théâtre ! Ah ! Finir en scène dans un rôle de malade et en être l'auteur... Et moquer les malades qui ne sont malades que pour se faire plaindre et sont d'autant plus redoutables qu'ils ont un rang élevé... Suivez mon regard ou plutôt, celui de Molière regardant le Roi Soleil. Il y a d'autres choses dans cette pièce dont je ne veux pas parler. Enfin, voilà pour le titre... Ce n'est pas tout cependant...

 

 

Ah bon ! Mais quoi encore ?, dit Lucien l'âne en pointant des oreilles et une queue interrogatives.

 

 

Il y a que cette chanson, cette canzone italienne me rappelle furieusement une chanson française bien plus ancienne... Une chanson qui date de 1932 et s'intitule « Je ne suis pas bien portant... » Musique de Vincent Scotto, ce qui n'est pas rien et surtout, un texte de Geo Koger... Un parolier, dont le nom s'est peut-être perdu, mais dont les chansons sont encore dans bien des mémoires : J’ai deux amours, Marinella, Tchi-tchi, Prosper, La Java bleue (superbe chanson...) et bien entendu, Pigalle. Tu sais celle où l'on dit : « Un petit jet d'eau, une station de métro entourée de bistrots ». D'ailleurs, pour te convaincre de la proximité de la chanson de Géo Koger avec ce Malade Imaginaire italien, je te soumets le texte de cette dernière :

 

« Depuis que je suis sur la terre ,

Ce n'est pas rigolo. Entre nous,

Je suis d'une santé précaire,

Et je me fais un mauvais sang fou,

J'ai beau vouloir me remonter

Je souffre de tous les côtés.

 

J'ai la rate

Qui se dilate,

J'ai le foie

Qu'est pas droit,

J'ai le ventre

Qui se rentre

J'ai le pylore

Qui se colore

J'ai le gésier

Anémié,

L'estomac

Bien trop bas

Et les côtes

Bien trop hautes

J'ai les hanches

Qui se démanchent

L'épigastre

Qui s'encastre

L'abdomen

Qui se démène

Le thorax

Qui se désaxe

La poitrine

Qui se débine

Les épaules

Qui se frôlent

J'ai les reins

Bien trop fins

Les boyaux

Bien trop gros

J'ai le sternum

Qui se dégomme

Et le sacrum

C'est tout comme

J'ai le nombril

Tout en vrille

Et le coccyx

Qui se dévisse

 

Ah! Bon Dieu! que c'est embêtant

D'être toujours patraque,

Ah Bon Dieu! que c'est embêtant

Je ne suis pas bien portant.

 

Pour tâcher de guérir au plus vite,

Un matin tout dernièrement

Je suis allé rendre visite

Voir le major du régiment.

À un médecin très épatant.

D'où souffrez-vous? qu'il m'a demandé.

C'est bien simple que j'y ai répliqué.

 

J'ai la rate

Qui se dilate,

J'ai le foie

Qu'est pas droit,

Et puis j'ai

Ajouté

Voyez-vous

Ce n'est pas tout

J'ai les genoux

Qui sont mous

J'ai le fémur

Qu'est trop dur

J'ai les cuisses

Qui se raidissent

Les guibolles

Qui flageolent

J'ai les chevilles

Qui se tortillent

Les rotules

Qui ondulent

Les tibias

Raplaplas

Les mollets

Trop épais

Les orteils

Pas pareils

J'ai le cœur

En largeur

Les poumons

Tout en long

L'occiput

Qui chahute

J'ai les coudes

Qui se dessoudent

J'ai les seins

Sous le bassin

Et le bassin

Qu'est pas sain

 

Ah! Bon Dieu! que c'est embêtant

D'être toujours patraque,

Ah Bon Dieu! que c'est embêtant

Je ne suis pas bien portant.

 

Avec une charmante demoiselle

Je devais me marier par amour.

Mais un soir comme j'étais près d'elle,

En train de lui faire la cour,

Me voyant troublé, elle me dit:

- Qu'avez vous? moi je lui répondis:

 

J'ai la rate

Qui se dilate,

J'ai le foie

Qu'est pas droit,

J'ai le ventre

Qui se rentre

J'ai le pylore

Qui se colore

J'ai le gésier

Anémié,

L'estomac

Bien trop bas

Et les côtes

Bien trop hautes

J'ai les hanches

Qui se démanchent

L'épigastre

Qui s'encastre

L'abdomen

Qui se démène

Le thorax

Qui se désaxe

La poitrine

Qui se débine

Les épaules

Qui se frôlent

J'ai les reins

Bien trop fins

Les boyaux

Bien trop gros J'ai le sternum

Qui se dégomme

Et le sacrum

C'est tout comme

J'ai le nombril

Tout en vrille

Et le coccyx

Qui se dévisse

Et puis j'ai

Ajouté

Voyez-vous

Ce n'est pas tout

J'ai les genoux

Qui sont mous

J'ai le fémur

Qu'est trop dur

J'ai les cuisses

Qui se raidissent

Les guibolles

Qui flageolent

J'ai les chevilles

Qui se tortillent

Les rotules

Qui ondulent

Les tibias

Raplaplas

Les mollets

Trop épais

Les orteils

Pas pareils

J'ai le cœur

En largeur

Les poumons

Tout en long

L'occiput

Qui chahute

J'ai les coudes

Qui se dessoudent

J'ai les seins

Sous le bassin

Et le bassin

Qu'est pas sain

En plus de ça

Je vous le cache pas

J'ai aussi

Quel souci!

