CONTE POUR ENFANTS
Version française – CONTE POUR ENFANTS – Marco Valdo M.I. – 2012
Chanson en allemand – Kindermärchen – Fritz Böda-Löhner – 1939/1942).
Musique du compositeur germano-étazunien Gershon Kingsley, de son œuvre théâtralo-musicale intitulée Voices From The Shadow réalisée en 1997 et publiée en 2005.
Une brève, explicite et prophétique fable pour enfants écrite à Buchenwald par l'auteur du célèbre Buchenwald-Lied, Fritz Böda-Löhner.
Fritz Böda-Löhner, autrichien d'origine tchèque, de religion israélite, librettiste et auteur d'opérettes et de chansonnettes pour le cabaret viennois, fut arrêté par la Gestapo en 1938 et transféré d'abord à Dachau et puis, à Buchenwald où, lui qui aimait la chanson légère, écrivit son fameux Buchenwald-Lied sur une musique d'Hermann Leopoldi.
En août 1942, sa femme Hélène et ses filles Liselotte et Evamaria, de 13 e 14 ans, furent prises et tuées dans une de ces chambres à gaz mobile montées sur camion que les nazis utilisèrent avant la pleine utilisation de celles bien plus efficaces des camps d'extermination.
En octobre de cette même année, Fritz Böda-Löhner fut transféré à Buna-Monowitz (Auschwitz III) pour travailler à la construction de l'usine chimique de l' IG Farben, la même destination quelques temps après échut à Primo Levi. Mais Fritz Böda-Löhner, contrairement à Levi, ne fut pas un « sauvé », mais un « noyé ». À la Buna, il eut seulement le temps d'écrire cet autre chant de prison … Presque sexagénaire, profondément marqué par quatre ans de détention très dure et par la destruction de sa famille, le 4 décembre 1942, durant une inspection des responsables du chantier, il fut désigné aux SS comme un individu qui travaillait peu...
Fritz Böda-Löhner ne rentra pas à l'usine et les gardes le tuèrent sur place à coups de poings et de pieds.
Il était une fois un dragon
Qui avait une grande gueule
Et des dents comme un tigre
Et des sabots de cheval.
Il avait toujours faim
Et il mangea toute la ville.
Il mangea les pays et les peuples
Et malgré ça, il n'était pas rassasié.
Il mangea de l'aube au coucher
Il bouffa , bouffa
De sorte qu'à sa dernière bouchée
Il éclata