La luette

Trop fluette

L’œsophage

Qui surnage

Les gencives

Qui dérivent

J'ai le palais

Qu'est pas laid

Mais les dents

C'est navrant

J'ai les petites

Qui s'irritent

Et les grosses

Qui se déchaussent

Les canines

Se ratatinent

Les molaires

Se font la paire

Dans les yeux

C'est pas mieux

J'ai le droit

Qu'est pas droit

Et le gauche

Qu'est bien moche

J'ai les cils

Qui se défilent

Les sourcils

Qui s'épilent

J'ai le menton

Qu'est trop long

Les artères

Trop pépères

J'ai le nez

Tout bouché

Le trou du cou

Qui se découd

Et du coup

Voyez-vous

Je suis gêné

Pour parler

C'est vexant

Car maintenant

Je suis forcé

De m'arrêter.

 

Ah! Bon Dieu! que c'est embêtant

D'être toujours patraque,

Ah Bon Dieu! que c'est embêtant

Je ne suis pas bien portant. »


 


 

 

Et je t'invite à aller voir la performance d'Ouvrard [http://www.youtube.com/watch?v=mluu9VIGifQ], qui ravissait tant ma grand-mère, elle-même ancienne garde-malade militaire à l'arrière-front de Verdun vers 1917-18. Agnès, Aline, Azella était la treizième enfant d'un berger... Cela dit en passant, question de préciser un peu les choses pour la postérité.

 

 

J'y vais de ce pas... voir Ouvrard. Et en attendant, tissons ensemble le linceul de ce vieux monde malade de l'imaginaire, détraqué, impotent, ridicule et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 


 

 

 

 

Je sens des fourmillements, j'ai des palpitations,
Mon oreille bourdonne, j'ai une baisse de tension
Mon cœur est à droite, mon foie tombe à terre
J'ai mal partout, dans le ventre, j'ai des pierres
J'ai une frénésie, je sens un vertige noir
Parfois je suis insomniaque ou je dors comme un loir
Nom de Dieu, j'ai perdu tout intérêt, expliquez moi tout ça
Car je suis très fatigué, n'aurais-je pas le SIDA

Ce n'est pas ma faute, si je souffre d'hypocondrie
Je voudrais épouser la doctoresse, je fais la file à la pharmacie
Crois-moi je t'en prie, j'ai toujours un nouveau symptôme
La gêne, la fatigue, n'importe quoi, en somme
Ce n'est pas ma faute, si je souffre d'hypocondrie
Je ferais même le cobaye, pour tester un médicament
Crois-moi, je t'en prie, mon mal est venu en naissant
Et ne me condamne pas, si j'apprends la notice
Relaxe… relaxe… relaxe (parlé)

 

Quand un type meurt, je le lis dans le journal
J'ai le souffle court et je cours à l'hôpital

Quand un mec agonise, m'assaille une phobie
D'avoir un mal, par exemple, la leucémie
Quand je suis en compagnie, mes douleurs vont mieux
Parfois ma gaîté éclate, c'est merveilleux
Mais de retour chez moi, ce tourment me reprend
Je perds l'appétit et je m'étends sur le divan

 

Ce n'est pas ma faute, si je souffre d'hypocondrie
Toujours connecté à internet, j'étudie une nouvelle maladie
Crois-moi je t'en prie, je sais que je suis atteint
Qu'on me troue, qu'on m'opère, je me prête à tout examen
Ce n'est pas ma faute, si je souffre d'hypocondrie
Je veux faire un test, de force avec la charge
Crois-moi, je t'en prie, je ne le fais pas volontairement
Avec l'aiguille et le suppositoire, je jouis vraiment.

 

Le mois passé par anxieté en galopant
Je courus aux urgences, on m'a renvoyé à l'instant
Au sortir de la chambre en évitant un éclopé
une ambulance m'a renversé

Tu me crois… maintenant ! ! !.

 

Ce n'est pas ma faute, si je souffre d'hypocondrie
Si je fais le tour des cliniques, si je crains le vertige
Crois-moi, je t'en prie, j'ai mal ici dans la poitrine
Ça rayonne dans le bras droit mais non, ce n'est pas du délire
Ce n'est pas ma faute, si je souffre d'hypocondrie
Ce n'est pas un alibi, j'aime me faire voir, me faire prescrire
Crois-moi, je t'en prie maman, je suis mal
Si je gagne au lotto, j'achèterai un hôpital

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Published by Marco Valdo M.I.

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